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François Braun, un urgentiste en mission au ministère de la Santé

Patron des urgences de Metz, ex-« référent santé » d’Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle, le Dr François Braun est bombardé au ministère de la Santé, où il devra appliquer les propositions de la « mission flash » qu’il vient de remettre au gouvernement.

On l’avait laissé vendredi, en visite au Samu de Pontoise (Val-d’Oise), effacé derrière Elisabeth Borne et une Brigitte Bourguignon sur le départ depuis sa défaite aux législatives il y a deux semaines.

Costume-cravate au lieu de la blouse blanche, le Dr Braun écoutait doctement la Première ministre affirmer que l’exécutif avait retenu « toutes les propositions » du rapport qu’il lui avait présenté la veille.

Rien ne laissait présager sa promotion avenue Duquesne. « Ma mission est terminée, on verra qui fait la suite », affirmait-il le soir même sur RTL. Le voici donc chargé de mettre en oeuvre son propre rapport, et ses 41 mesures pour surmonter un été « à haut risque » aux urgences.

Une consécration inattendue pour ce médecin de 59 ans, né à Belfort, formé à Nancy et aguerri à Verdun, où il exerça près de deux décennies avant de prendre du galon au centre hospitalier régional (CHR) de Metz, comme chef des urgences et du Samu depuis 2009.

Mais « il n’était pas très présent sur le terrain », affirme Patricia Schneider, responsable locale du syndicat SUD-Santé, qui se souvient de l’avoir « surtout vu en période Covid, quand il a fallu organiser les transferts de malades et qu’il y avait les caméras ».

Son absence s’explique aussi par son engagement au sein de l’association Samu-Urgences de France (SUdF), dont il fut le secrétaire général dès 2001, puis le président depuis 2014.

Une fonction nationale, donc plus exposée, qui lui a permis de gagner en influence, jusqu’à intégrer l’équipe du candidat Macron en tant que « référent santé », davantage dans un rôle de porte-parole chargé de défendre le programme que d’éminence grise tenant la plume.

– L’épreuve du feu –

Le praticien sait cependant se faire tacticien pour pousser ses pions. A preuve: en diffusant une liste de 120 services d’urgence en graves « difficultés » fin mai, le jour de la nomination du premier gouvernement Borne, le Dr Braun a remis la focale sur une crise de l’hôpital passée au second plan pendant la présidentielle.

Aussitôt missionné par le chef de l’Etat lui-même, il a saisi l’occasion pour mettre sur la table l’idée d’un filtrage généralisé par le Samu, convaincu que l’appel systématique au 15 peut réduire l’afflux de patients, car « les urgences, ça ne peut plus être +open bar+ ».

Un point de désaccord profond avec son confrère Patrick Pelloux, emblématique président de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf), qui vante néanmoins les qualités d’un « homme honnête et courageux », doté d’une « capacité de travail très importante » et d’une « intelligence pour comprendre le jeu politique très rapidement ».

« Je le connais depuis des années (…) Il était arrivé quelques minutes après moi à Charlie Hebdo après l’attentat, ça a solidifié une amitié et une loyauté que je lui dois », ajoute-t-il, tout en prévenant son collègue qu’il « devra être le ministre de tout le monde, pas seulement des réseaux qu’il a su monter ».

Et de se demander: « Comment vont réagir les pompiers », que le Dr Braun « a toujours combattu ». En coulisse ou au grand jour, comme avec ce coup d’éclat en octobre dernier: une vingtaine d’ambulances du Samu bloquant le pont face à l’Assemblée nationale, pour s’opposer au projet de « numéro unique » des services de secours, sujet de discorde récurrente entre chefs des « blancs » et des « rouges ».

L’ascendance du nouveau ministre l’a toutefois préparé à l’épreuve du feu: son grand-père et son arrière-grand-père étaient médecins militaires, son père médecin-chef des pompiers dans le Territoire de Belfort.

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