« Ma maman, elle éteint des feux »: C’est notamment pour la fierté qu’elle lit dans le regard de sa fille de trois ans qu’Aurélie Ponzevera, pompier volontaire à Ajaccio depuis dix ans, consacre bon nombre de ses week-ends au service d’autrui.
Comme 197.000 personnes en France, cette éducatrice spécialisée de 39 ans, cadre à la Collectivité de Corse dans le domaine de l’aide sociale à l’enfance a fait le choix de s’engager volontairement chez les pompiers.
Face aux incendies qui se multiplient dans une France frappée par une sécheresse historique, le gouvernement a appelé cette semaine les employeurs à libérer au maximum ces soldats du feu volontaires qui représentent près de 80% des sapeurs-pompiers en France. La Corse compte ainsi un millier de pompiers volontaires et 200 pompiers professionnels.
« A la base, c’est vraiment une vocation », confie à l’AFP celle qui « aime beaucoup les missions, le village, la montagne ».
En couple avec un pompier professionnel, elle reconnait que la planification de ses semaines n’est pas une mince affaire: « C’est vraiment organisation, anticipation! On a un planning sur papier avec mon compagnon » et « quand un est de garde (chez les pompiers), l’autre non, mais l’été, il arrive qu’on se croise ».
En moyenne, elle assure « une garde de 24 heures par semaine » en une ou deux fois pour répondre aux demandes de secours d’urgence. « L’été, un petit peu plus pour la surveillance des feux de forêt, on fait l’effort », précise-t-elle.
« Du lundi au vendredi, je suis fonctionnaire avec aussi des astreintes en protection de l’enfance et pratiquement toutes mes fins de semaine, je suis en caserne », décrit-elle, précisant parvenir « quand même à préserver des temps en famille » et pouvoir compter « parfois sur les grands-mères qui prennent le relais » pour sa fille.
D’autant qu’au-delà des heures en caserne, les pompiers volontaires doivent être opérationnels au même titre qu’un pompier professionnel.
« On a beaucoup de formations et une évaluation physique chaque année », ajoute-t-elle, soulignant que la Collectivité de Corse, comme d’autres institutions ou entreprises, prévoit par convention de les mettre à disposition du service d’incendie et de secours (Sdis) jusqu’à 30 jours par an.
– « Adrénaline constante » –
Pour elle, il n’y a pas de crise de l’engagement au sein des pompiers volontaires, en Corse ou ailleurs: « Beaucoup de jeunes viennent tenter l’expérience mais c’est compliqué de pérenniser ».
Elle précise que pompiers professionnels et volontaires font exactement la même chose: « On a les mêmes formations, l’avancement des grades c’est quasiment la même chose, les équipages sont mixtes à tous points de vue, hommes-femmes, professionnels et volontaires ».
Si elle souffre « parfois du manque de disponibilités, de la fatigue, du manque de sommeil » et si « certaines interventions sont très compliquées au niveau émotionnel », « il faut passer dessus, continuer ». « Ca fait partie du package avec cette adrénaline constante, c’est ça qui est passionnant », insiste-t-elle.
Et puis « ma fille, je sais qu’elle est toute fière. Elle dit +ma maman, elle éteint des feux+ », glisse-t-elle en souriant.
Le côté « humain » de sa mission l’enthousiasme: « On rentre vraiment dans le cœur de la vie des gens », « on va apporter un secours, parfois juste du réconfort, une parole, savoir qu’on sécurise les gens, c’est ce qui me motive aussi ».
Depuis dix ans, elle estime que « le métier a changé au fil des évolutions de la société ».
« Quand on traverse une crise sanitaire sans précédent (comme avec le Covid-19), en étant acteur de premier secours, c’est sûr qu’il y a de la pression. On a été confronté à un virus, au début, on ne savait pas du tout ce que c’était et il fallait quand même y aller », se rappelle-t-elle.
« Il y a aussi le changement climatique, la pression incendiaire qui devient très forte l’été, la sécheresse ».
Si elle a envisagé à plusieurs reprises de devenir pompier professionnel, elle ne peut se résoudre à cesser son « métier de base » dans la protection de l’enfance qui la « passionne aussi ». « J’arrive à faire les deux. Pour l’instant je suis bien comme ça ».
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