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Un réseau de proxénétisme transatlantique démantelé grâce à une coopération policière et judiciaire inédite

La police judiciaire française a démantelé cette semaine un réseau de proxénétisme, dirigé de Colombie, avec l’Espagne en base arrière, qui exploitait une cinquantaine de femmes dans l’Hexagone, et aurait pu empocher jusqu’à 30 millions d’euros par an.

« Cette affaire est historique, il s’agit d’un cas d’école, tant du point de vue du fonctionnement et de la dimension du réseau que de la qualité de la coopération internationale », résume pour l’AFP la commissaire Elvire Arrighi, cheffe de l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (Ocrteh), qui a piloté le dossier.

« Ce démantèlement illustre parfaitement l’efficacité de la coopération judiciaire internationale sous l’impulsion de la Junalco », la Juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée, a réagi auprès de l’AFP Vincent Plumas porte-parole du parquet de Paris.

Douze personnes, sept hommes et cinq femmes, ont été arrêtées simultanément en Colombie, en Espagne et en France en début de semaine.

Le réseau, dont l’organisation était pyramidale, était aux mains d’un couple installé en Colombie – une Vénézuélienne et un Colombien – qui faisait miroiter aux victimes recrutées un avenir meilleur en Europe et récoltait les gains. Le couple a été incarcéré en Colombie.

L’information judiciaire, confiée depuis septembre 2021 à la Junalco, a été ouverte après des faits constatés initialement dans les régions de Bordeaux, Nancy et Melun, selon une source judiciaire.

En septembre 2020, deux jeunes Colombiennes viennent raconter à la PJ de Bordeaux qu’elles sont exploitées sexuellement. « L’Ocrteh est alors saisi, en partenariat avec la Colombie et l’Espagne », et bénéficie des fonds d’Europol, l’agence européenne de police, explique Mme Arrighi.

Après deux ans d’enquête, une cinquantaine de victimes sont identifiées, âgées de 20 à 40 ans, « principalement des Colombiennes et des Vénézuéliennes, mais aussi du Pérou et du Paraguay », selon la commissaire.

Exploitées de manière « absolument industrielle », elles étaient « complètement isolées » car elles ne « parlaient pas français et étaient déplacées en permanence, ne restant jamais plus d’une semaine dans la même ville », ajoute Mme Arrighi.

Au moment des interpellations, les « appartements prostitutionnels » se situaient à Saint-Louis (Haut-Rhin), La Rochelle, La Roche-sur-Yon, Mérignac (Gironde), Roubaix (Nord), Plaisir (Yvelines), Bussy-Saint-Georges (Seine-et-Marne), Annemasse (Haute-Savoie) et Dunkerque (Nord).

– « Call centers » –

« Les nombreuses annonces, publiées sur Internet où les services sexuels des femmes étaient offerts, provenaient d’Espagne », selon un communiqué de la police espagnole. Pensant discuter directement avec les prostituées, les clients joignaient en fait l’un des trois « call centers » installés en Espagne – à Malaga et Madrid – et en France, les standardistes fixant les rendez-vous.

Des « petites mains » s’occupaient de la logistique « au plus près des victimes » pour qu’elles « se dédient entièrement aux passes ».

Leurs gains, partagés à part égale avec les chefs du réseau, servaient d’abord à rembourser les frais avancés pour le voyage vers l’Europe puis soutenir leur famille au pays. « Elles étaient sous emprise car elles n’auraient jamais gagné de telles sommes, jusqu’à 250 euros par jour, en restant chez elles », relève la cheffe de l’Ocrteh.

Des collecteurs étaient chargés en France de transférer l’argent liquide en Espagne où il était blanchi, avant d’être viré en Colombie où les deux têtes du réseau menaient grande vie.

Le réseau aurait empoché au moins cinq millions d’euros par an, mais c’est « une fourchette basse » selon la cheffe de l’Ocrteh, les enquêteurs pensant que les bénéfices pouvaient atteindre « 20 à 30 millions d’euros ».

Les quatre hommes et deux femmes arrêtés en Espagne font l’objet d’un mandat d’arrêt européen et seront remis à la France prochainement. Ils ont été placés sous contrôle judiciaire par un juge espagnol, a précisé la source judiciaire.

Trois des quatre personnes – deux hommes, deux femmes – arrêtées en France, dans le Haut-Rhin, doivent être présentées au juge d’instruction dans la journée en vue d’une éventuelle mise en examen, a-t-elle ajouté.

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