Le campement de migrants installé depuis plusieurs mois à proximité du centre-ville de Strasbourg et objet de plusieurs passes d’armes entre mairie et préfecture, a été évacué dans le calme par la police mardi matin, ont constaté des journalistes de l’AFP.
L’évacuation, débutée peu après 06H00, s’est achevée vers 07H00.
Plusieurs véhicules de police avaient pris position, entourant de ruban de signalisation ce campement situé sur une place en bordure de l’hypercentre. Sous les lumières de puissants spots installés par les forces de l’ordre, quelques dizaines d’agents sont allés de tente en tente pour demander aux migrants de quitter les lieux. Ils ont été évacués dans deux autocars.
L’opération s’est déroulée dans le calme. Les journalistes et plusieurs militants associatifs présents étaient tenus à distance.
Situé depuis fin mai sous les fenêtres de la mairie, ce campement sauvage a compté jusqu’à 200 personnes, venues pour beaucoup des pays de l’Est.
« 45 personnes ont été prises en charge par les services de l’État et mises à l’abri dans un gymnase aux fins d’examen de leur situation administrative et de la détermination de solution d’hébergement adaptée », a indiqué la préfecture dans la matinée.
Les tentes, plusieurs dizaines, vont être enlevées plus tard dans la matinée par la ville qui va également restituer à leurs propriétaires « les affaires personnelles » éventuellement oubliées, a précisé Hülliya Turan (PCF), adjointe chargée à l’éducation, présente lors de l’évacuation.
« On espère qu’une évaluation des situations administratives » individuelles « va être effectuée » afin que chaque personne évacuée puisse être orientée « vers des dispositifs de prise en charge », « beaucoup de personnes » sur le campement souffrant de « pathologies lourdes », a déclaré Nicolas Fuchs, coordinateur pour l’Alsace de Médecins du Monde.
Egalement présent, le député LFI du Bas-Rhin Emmanuel Fernandes a quant à lui fustigé « la politique d’accueil telle qu’elle est menée par (le ministre de l’Intérieur) Gérald Darmanin et telle que la bonne élève obéissante qu’est la préfète du Bas-Rhin (Josiane Chevalier) applique à la lettre ».
« Je déplore qu’on n’ait pas pu trouver de solutions plus tôt de mise à l’abri » pour ces migrants, parmi lesquels « des familles » avec « des enfants », a-t-il ajouté.
Parmi eux, Fabian, un Albanais de 10 ans, qui dit vivre « depuis quatre mois » sur le campement avec sa mère. « Mon père en Albanie voulait nous tuer, c’est pour ça qu’on est venu en France, pour se protéger », explique-t-il.
Arla, 10 ans, vit elle « depuis huit mois sous la tente » avec ses parents et son frère. Eux aussi sont venus d’Albanie. « On espère qu’on va nous trouver un autre logement, parce que c’est trop difficile », confie à des journalistes cette enfant scolarisée et qui « ne sait pas » où elle va dormir mardi soir.
La municipalité, qui a dit lundi être arrivée au bout de ce qu’elle pouvait faire en matière d’hébergement, avait déjà ouvert mi-septembre un gymnase pour mettre à l’abri certains migrants.
Ce campement a été au centre de plusieurs échanges acrimonieux entre la maire écologiste de Strasbourg, Jeanne Barseghian, et la préfète, Josiane Chevalier.
Lundi, l’édile EELV a annoncé sa décision d’attaquer l’Etat en justice pour sa « défaillance » à mettre à l’abri les personnes à la rue, lançant un appel national aux « élus » et « associations » qui le souhaitent à rallier son action.
« La maire de Strasbourg fait de la politique, moi je suis là pour appliquer le droit, l’Etat n’a pas à rougir de ce qu’il fait dans le Bas-Rhin. Il finance 10.000 places » dans le département « ce qui est un effort considérable », a fait valoir de son côté la préfète, mardi sur France Bleu Alsace.
[the_ad id= »275219″]
GIPHY App Key not set. Please check settings