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le président sud-africain gagne du temps mais reste fragile

Aux prises avec un scandale rententissant, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a rallié son parti et gagné du temps. Mais le risque d’une destitution n’est pas complètement écarté et restent les doutes sur sa probité après la découverte de liasses dans un canapé chez lui.

En l’espace d’une semaine, le chef d’Etat de 70 ans est passé du statut de favori pour un second mandat à premier président de l’histoire du pays à être menacé de destitution. Après plusieurs jours d’incertitude et de tensions, il a réussi à calmer le jeu.

Depuis des mois, Cyril Ramaphosa est dans la tourmente: il est accusé d’avoir tenté de dissimuler un cambriolage dans l’une de ses luxueuses propriétés où il s’adonne à l’élevage de bovins rares, une passion. Les malfaiteurs ont emporté 580.000 dollars en liquide cachés sous des coussins, plus de quatre millions selon la plainte qui fait éclater le scandale en juin.

Sur le plan politique, le chef d’Etat a reçu lundi le soutien officiel de son parti, l’ANC, au pouvoir depuis la fin de l’apartheid, à l’issue d’une réunion marathon de ses dirigeants.

L’atout est de taille, la parole de l’ANC, qui choisit les chefs d’Etat depuis 1994, agissant comme une armure.

« A l’ANC, vous pouvez être accusé de viol et devenir président, accusé de trafic d’armes international et rester président », souligne auprès de l’AFP Sandile Swana, analyste politique indépendant. « C’est dans sa culture », ajoute-t-il, faisant allusion au sulfureux ex-président Jacob Zuma (2009-2018) aux multiples scandales.

L’ANC, en perte de vitesse dans les urnes, garde une majorité confortable à l’Assemblée où le parti compte 230 députés sur 400. La destitution d’un président en Afrique du Sud nécessitant un vote à la majorité des deux tiers, la procédure a peu de chances d’aboutir.

– Arrêter la machine –

Le Parlement devait décider mardi de lancer ou non cette procédure, sur la base du rapport d’une commission indépendante, selon lequel M. Ramaphosa « a pu commettre » des actes contraires à la loi dans le cadre de l’affaire du cambriolage.

Mais la veille, le président a déposé un recours devant la plus haute cour du pays pour invalider le rapport qui l’accable. Dans la foulée, l’Assemblée a annoncé le report de la séance à la semaine prochaine, officiellement pour permettre aux députés de siéger au Cap.

« Je ne comprends pas pourquoi tout le monde doit être physiquement présent. Ca fait gagner du temps au président, c’est certain », dit à l’AFP Cathy Powell, constitutionnaliste à l’Université du Cap.

Quelle que soit la décision de la Cour constitutionnelle sur le rapport, censée se prononcer dans l’urgence, le Parlement peut continuer son travail, souligne-t-elle.

Le rapport parlementaire, qui s’appuie sur la plainte contre le président d’un côté, ses explications de l’autre, est critiqué comme se contentant d’aligner des hypothèses, sans moyens d’enquête. Mais les questions soulevées « ne semblent pas complètement frivoles », note Mme Powell.

Pourquoi l’argent, censé être le résultat de la vente de vingt buffles selon le président, est-il resté des mois dans un canapé? Pourquoi les buffles se trouvent-il encore dans la propriété du président près de trois ans après la transaction?

« La question est de savoir si les soupçons sont assez graves pour destituer », résume la spécialiste.

A dix jours de l’ouverture d’une conférence déterminante de l’ANC, Cyril Ramaphosa jouit encore d’un fort soutien. Les délégués du parti l’ont désigné candidat le mois dernier, avec une large avance, pour la présidence du parti. Ce qui lui assurerait un second mandat à la tête du pays, si l’ANC remportait les élections générales de 2024.

Ramaphosa, champion de la lutte anticorruption, a imposé qu’au sein de l’ANC, les responsables inculpés soient suspendus. « Cette règle ne s’applique pas à lui, puisqu’il n’est inculpé de rien » à ce stade, a rappelé Mathews Phosa, vétéran de l’ANC.

Mais le président doit encore répondre à plusieurs enquêtes, notamment pénale et une autre de l’organe anti-corruption.

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