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des milliers de manifestants à Lima, petites échauffourées

Des milliers de personnes, surtout en provenance des Andes, manifestaient pour réclamer la démission de la présidente péruvienne Dina Boluarte jeudi à Lima lors d’un grand rassemblement émaillé de petites échauffourées, tandis que les autorités ont déployé près de 12.000 policiers.

La journée a été endeuillée par l’annonce de la mort dans la matinée d’un nouveau manifestant, blessé la veille dans des heurts dans le sud. Cela porte à 44 (43 manifestants, un policier) le nombre des personnes ayant perdu la vie depuis le début de la crise le 7 décembre.

« La police est en état d’alerte maximale. Nous avons 11.800 policiers dans les rues pour le contrôle des émeutes. Nous avons plus de 120 fourgons et 49 véhicules militaires et aussi la participation des forces armées », a déclaré le général Victor Zanabria, le chef de la police de la région de Lima.

Des petites échauffourées se produisaient vers 17h locale (22H GMT) Avenida Abancay dans le centre ville entre des manifestants qui ont lancé des pierres, et des policiers qui ont répondu par des tirs de gaz lacrymogène, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« On est ici pour lutter pour une juste cause. On veut la dissolution du Parlement. On nous marginalise, on dit que nous sommes des vandales, des terroristes. Nous sommes ici pour revendiquer nos droits », explique Ayda Aroni, arrivée de région d’Ayacucho (sud), sur la place centrale de 2 de mayo.

Vêtue de manière traditionnelle, avec un chapeau noir, une chemise blanche, une jupe rouge, portant un sac bariolé, elle brandit un drapeau péruvien dont les bandes rouges ont été remplacées par du noir en signe de deuil pour les manifestants morts.

– « Prendre Lima » –

Les protestataires qui réclament de nouvelles élections au Pérou espéraient « prendre Lima » et frapper les esprits. Plusieurs statues et monuments du centre de la capitale étaient déjà enveloppés par des bâches en plastique pour les protéger d’éventuelles dégradations.

« A Lima, la lutte aura plus de poids. Quand ils nous répriment dans nos régions, personne n’en parle », estime Abdon Félix Flores Huaman, un paysan de 30 ans qui se dit prêt à « donner sa vie ». Il est parti dimanche d’Andahuaylas, l’épicentre des manifestations en décembre, pour parvenir mardi dans la capitale.

Une source au bureau du Médiateur de la République a annoncé qu’un deuxième manifestant avait perdu la vie jeudi matin des suites de ses blessures par balle, après les heurts mercredi entre police et protestataires à Macusani, dans la région de Puno (sud), près de la frontière bolivienne. Mercredi, une femme de 35 ans avait été également tuée par balle lors de ces mêmes troubles.

Mercredi soir, le secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs du Pérou (CGTP), l’auteur de l’appel à la grève, a lancé au cours d’une conférence de presse: « la lutte du peuple péruvien ne se terminera pas demain, la lutte continuera si Dina Boluarte n’écoute pas le peuple et agit avec arrogance ».

– « Pas d’autorisation » –

Le gouvernement a décrété dimanche l’état d’urgence pour 30 jours à Lima, Cuzco, Callao et justement Puno (où se trouve Macusani) qui permet à l’armée d’intervenir pour maintenir l’ordre, suspend les libertés de réunion et de circulation. Mais, selon le leader syndical, « il n’y a pas d’autorisation de la police, on ne demande jamais d’autorisation pour une manifestation sociale, ce n’est pas une obligation ».

Jeudi, les autorités ont fermé l’aéroport d’Arequipa (sud) par « mesure de sécurité », des heurts ayant eu lieu entre policiers, qui ont fait usage de gaz lacrymogène, et manifestants dont certains jetaient des pierres.

L’aéroport de Cuzco, la capitale touristique du pays, a aussi été fermé.

Les troubles au Pérou ont éclaté après la destitution et l’arrestation le 7 décembre du président de gauche Pedro Castillo, accusé d’avoir tenté de perpétrer un coup d’Etat en voulant dissoudre le Parlement qui s’apprêtait à le chasser du pouvoir.

La crise est aussi le reflet de l’énorme fossé entre la capitale et les provinces pauvres qui soutenaient le président Castillo, d’origine amérindienne, et voyaient son élection comme une revanche sur le mépris de Lima.

La présidente Boluarte a quant à elle appelé au calme lundi : « Nous savons qu’ils veulent +prendre+ Lima au vu de tout ce qui sort sur les réseaux. Qu’ils prennent Lima, oui, mais dans la paix et le calme ».

Mme Boluarte, qui était la vice-présidente de M. Castillo, lui a succédé conformément à la Constitution. Elle est issue du même parti que lui mais les manifestants voient en elle une « traîtresse ».

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