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Solennel, Mélenchon veut « libérer les énergies » de la contestation

Dans la crise née du recours au 49.3, Jean-Luc Mélenchon veut rebondir en contribuant à « libérer les énergies » de la contestation de la réforme des retraites, cultivant du même coup la solennité requise pour incarner un débouché politique.

Son après-midi de jeudi a résumé son positionnement. Il a d’abord suivi des tribunes de l’Assemblée le coup d’éclat des députés insoumis qui ont dénoncé l’utilisation du 49.3 par une Marseillaise couvrant la voix d’Elisabeth Borne.

Puis il a traversé la Seine pour se mêler au rassemblement à l’appel de Solidaires sur la place de la Concorde; l’occasion idéale pour un bain de foule opportunément diffusé par les chaînes d’information en continu. A quelques mètres, l’ancien leader des « gilets jaunes » Jérôme Rodrigues souhaitait la jonction des colères.

Le lendemain, Jean-Luc Mélenchon « encourage(ait) » les « mobilisations spontanées dans tout le pays » car selon lui, « c’est là que ça se passe ».

Même s’il a ensuite aussi lancé un appel à suivre les journées de l’intersyndicale, « les mots ne sont pas choisis au hasard: quand il dit spontanés et non organisés c’est sans les organisations syndicales », s’agace un de ses responsables qui prévoit: « Il va essayer de se refaire la cerise, d’incarner la suite ».

Une façon pour l’Insoumis de tourner la page après un examen du texte à l’Assemblée, marqué par des coups controversés d’agit-prop. Et surtout par d’importantes divergences stratégiques au sein de son propre camp autour du choix, porté par M. Mélenchon, de maintenir jusqu’au bout des milliers d’amendements, quitte à creuser le fossé avec des syndicats favorables, eux, à un vote.

Jean-Luc Mélenchon veut croire que la flamme s’est ravivée de l’Assemblée, où la Marseillaise entonnée jeudi a « libéré les énergies », écrit-il sur son blog. « Aussitôt, se mobilisaient les premiers rassemblements populaires de rue ».

Que le lien de cause à effet soit avéré ou non, l’ancien candidat à la présidentielle brûle d’être moteur pour la contestation, après des semaines à trépigner dans l’ombre des syndicats.

« L’intersyndicale est dans un temps plus long, nous sommes vigilants à tout ce qui peut surgir dans l’intervalle », indique à l’AFP le député LFI Paul Vannier, proche de M. Mélenchon. « Il est un porte-parole, détenteur du suffrage de huit millions de personnes (7,7 NDLR) à la présidentielle (de 2022), qui est encore proche », rappelle ce lieutenant.

– « Radical et mesuré » –

Ancien compagnon de route de l’insoumis, François Cocq, désormais éloigné de LFI, estime que M. Mélenchon conclut désormais « qu’il faut battre le fer tant qu’il est chaud, ne pas attendre les journées de l’intersyndicale qui n’apportent pas de victoire », ni la motion de censure de lundi – qui ne devrait pas aboutir sauf surprise – ou un référendum d’initiative partagée.

Ce RIP, Jean-Luc Mélenchon ne l’a même pas évoqué. Il est pourtant sur toutes les lèvres de ses partenaires de la Nupes qui veulent en faire la grande campagne des prochains mois. Trop lent et lourd pour les Insoumis, qui se targuent d’être dans l’action.

Ils espèrent plutôt faire échouer la réforme dans le feu du mouvement social, un scénario incertain et risqué mais qui convient mieux à leur imaginaire politique révolutionnaire.

« Ils ont une hésitation tactique sur le RIP et son timing. Ils ne veulent pas donner l’impression de renoncer à la mobilisation de la rue », explique le député écologiste Benjamin Lucas.

Mais contrairement au volcan Mélenchon de la période « gilets jaunes », le chef insoumis, s’il est « très radical sur le fond, est très mesuré sur la forme afin de rassurer », souligne François Cocq.

« Il a été solennel, le moment l’était, on a vécu un point de bascule dans notre démocratie », abonde Benjamin Lucas. « Il sait que l’issue de la crise va conditionner les débouchés possibles » aux prochaines élections.

Les Insoumis s’attendent à une dissolution à court ou moyen terme, rapporte Paul Vannier. « Si la motion de censure passe, Macron n’aurait pas d’autre choix. Et à moyen terme les contradictions du bloc macroniste vont s’exacerber et le président sera conduit à dissoudre une Assemblée qu’il ne contrôle plus ».

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