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face aux attentats palestiniens, la tentation du port d’arme

Dans un stand de tir d’une colonie israélienne en Cisjordanie occupée, Tomer Gal, enchaîne les coups avec son pistolet pointé vers la cible. Cet entraînement est la dernière étape pour obtenir son permis de port d’arme.

Comme beaucoup de ses compatriotes inquiets de la tournure que prend le conflit israélo-palestinien avec la spirale inexorable de violence observée depuis l’entrée en fonction fin décembre d’un des gouvernements les plus à droite de l’histoire d’Israël, M. Gal est décidé à obtenir cette autorisation.

Après un attentat palestinien ayant coûté la vie à six Israéliens et une Ukrainienne à Neve Yaacov, colonie juive de Jérusalem-Est, partie de la Ville sainte annexée par Israël, l’exécutif a annoncé fin janvier, à la demande du ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, figure de l’extrême droite israélienne, sa volonté d’accélérer et de faciliter l’obtention des permis de port d’arme.

M. Gal avait lancé la procédure pour obtenir son permis il y a plus d’un an, et a commencé à venir s’entraîner au stand de tir de Givat Zeev, au nord-ouest de Jérusalem, quinze jours après la tuerie de Neve Yaacov.

« C’est pour ma sécurité mais aussi celle de mon foyer », affirme cet électricien de 35 ans habitant Rehovot dans le centre d’Israël, après avoir tiré avec une arme de poing de 9 mm sous le regard attentif d’un instructeur.

L’homme qui emploie notamment des Palestiniens de Cisjordanie sur des chantiers en Israël estime que ceux-ci « ne sont pas les endroits les plus sûrs ».

– Lenteurs administratives –

Les demandes de permis de port d’armes augmentent après les attentats ou les « incidents sécuritaires », a indiqué à l’AFP une source officielle israélienne, sans plus de détail. Après celui de Neve Yaacov, la police israélienne a encouragé les Israéliens remplissant les conditions requises à entamer la procédure.

Cet attentat « montre qu’il est nécessaire et important que des civils soient armés », avait affirmé M. Ben Gvir dans la foulée de l’attaque, tout en déplorant des lenteurs administratives dans le traitement des plus de 17.000 demandes alors en cours d’examen.

« C’est notre devoir d’accélérer la procédure et de réduire au minimum la bureaucratie », avait ajouté M. Ben Gvir, donnant comme consigne de passer au plus vite de 2.000 permis octroyés par mois à 10.000.

Les anciens officiers de l’armée ont par ailleurs été exemptés de l’entretien prévu par la procédure, et ce provisoirement jusqu’en mai.

Pour avoir le droit de porter une arme, la loi israélienne requiert de vivre en Cisjordanie – territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 – ou d’y travailler. Mais il est aussi possible de faire une demande en cas d’exposition à un danger potentiel ou à des tensions avec des Palestiniens, sur un lieu de travail par exemple.

Les anciens officiers des forces de sécurité israéliennes y sont également autorisés d’office.

La police procède à un tri des requérants qui sont soumis à un examen médical ainsi qu’à un entretien avec l’autorité qui délivre ce permis au ministère de la Sécurité nationale.

En cas de feu vert après l’entretien, les candidats obtiennent le droit d’acheter une arme à feu. Une formation et l’obtention d’une licence de tir sont ensuite nécessaires pour décrocher l’autorisation de porter l’arme.

– « Pas en Suisse » –

M. Gal dit avoir a pris sa décision d’acquérir une arme à la suite de la guerre de 11 jours en mai 2021 entre Israël et le groupe islamiste Hamas qui contrôle la bande de Gaza.

Le conflit avait donné lieu à une vague d’attaques au couteau contre des israéliens. De violentes émeutes avaient par ailleurs éclaté dans des villes mixtes judéo-arabes en Israël. « Cela a influencé les choses », souligne-t-il.

Pour autant, dit-il une fois le calme revenu, il était prêt à abandonner la procédure, jusqu’à ce qu’une affaire de viol près de chez lui le décide à acheter finalement une arme.

« C’est surtout ma femme qui a fait pression », précise l’électricien. « Elle ne se sentait vraiment pas en sécurité ».

A Givat Zeev, Yaïr Yifrach, le propriétaire du stand de tir dit constater un regain d’intérêt pour les armes depuis les dernières attaques palestiniennes et une hausse des achats.

« Nous ne pouvons pas mettre un officier de police derrière chaque citoyen en Israël », dit ce quinquagénaire. « Donc, si vous avez la possibilité de prendre une arme à feu pour votre sécurité et celle de vos concitoyens, c’est bien », poursuit-il.

Après le conflit de 2021 entre Israël et le Hamas, la population s’est « réveillée », dit-il. « Même ceux qui ne voulaient pas d’une arme ont réalisé qu’ils en avaient besoin », poursuit-il. « Nous ne sommes pas en Suisse ».

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