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Face aux pénuries d’eau, la France adopte un « plan de sobriété » épargnant les agriculteurs

En déplacement au plus grand réservoir d’eau douce d’Europe de l’Ouest, Emmanuel Macron a voulu préparer la France aux sécheresses causées par le réchauffement climatique et annoncé jeudi un « plan de sobriété » sur l’eau pour tous les secteurs économiques et les particuliers, tout en ménageant les agriculteurs.

Le président a annoncé un objectif de 10% de réutilisation des eaux usées d’ici 2030, alors que la France est très en retard sur ce sujet. Redoutant « des situations de grand stress l’été prochain » sur cette ressource menacée par le réchauffement climatique, il a salué au bord du lac de Serre-Ponçon un objectif représentant une économie de « 3.500 bouteilles d’eau par Français et par an ».

Quelques jours après la violente manifestation contre la retenue d’eau artificielle de Saint-Soline (Deux-Sèvres), il a validé l’utilité de ce type de solution, tout en disant vouloir conditionner leur utilisation à des pratiques d’économies d’eau et de pesticides. Une contrepartie jugée peu crédible en pratique par la Confédération paysanne, en pointe avec des groupes écologistes contre ces « méga-bassines » accusées d’accaparer un bien commun.

« Il ne s’agit pas de privatiser l’eau ou de permettre à certains de se l’accaparer », leur a répondu le président, cinq jours après les affrontements à Sainte-Soline entre manifestants et gendarmes. Des milliers de gens étaient « simplement venus faire la guerre », a commenté M. Macron.

Attendu au lac de Serre-Ponçon par quelque 200 manifestants contre la réforme des retraites, qui scandaient « Macron démission » encadrés par la CGT et la Confédération paysanne, Emmanuel Macron a estimé que cette contestation « ne (l’)empêche pas d’aller à la rencontre des Français ».

« Il détourne l’attention, il sait très bien le faire, des vrais sujets », regrette Julie, une manifestante de 40 ans venue de la commune voisine de Guillestre.

Deux manifestants ont été interpellés avant l’arrivée du chef de l’État.

– Pas de baisse des prélèvements agricoles –

« Un plan de sobriété sur l’eau » sera demandé « à chaque secteur » d' »ici à l’été », a prévenu Emmanuel Macron en appelant à la responsabilisation de chacun et pas seulement de l’agriculture, première consommatrice d’eau via l’irrigation (plus de 2 milliards de m3), pratiquée seulement sur 7% des surfaces cultivées mais le plus souvent en été, quand la ressource est rare.

« On ne redemande pas un effort supplémentaire aux agriculteurs » dans ce plan, s’est félicité jeudi leur ministre Marc Fesneau, qui avait renoncé à accompagner le président pour être à Angers au congrès de la FNSEA, le syndicat majoritaire, très satisfait d’avoir échappé à des contraintes pour baisser ses prélèvements.

Du côté des ONG environnementales, la nécessité de réinventer le modèle agricole pour l’adapter au changement climatique invoquée par le président est saluée, mais le WWF a déploré un manque de détails concrets et Générations futures l’absence de mesures fortes contre les pollutions chimiques.

La fédération France nature environnement (FNE) a pointé la « timidité » du plan sur les pesticides et les engrais. Elle a salué le cap de « sobriété », qui est toutefois une réactualisation des conclusions des Assises de l’eau de 2019, encore loin d’avoir été mises en oeuvre.

Après une canicule et une sécheresse historiques à l’été 2022, l’hiver en France a été particulièrement sec avec un record de 32 jours sans pluie, ce qui n’a pas permis de reconstituer les nappes phréatiques et a exposé la fragilité d’un pays tempéré, pourtant riche en eau, face aux conséquences du réchauffement climatique.

Pour les efforts à mener, le président a cité « l’énergie, l’industrie, le tourisme, les loisirs » mais les particuliers seront également priés de limiter leur consommation, à l’aide d’un « EcoWatt de l’eau » sur le modèle de l’instrument mis en place pour réduire la consommation d’électricité.

Ils y seront incités par la généralisation en France d’une « tarification progressive et responsable » de l’eau, déjà annoncée en 2019 mais restée au stade de l’expérimentation. Les « premiers mètres cubes » seront « facturés à un prix modeste, proche du prix coûtant », mais « au-delà d’un certain niveau, le prix du mètre cube sera plus élevé ».

Dans un autre secteur très consommateur, le président a annoncé un programme d’investissements pour adapter au changement climatique les centrales nucléaires, troisièmes consommatrices d’eau en France (12%) à cause de leur besoin de refroidissement.

Les débit des cours d’eau pourraient baisser de 10 à 40% en France autour de la moitié du siècle, selon Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM).

bur-bl-vl-fff/lum/ico/pta

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