Un groupe armé appartenant à une minorité ethnique birmane s'est affronté vendredi aux troupes de la junte dans une zone d'extraction de rubis et de pierres précieuses, faisant des victimes civiles suite à des bombardements et des frappes aériennes, ont indiqué le groupe et des habitants à l'Agence France-Presse (AFP).
L'Armée de libération nationale Ta'ang (TNLA) a lancé des attaques contre les forces de la junte plus tôt cette semaine dans la région de Mandalay et dans l'État voisin de Shan, rompant ainsi un cessez-le-feu négocié par la Chine en janvier.
Les combattants du TNLA sont entrés dans Mogok, une ville célèbre pour ses richesses en rubis, saphirs, spinelles, aigue-marine et autres pierres semi-précieuses, a déclaré à l'AFP le général Tar Bhone Kyaw, sans fournir plus de détails.
L'AFP n'a pas pu joindre un porte-parole de la junte pour commenter.
Les habitants de Mogok ont déclaré à l'AFP que la ville avait été touchée par des bombardements d'artillerie et des frappes aériennes d'avions militaires depuis le début des combats dans la région mardi.
« A ma connaissance, quatre personnes, dont deux femmes, ont été tuées hier à cause de tirs d'artillerie », a déclaré à l'AFP un habitant de Mogok âgé de 57 ans, qui n'a pas souhaité donner son nom.
Il a déclaré que sa famille et lui s'étaient réfugiés ailleurs après que le toit de leur maison ait été endommagé lors d'une frappe aérienne.
« Nous n’avons aucune expérience de ce genre. C’est la première fois qu’un combat sérieux a lieu dans la ville de Mogok. »
Le Myanmar produit une grande partie des rubis du monde, et les pierres de qualité supérieure de Mogok – connues sous le nom de « sang de pigeon » pour leur couleur rouge foncé – peuvent rapporter plus par carat que les diamants.
L’industrie est notoirement opaque, avec des rubis de grande valeur qui passent souvent clandestinement la frontière vers la Thaïlande ou la Chine pour être vendus directement à des acheteurs privés ou transformés en bijoux.
Pendant des décennies, la junte birmane et ses opposants ont taxé les mineurs locaux pour leurs revenus.
Les combats se poursuivent dans la ville de Kyaukme, dans l'État voisin du Shan, a déclaré vendredi à l'AFP un secouriste local.
Au moins 10 civils ont été tués et plus de 20 blessés depuis le début des affrontements mardi, a-t-il indiqué.
Les combats ont violé le cessez-le-feu négocié par la Chine qui a mis fin plus tôt cette année à des semaines de combats dans l'État de Shan entre l'armée et le TNLA et deux autres groupes armés ethniques alliés.
Lors d'une offensive surprise en octobre, l'alliance s'est emparée de vastes territoires et de plusieurs points de passage commerciaux lucratifs avec la Chine, portant à la junte son plus grand coup depuis sa prise de pouvoir.
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