Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a appelé l'Ukraine à œuvrer pour un « cessez-le-feu rapide » afin d'accélérer les négociations de paix avec la Russie pour mettre un terme définitif à la guerre.
Orban a lancé cet appel aux côtés du président Volodymyr Zelensky lors d'une visite surprise en Ukraine, la première de celui qui critique ouvertement le soutien occidental à Kiev.
« J'ai demandé au président d'examiner si… un cessez-le-feu rapide pourrait accélérer les pourparlers de paix », a déclaré M. Orban aux journalistes, ajoutant que le cessez-le-feu qu'il envisage serait « limité dans le temps ».
L'Ukraine a rejeté à plusieurs reprises les appels à une pause dans les combats, qui, selon elle, donnerait simplement à la Russie le temps de se regrouper pour un nouvel assaut.
Les États-Unis ont quant à eux annoncé mardi une nouvelle aide à la sécurité de l'Ukraine d'une valeur de 2,3 milliards de dollars.
En octobre 2023, Orban a rencontré le président russe Vladimir Poutine lors d’un sommet à Pékin, devenant ainsi le premier dirigeant de l’UE à le faire depuis le début de la guerre.
Le dirigeant, au pouvoir depuis 2010, critique régulièrement le soutien financier et militaire de l'Europe à Kiev, bloquant temporairement pendant des semaines un plan d'aide de 50 milliards d'euros (53 milliards de dollars).
Il s'oppose ouvertement à la tenue de négociations d'adhésion à l'UE avec Kiev ainsi qu'aux sanctions de Bruxelles contre Moscou – bien que Budapest n'ait pas utilisé son veto pour bloquer ces démarches.
Une « paix juste »
Cette visite intervient le lendemain de la prise de la présidence tournante de l'UE par la Hongrie, une position qui donne à cet État d'Europe centrale une influence sur l'agenda et les priorités du bloc pour les six prochains mois.
Orban a déclaré qu'il rendrait compte de ses entretiens avec Zelenskyy aux premiers ministres de l'UE « afin que les décisions européennes nécessaires puissent être prises ».
Zelensky a déclaré que le moment de la visite était symbolique.
« C'est une indication claire de nos priorités européennes communes, de l'importance d'apporter une paix juste à l'Ukraine », a-t-il déclaré, exhortant les pays européens à maintenir leur soutien militaire.
Alors que les deux dirigeants discutaient à Kiev, de nouveaux civils ont été tués par les bombardements russes.
Les forces de Moscou ont tué deux femmes âgées et en ont blessé neuf autres à Nikopol, une ville du sud de l'Ukraine, a déclaré le gouverneur local.
Une frappe russe a tué une personne et en a blessé sept autres dans la région méridionale de Kherson, partiellement occupée par les forces russes.
Interrogé plus tôt mardi sur la visite d'Orban, le Kremlin a déclaré qu'il n'en attendait pas grand-chose, mais l'a décrit comme un homme politique « dur » qui défendait avec ardeur les intérêts de son pays.
Quelques heures après les discussions à Kiev, Moscou a déclaré que le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait eu un entretien téléphonique avec son homologue hongrois Peter Szijjarto au cours duquel la « crise ukrainienne » avait été discutée.
Les relations sont glaciales entre Orban et Zelensky depuis le début de la guerre.
Après avoir été réélu en avril 2022, Orban a déclaré que le dirigeant ukrainien était un « adversaire » qu'il avait réussi à vaincre pendant la campagne après que Zelensky l'ait personnellement interpellé sur le manque de soutien dans les premiers jours de l'invasion russe.
En décembre, Zelenskyy a rencontré le dirigeant hongrois lors de l'investiture du président argentin Javier Milei pour ce qu'il a qualifié de conversation « franche ».
Des vidéos ont circulé sur Internet montrant le couple engagé dans un échange tendu.
Ils ont de nouveau été filmés lors d'un court échange animé, la semaine dernière, en marge d'une réunion du Conseil de l'UE à Bruxelles.
S'exprimant mardi à Kiev, Orban a déclaré qu'il souhaitait « voir de bien meilleures relations » entre la Hongrie et l'Ukraine, ajoutant qu'il « essayait de laisser les discussions du passé derrière nous ».
La Hongrie exerce une influence considérable sur le soutien de l’Occident à l’Ukraine, étant donné son appartenance à la fois à l’UE et à l’OTAN, ce qui lui donne la capacité de contrecarrer, de retarder, d’atténuer ou de bloquer purement et simplement les initiatives et le financement.
Mais l’appel d’Orban à un cessez-le-feu avant le début de véritables négociations de paix risque d’être voué à l’échec.
Le mois dernier, Poutine a exigé que les troupes ukrainiennes abandonnent encore plus de territoire dans le sud et l'est s'il voulait que les combats cessent – des demandes rejetées par Zelenskyy comme un « ultimatum » rappelant Adolf Hitler.
Le dirigeant ukrainien cherche également à mobiliser le soutien international derrière son plan visant à mettre fin à la guerre – un plan qui prévoit le retrait complet des troupes russes du pays, y compris de la péninsule de Crimée annexée par Moscou en 2014, et le paiement des destructions causées depuis l’invasion de février 2022.
Lors d'un important sommet de paix en Suisse le mois dernier, la Hongrie a approuvé un document appelant au respect de « l'intégrité territoriale » de l'Ukraine dans tout accord de paix final.
GIPHY App Key not set. Please check settings