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Quelles sont les idées derrière l’(ultra)conservatisme ?

La politique est le lieu de la décision collective, qui a des conséquences pour toute une société. Le mot vient de « polis », en grec : la « cité », en tant qu’elle est un rassemblement de personnes libres, qui vivent selon des règles qu’elles ont décidées, que l’on appelle des lois.

Les partis politiques sont des organisations qui rassemblent des personnes qui mettent en commun des idées, et qui les défendent pour pouvoir les mettre en œuvre. De ce fait, ils cherchent à entrer au gouvernement, à l’Assemblée nationale, là où l’on fait les lois.

Les idées politiques sont étudiées depuis longtemps, et elles présentent des régularités. Par exemple, les idées socialistes du XIXᵉ siècle ont encore beaucoup de points communs avec les idées actuelles.

Parmi ces courants, l’un d’entre eux est appelé « extrême-droite ». Quelles sont ses idées ? La dénomination « droite » ou « gauche » renvoie à la position dans l’Assemblée nationale, pendant la Révolution de 1789. Elle est un peu trop grossière. Les trois grands courants de la modernité sont le libéralisme, le socialisme et le conservatisme. L’extrême droite est une forme de conservatisme très accentué, hostile au libéralisme et très hostile au socialisme. On peut l’appeler « ultra conservateur ».

Une hostilité vis-à-vis des étrangers

La forme la plus extrême d’ultraconservatisme est le fascisme, formule générale dérivée d’un mouvement spécifique, né et théorisé en Italie avec Mussolini. Toutes les extrêmes droites ne sont pas fascistes, dans la mesure où elles sont plus ou moins conservatrices. Le RN n’est pas fasciste au sens où il n’appuie pas son action sur des milices armées, par exemple, ni ne souhaite abolir la démocratie, ni n’envisage de rétablir l’empire français, à la différence de ce que fait Poutine.

Quelles sont les principales idées du conservatisme ? Il considère qu’une société se caractérise avant tout par son passé, par ses institutions héritées. Il est donc hostile à tout ce qui peut menacer cet ordre : étrangers et tout ce qui est étrange, comme le multiculturalisme et les formes familiales ou rapports de genre qui n’entrent pas dans ce qu’il considère comme relevant de la tradition.




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Il est hostile aussi à tout mouvement qui chercherait à changer cet ordre, par exemple pour le rendre plus juste. Le conservatisme peut être violent et révolutionnaire, mais toujours pour rétablir un ordre passé ; c’est en ce sens qu’il est qualifié de « contre-révolutionnaire » ou de « réactionnaire » : parce qu’il veut rétablir l’ordre passé. Ce n’est pas sans raison que les hommes et femmes du XIXe siècle l’appelaient le « parti de l’Ordre ».

Cette hostilité explique que la démocratie (au sens de personnes égales en droit se donnant leurs propres lois) ne soit pas bien perçue par les ultraconservateurs, qui ne croient ni en l’émancipation ni en l’égalité. Elle est considérée comme un facteur de désordre et de nivellement, permettant à n’importe qui de s’exprimer, ce qui délégitime les hiérarchies naturelles, qui sont issues de l’histoire et non d’une méritocratie libérale.

Ils considèrent que l’ordre est mieux maintenu par une hiérarchie claire, qu’ils appellent « autorité ». De là un attrait pour des figures telles que Napoléon ou pour la monarchie. Mais le conservatisme se méfie aussi de l’arbitraire des chefs : c’est bien dans le passé, avant tout, qu’il met sa confiance ; et dans la religion. Les chefs et les élites naturelles doivent leur être subordonnés. Ils sont au service de la continuité.

Une lecture sélective du passé

Sur le plan de la politique extérieure, le conservatisme lutte aussi contre ce qui pourrait menacer son ordre. Il admet que les gens voyagent, mais pas qu’ils changent leurs habitudes, ou alors à la marge, comme le fait d’ouvrir des restaurants de cuisine étrangère. Changer les habitudes c’est en effet devenir étranger. C’est affaiblir l’ordre, et donc la résistance politique de la société face aux facteurs de désordre.

La lecture que le conservatisme fait du passé est sélective, comme pour les autres courants politiques. Il retient du passé ce qui vient accréditer ses thèses. L’ultraconservatisme est divisé sur la question du christianisme, par exemple, parce que certains de ses partisans considèrent qu’il s’agit d’une religion nord-africaine, et l’islam est le grand adversaire à tous. Les ultraconservateurs sont donc très actifs à Poitiers, où Charles Martel arrêta les troupes musulmanes en 732.

Ces idées sont largement présentes dans le Rassemblement national, même si elles ont été rendues moins visibles par la stratégie de sa présidente actuelle. Certains de ce parti voient les étrangers, les socialistes, les homosexuels ou les musulmans comme une menace et un facteur de désordre. Il souhaite que les Français connaissent leur passé (le passé que le RN a choisi) et qu’ils s’y identifient, de manière homogène. Il est nataliste. Les organisations catholiques les plus conservatrices le soutiennent. Son programme respecte les élites « naturelles », raison pour laquelle il ne propose pas de redistribution des richesses, et veut alléger l’impôt sur l’héritage.

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