Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne sortant, a déclaré jeudi que le plus grand regret de son mandat avait été son incapacité à persuader le gouvernement israélien d'empêcher les pertes humaines et les destructions dévastatrices à Gaza.
« Près de 40 000 personnes ont été tuées à Gaza, dont beaucoup de femmes et d’enfants, et après combien de mois la communauté internationale et l’UE n’ont-elles pas réussi à obtenir un cessez-le-feu et à commencer à réfléchir à une solution politique ? », s’est interrogé Borrell, amer.
S'exprimant lors de la réunion du Conseil européen des relations étrangères à Madrid, il a déploré que l'UE ait été un « non-acteur » dans la crise au Moyen-Orient.
« C’est ma plus grande frustration et le plus grand exemple de la façon dont, lorsque l’UE est divisée, nous ne pouvons même pas remplir le rôle d’acteur géopolitique que nous prétendons être », a-t-il déclaré.
Il a également déclaré que la crédibilité de l'UE était en danger en raison de sa « division » et de son « manque de pertinence » dans la situation.
« Le cœur de l’UE pourrait être sous les ruines de Gaza », a-t-il déclaré.
« Montrer clairement au monde que la vie compte, que ce soit en Ukraine ou à Gaza, est l’un des objectifs politiques les plus importants de l’Union européenne. Et lorsque nous disons que couper l’eau, l’électricité et la nourriture à la population civile est un crime de guerre lorsque nous parlons de l’Ukraine, les mêmes mots doivent être utilisés lorsque nous parlons de Gaza. Mais ce n’est pas le cas. »
Borrell a déclaré que l'UE sera jugée par d'autres nations – de l'Asie du Sud-Est à l'Amérique latine en passant par l'Afrique – sur sa « capacité à défendre ses principes fondamentaux » et sur la manière dont elle répond à cette guerre.
Ses remarques ont été faites lors d'une conversation avec le nouveau président du Conseil européen, Antonio Costa, qui n'a pas fait de commentaires directs sur Gaza.
Le Portugais Costa et l'Espagnol Borrell sont tous deux issus du Parti socialiste.
En guise de dernier conseil à Costa, Borrell a exhorté l'ancien Premier ministre portugais à « faire comprendre » dès le premier jour qu'il est « le représentant de l'UE pour la politique étrangère et de sécurité ».
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