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La BD ramène sa science

Exploration spatiale, Homo sapiens ou même physique quantique: plus rien n’échappe à la BD de vulgarisation scientifique, dont la dessinatrice emblématique Marion Montaigne est cette année marraine de la fête de la science.

« Quand j’ai essayé d’éditer le Tome 1 de « Tu mourras moins bête », en 2009/2010, les éditeurs disaient mais +qui se pose des questions comme ça ?+, +ça va être un truc de petite niche, de geek », raconte à l’AFP Marion Montaigne.

Depuis, son album « Dans la combi de Thomas Pesquet » (Dargaud) s’est placé 4e BD du top des ventes 2018, la collection « Hubert Reeves nous explique »(Le Lombard) du célèbre astrophysicien cumule 60.000 ventes en seulement deux volumes, et « Le mystère du monde quantique » de Thibault Damour, sur la physique du même nom, s’est vendu à plus de 56.000 exemplaires.

« Personne n’aurait imaginé qu’on touche autant de personnes avec ce livre, plutôt pointu ! », reconnaît Pauline Mermet, directrice de collection chez Dargaud, éditeur de l’ouvrage. La BD de science était « un terrain assez vierge jusqu’à peu, qui se développe depuis 5/6 ans en trouvant un public assez large ».

Car finalement, pour vulgariser des thématiques ardues, le 9e Art ne manque pas d’atouts.

A commencer par le dessin: la représentation visuelle des concepts n’est souvent pas de trop. Dans « Le mystère du monde quantique », le dessinateur belge Mathieu Burniat nous permet de comprendre l’oscillation avec une fillette sur une balançoire.

Sans limite, ou presque. « Je peux aller dans le futur et le passé, dans l’infiniment petit et l’infiniment grand. Même à l’intérieur du corps humain », explique Marion Montaigne, lauréate du prix du public/Cultura du festival d’Angoulême 2018.

Et si le tout est pimenté d’un peu d’humour, la science passe mieux. « Un astronaute qui se fait électrocuter sur une machine, à filmer c’est dur, à dessiner c’est drôle », ajoute Marion Montaigne.

– « Ça rassure » –

Même des scientifiques y trouvent leur compte: « En BD, on est limités en place. Il faut être plus synthétique dans sa tête, dans ses mots. Ça permet d’être plus percutant », juge Antoine Balzeau, auteur de « Homo sapiens » de la collection « la petite bédéthèque des savoirs » (Le Lombard). »

Pour le paléoanthropologue du Muséum d’histoire naturelle, se mettre à la BD permet de toucher un nouveau public: « Les livres c’est intéressant mais on s’adresse à un public déjà acquis au sujet, on ne contribue pas vraiment à l’élargissement des connaissances ».

Il avoue y avoir trouvé le moyen d’aller au-delà de sa discipline pour aborder certains enjeux de société, comme la place de l’Homme ou la destruction de l’environnement. « C’était un bonheur, un vrai bonheur », sourit-il.

« Proposer ces sujets en bande dessinée, ça rassure, on se dit que c’est accessible », ajoute Pauline Mermet.

Mais la BD didactique ne s’est pas mis à bouillonner toute seule, elle surfe sur la bonne forme générale du secteur. Alors que le marché du livre est en déclin et que le temps de lecture des Français diminue, la BD a connu, en 2018, une croissance de 2% (en chiffres d’affaires et en volume), selon le Syndicat national de l’édition (SNE).

« La BD aujourd’hui se décloisonne toujours plus et s’empare de tous les sujets, tous les genres », explique Pauline Mermet pour qui « il n’y a plus trop de snobisme » envers ce genre.

« Marion Montaigne, Hubert Reeves, Thibault Damour ou Léo Grasset nous ont montré la voie où s’engouffrer », note le Syndicat national de l’édition (SNE) en présentant « Sciences en bulles », un mini album édité spécialement pour la fête de la science et offert pour tout achat de deux livres scientifiques.

La 28e édition de la fête de la science, qui se tient à partir de samedi et jusqu’au 13 octobre en France métropolitaine et du 9 au 17 novembre dans les outre-mer et à l’international, proposera plus de 6.000 évènements gratuits.

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