in

Quand les skaters s’assagissent en vue du rêve olympique

Finis les hamburgers et les pizzas, vivent les salles de sport. A un an des JO de Tokyo, les skaters s’assagissent et se préparent comme des sportifs de haut niveau pour conquérir l’or olympique.

« Maintenant, nous sommes entre guillemets des athlètes, des athlètes urbains », sourit Danny Leon.

Jeans, ample chemise et casquette vissée sur la tête même lors de ses figures à plusieurs mètres de haut, ce jeune espagnol aux cheveux en bataille est l’un des candidats au voyage au Japon.

« Avant, skater, c’était descendre dans la rue. Aujourd’hui, on s’entraîne, on fait des exercices et des étirements avant et après pour bien récupérer, on fait plus attention à notre corps, on mange mieux. Finis les hamburgers et les pizzas », explique-t-il à l’AFP durant les World Roller Games, compétition rassemblant ces jours-ci à Barcelone skaters, rollers ou trottinettes.

« Je vais beaucoup à la salle de sport pour améliorer ma résistance et je m’entraîne quatre heures par jour pour répéter les figures », abonde le portugais Gustavo Ribeiro qui, à 18 ans, est l’un des grands noms du skate.

Numéro deux mondial dans la catégorie « street », il est candidat au podium olympique. « C’est fou de penser que je pourrais ramener une médaille d’or en représentant mon pays », dit-il.

– Image de drogués –

Son enthousiasme contraste avec la méfiance du monde du skate lors de l’annonce en 2016 des débuts de la discipline à Tokyo. Les riders craignaient alors que les JO ne marquent la disparition de l’essence du skate, sa philosophie de vie.

« Si tu veux le faire pour t’amuser, tu peux aller dans la rue, passer tes figures, t’éclater et te boire une bière. Mais moi, je prends ça au sérieux », insiste l’Argentin Matias dell Olio. « Je me lève tôt, je vais à la salle de gym m’entraîner, je vais au spa, je m’étire, je mange mieux. Je fais du skate depuis que j’ai six ans, c’est mon style de vie. Mais c’est aussi mon boulot ».

Corps bardé de cicatrices et constellé d’hématomes, le Péruvien Angelo Caro s’est vu ouvrir les portes du centre des sportifs de haut niveau de son pays grâce à l’inscription du skate comme sport olympique.

Et il espère surtout que les JO permettront de battre en brèche les clichés sur les skaters.

« Les gens, qui nous voient comme des feignants et des drogués, pourront voir que c’est un sport vraiment sympa qui demande beaucoup de talent et d’efforts. On tombe tous les jours, c’est un vrai sacrifice », souligne-t-il.

Le skate est aussi une grande opportunité pour le mouvement olympique, veut croire Sabatino Aracu, président de la fédération internationale de patinage à roulette World Skate. « Le skate, c’est du sang nouveau, une bouffée d’air frais pour les Jeux », dit-il à l’AFP.

– « Comment va-t-on devoir s’habiller? » –

Le chemin vers Tokyo n’a pas été si simple pour sa Fédération. Il a fallu harmoniser les règles de notation, établir des systèmes de classification ainsi qu’un dispositif antidopage inédit.

Il y aura au total 80 skaters à Tokyo, 20 dans chaque catégorie (« street » et « park » masculin et féminin) avec au maximum 3 représentants par catégorie de chaque pays dont la qualification dépend des points obtenus lors des grandes épreuves du circuit international.

Ce système les freine dans leurs tentatives de figures spectaculaires. « On fonctionne avec une calculette. Il y a des figures qui valent 8 ou 9 points mais si tu as seulement besoin de 7, tu en fais une plus facile pour t’assurer le podium », reconnaît dell Olio.

Au-delà des figures, un autre aspect inquiète Danny Leon à un an de Tokyo. « Comment devrons nous nous habiller ? Je ne me vois pas avec un survêtement. On skate tous en jeans, avec une casquette, j’espère qu’ils nous laisseront y aller comme on veut », dit-il, dans un ultime accès de rébellion.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GIPHY App Key not set. Please check settings

    Municipales et candidature LREM: à Paris, « Macron va choisir son préfet », selon Brossat

    JO 2024: la Ville de Paris persiste et signe, Total ne sera pas sponsor des Jeux