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Escrime: le rêve de doublé d’Arianna Errigo tourne à l’embrouille procédurale

Le projet fou de l’Italienne Arianna Errigo de disputer les Jeux olympiques de Tokyo en 2020 au fleuret, son arme de base, et au sabre tourne à l’embrouille avec sa fédération, sans pour autant la décourager.

Aux Championnats du monde à Budapest, Arianna Errigo a été contrainte d’assister des tribunes au parcours des ses compatriotes du sabre lundi et mardi, alors qu’avec les fleurettistes italiennes, elle sera en course pour l’or lundi en fin d’après-midi contre la Russie.

Championne du monde 2013 et 2014 de fleuret, l’arme forte de l’escrime féminine italienne depuis des décennies, Errigo a surpris à l’automne 2016 en s’alignant en Coupe du monde de sabre à Orléans, dans la foulée de JO-2016 à Rio décevants au fleuret (élimination en 8es de finale).

Le grand écart en escrime entre fleuret et sabre revient à s’aligner sur 100 m et sur 800 m en athlétisme. Un pari osé et jamais réalisé depuis les années 1930.

« Il n’y a pas de précédent, personne ne l’a jamais fait. Pour moi, c’est une valeur ajoutée, quelque chose d’unique, de jamais vu », s’enthousiasme auprès de l’AFP l’Italienne de 31 ans.

– Fleurettiste et sabreuse performante –

Observé avec curiosité au début, son projet a rapidement impressionné: premier podium individuel en décembre 2017, première participation à une épreuve par équipes en mars 2019, la dernière avant le début de la qualification olympique.

« Je suis entrée dans l’équipe alors que je ne m’y attendais pas, parce que la fédération a finalement toujours été contre », estime la native de Monza.

La Fédération italienne lui demande de choisir entre sabre et fleuret avant le 1er avril 2019, le début de la phase qualificative pour Tokyo, alors que les épreuves de sabre et de fleuret au Japon ne se téléscopent pourtant pas.

« La position de la fédération était claire depuis le début de l’histoire. Il n’y a rien de nouveau », explique à l’AFP Giovanni Sirovich, sélectionneur italien au sabre.

Loin d’avoir perdu son niveau en fleuret, Errigo est montée sur la quasi totalité (5 sur 6) des podiums des Championnats d’Europe (or en 2017, argent en 2018) et du monde (bronze en 2017, 2018 et 2019) depuis le début de son projet, se maintenant dans le top 4 mondial.

« Ça aurait pu être un motif de fierté, ça aurait pu être un exemple au plan mondial. On pouvait regarder ça autrement », regrette-t-elle.

– Appel au Coni –

En lutte contre sa fédération, l’Italienne est allée jusqu’à poser un recours devant le Tribunal arbitral du sport.

« Si demain je dis que je veux faire des études et que je consacre 50% de mon temps à mes études, personne ne pourra m’en empêcher », avance-t-elle face aux arguments de sa fédération qui redoute une perdition si elle se consacre aux deux armes. « Ou si demain je décide de faire un enfant et de rester athlète, personne ne pourra me dire +non, tu ne peux pas passer la moitié de ton temps avec ton enfant+ », ajoute-t-elle.

Le TAS s’est déclaré incompétent et Errigo s’en remet désormais au Comité olympique italien (Coni). « De toute façon je vais continuer. J’irai jusqu’au bout, jusqu’à ce que quelqu’un me dise soit +Oui, tu as raison+, soit +Non, tu as tort+. Il faudra un mois, deux, quatre, un an, je ne sais pas. Mais je ne laisserai pas tomber. »

Contrairement à certains pays, comme la France, par exemple, qui réserve au moins une place sur des critères uniquement de performance sportive, en Italie, les quatre escrimeurs par arme retenus pour les grands championnats le sont par le sélectionneur.

« Elle n’est pas parmi les toutes meilleures sabreuses, elle est normale. Si elle était N.8 au classement mondial, je pourrai y réfléchir », souligne Sirovich.

Non sélectionnée aux Championnats d’Europe et du monde, Errigo n’a pu y marquer de gros points (qui comptent double à Budapest), mais est toujours 4e Italienne au classement mondial.

« Si on me donne raison, il faudra que ceux qui m’en ont empêché assument la responsabilité. Et si on me donne tort, alors très bien, ça aura été une belle expérience quand même », conclut-elle.

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