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Enquête russe: le procureur Mueller sur le gril du Congrès

Le procureur spécial Robert Mueller sera soumis pour la première fois mercredi à un feu nourri de questions sur la délicate enquête russe lors d’une audition marathon au Congrès des Etats-Unis, où les démocrates vont tenter de le forcer à dire clairement si Donald Trump a violé la loi.

L’ancien chef de la police fédérale (FBI) est arrivé peu avant 08H00 (12H00 GMT) à la Chambre des représentants, où des élus de deux commissions vont tenter de le faire sortir de sa réserve légendaire.

Peu avant, la Russie a démenti de nouveau toute ingérence dans la présidentielle américaine de 2016. Le président Donald Trump a pour sa part martelé dans une série de tweets matinaux: « PAS DE COLLUSION, PAS D’OBSTRUCTION », en accusant Robert Mueller de conflit d’intérêt.

Le procureur, qui aurait voulu éviter l’exercice, a fait savoir qu’il ne souhaitait pas aller au-delà du contenu de son rapport d’enquête remis en mars, dont les ambiguïtés ont laissé la porte ouverte à des interprétations divergentes.

Dans ce pavé de plus de 400 pages, l’ex-procureur spécial décrit les efforts russes pour aider Donald Trump en 2016, mais ajoute ne pas avoir rassemblé de preuves d’une collusion entre Moscou et son équipe de campagne, malgré des contacts répétés.

Il détaille par ailleurs une série de pressions troublantes exercées ensuite par le locataire de la Maison Blanche sur son enquête et se dit, cette fois, incapable de le blanchir des soupçons d’entrave à la justice.

Mais le prudent Robert Mueller, 74 ans, ne se prononce pas sur les suites à donner sur ce point, se contentant de souligner qu’un président en exercice ne peut pas être inculpé pendant son mandat.

Depuis, Donald Trump clame qu’il a été « totalement blanchi » par le procureur spécial et que l’affaire est close.

– Faire « vivre » le rapport –

Déjà tourné vers sa campagne de réélection, le milliardaire républicain a affirmé qu’il ne suivrait pas le témoignage de Robert Mueller. Pour lui, cette audition n’est qu’un « jeu » politique, une « perte de temps ».

Les démocrates affirment au contraire que le rapport contient une « série de faits accablants pour le président Trump » et qu’il pourrait appuyer l’ouverture d’une procédure de destitution au Congrès.

Ils se divisent toutefois sur l’opportunité politique de lancer un « impeachment » (procédure de destitution) voué à l’échec compte-tenu de la majorité républicaine au Sénat, et susceptible d’occulter les débats de fond de la campagne présidentielle de 2020.

En attendant, ils espèrent que le témoignage de Robert Mueller, qui doit être retransmis en direct, marque les esprits des électeurs.

« La plupart des Américains n’ont pas eu l’occasion de lire son rapport, qui est un travail sec, juridique, nous voulons que Robert Mueller le fasse vivre », a expliqué Adam Schiff, qui préside la commission du Renseignement à la Chambre des représentants.

Selon un sondage de l’institut Yougov, 50% des Américains déclarent avoir consulté des pans du document mais, preuve de son ambiguïté, ils en tirent des conclusions différentes selon leur affiliation politique.

83% des démocrates estiment ainsi que Donald Trump s’est rendu coupable d’obstruction à la justice contre seulement 16% des républicains.

Les démocrates ont prévu d’adresser des questions très ciblées à Robert Mueller pour tenter de le forcer à expliciter son opinion sur ce point.

– « Partial » –

Les républicains ont eux pour objectif de décrédibiliser l’enquête, en écho aux accusations martelées par Donald Trump pendant plus de deux ans.

Ils devraient notamment poser des questions sur l’équipe du procureur Mueller, qui comptait une majorité d’enquêteurs étiquetés démocrates.

Mercredi, le président s’est ému qu’il ait obtenu l’autorisation d’être accompagné d’un collaborateur pendant son témoignage. « Je ne l’aurais JAMAIS autorisé », a-t-il écrit en dénonçant à nouveau « la pire chasse aux sorcières de l’histoire américaine ».

En prélude à l’audition, Donald Trump a déjà accusé Robert Mueller d’être « extrêmement partial » et d’avoir des conflits d’intérêt.

Mais les uns comme les autres risquent de se heurter à un mur.

En tant que patron du FBI, Robert Mueller a déjà été entendu à 88 reprises au Congrès selon le New York Times et il s’est souvent montré peu coopératif, adepte des réponses laconiques.

Fin mai, lors d’une brève allocution, il a assuré que son « rapport était son témoignage » et qu’il « parlait de lui-même ».

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