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Nissan se résout à une drastique réduction d’effectifs pour survivre

Le constructeur japonais Nissan, un temps force de l’alliance qui l’unit au français Renault, est en plein marasme: il s’apprête à annoncer jeudi des mesures drastiques pour redresser ses comptes, les médias japonais évoquant plus de 10.000 suppressions de postes.

Son patron, Hiroto Saikawa, avait prévenu au printemps: les réformes seront douloureuses, et le groupe n’a pas d’autre choix, acculé selon lui par la stratégie d’expansion à marche forcée menée par Carlos Ghosn, sauveur aujourd’hui vilipendé.

« Nous ne commentons pas les spéculations », a réagi une porte-parole de Nissan. Mais un des administrateurs, interrogé sur le sujet mercredi en fin de journée lors d’un briefing informel au siège de Yokohama (banlieue de Tokyo), n’a pas démenti.

« Des explications seront fournies demain (jeudi) », à l’occasion de la publication des résultats du premier trimestre, a souligné Motoo Nagai. « Il ne s’agit pas d’une simple restructuration, il s’agit de revitaliser le groupe, le faire renouer avec la croissance », a-t-il dit, tentant de justifier les coupes sombres.

Après une dégringolade de ses profits l’an dernier, Nissan devrait faire état d’un nouveau plongeon de son bénéfice opérationnel au premier trimestre de l’exercice en cours (avril-juin), bien en deçà des estimations des analystes. Le recul de 90%, initialement rapporté par le quotidien économique Nikkei, est « globalement exact », a indiqué le groupe dans un bref communiqué.

Son compatriote Mitsubishi Motors, dernier venu dans l’alliance, est lui aussi en difficultés, même si le tableau n’est pas aussi noir: il a annoncé mercredi un bénéfice net trimestriel en chute de 67%.

– « Inévitable » –

En plus des 4.800 postes déjà évoqués en mai par Nissan, au moins 5.200 emplois additionnels sont dans le viseur. Les réductions pourraient concerner des sites en Amérique du Sud et dans d’autres régions où la rentabilité de Nissan est faible, affirme Kyodo.

Hiroto Saikawa, qui s’était distingué par son zèle à sabrer les coûts sous l’aile de Carlos Ghosn au tournant des années 2000, quand Nissan se trouvait au bord de la faillite, ressort donc la même méthode. In fine, les effectifs seront diminués de plus de 7% dans un groupe de 139.000 collaborateurs.

« Une restructuration de grande échelle de l’ensemble de la compagnie, et pas seulement des usines, est inévitable », a commenté pour l’AFP Tatsuo Yoshida, analyste automobile chez Sawakami Asset Management.

Le groupe, poursuit-il, se trouve en « surcapacité » en raison des ambitions passées de M. Ghosn, obnubilé par la première place mondiale, même si d’autres voient là une excuse facile.

– Trouver un successeur –

Dans un contexte difficile pour l’industrie, Nissan semble aujourd’hui à bout de souffle. La firme, qui a tardé à renouveler ses modèles, aujourd’hui vieillissants, subit un net recul des ventes de ses voitures aux Etats-Unis et en Europe, sans compter l’impact sur son image de l’affaire Ghosn elle-même.

La compagnie nippone a largement contribué à déclencher la saga en menant l’enquête en interne sur son emblématique patron. Arrêté en novembre, le magnat déchu a depuis été inculpé à quatre reprises par la justice japonaise.

« Il n’y a pas de formule magique pour ressusciter Nissan », mais il faut un « leadership solide » et ce n’est pas le cas de M. Saikawa, qui reste à la direction faute d’autres candidats potentiels, selon l’expert.

Contesté par les actionnaires et peu soutenu en interne du fait de son ancienne proximité avec M. Ghosn, il risque « de ne pas tenir longtemps », pronostique M. Yoshida.

« Une des questions les plus cruciales est de commencer le processus pour identifier un successeur dès que possible », a confirmé Masakazu Toyoda, responsable du comité de nomination. « Nous devons être prêts à tout moment ».

Une chose est sûre, avertit M. Yoshida, « Nissan doit améliorer sans tarder la situation si le groupe veut maintenir ou renforcer sa position » dans une alliance au bord de la rupture.

Les deux partenaires se sont déchirés ces derniers mois autour de l’avenir de leur union née en 1999: Renault, qui détient 43% de son capital, souhaite une intégration plus poussée tandis que Nissan veut à tout prix préserver son indépendance.

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