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Algérie: une réunion d’une association à la pointe de la contestation interdite

Les autorités algériennes ont interdit mardi l’université d’été d’une association citoyenne en pointe dans le mouvement inédit de contestation dont l’Algérie est le théâtre depuis le 22 février, a annoncé celle-ci, le « Rassemblement Action Jeunesse » (RAJ).

« La wilaya (préfecture) de Béjaia vient d’interdire la tenue de l’université d’été du RAJ initialement prévue les 28, 29 et 30 août 2019 » dans la localité de Tichy, à environ 200 km à l’est d’Alger, a indiqué le RAJ sur sa page Facebook.

Les autorités n’ont pas motivé cette décision, a précisé à l’AFP Abdelouhab Fersaoui, le président du RAJ.

« Au moment où le pouvoir appelle au dialogue, il interdit aux Algériens de se réunir et de débattre. Il y a une volonté de casser la dynamique sociale que vit l’Algérie », a regretté M. Fersaoui.

Les autorités ont également interdit mardi une réunion de partis d’opposition prévue mercredi, selon un communiqué reçu par l’AFP.

« Les autorités viennent de nous notifier à 16h00 (15h00 GMT du refus non motivé pour la tenue » d’une réunion prévue mercredi, ont-ils précisé.

Ces partis d’opposition, qui ont établi le 26 juin un « Pacte politique pour une véritable transition démocratique », regroupent notamment le Front des forces socialistes (FFS, plus ancien parti d’opposition, 14 députés sur 462), le Parti des travailleurs (PT, extrême gauche, 11 députés) et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, parti laïc, 9 députés).

« Ces interdictions répétées d’activités de partis politiques et d’associations de la société civile qui militent pour une transition démocratique coïncide avec le discours virulent des tenants du pouvoir qui ne tolère aucune voix discordante », ont-ils souligné.

M. Fersaoui attribue l’interdiction de la réunion du RAJ à l’opposition affichée de son ONG -et de nombreuses autres associations citoyennes- à la présidentielle que veut organiser rapidement le pouvoir pour élire un successeur à Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission par la rue le 2 avril après 20 ans au pouvoir.

« Toute voix discordante par rapport à la voix officielle, celle du pouvoir réel incarné par l’état-major de l’armée, n’est pas la bienvenue », a estimé M. Fersaoui.

Lundi, le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, homme fort du pays depuis la démission de M. Bouteflika, a réclamé que soit accélérée l’organisation de la présidentielle.

« Le pouvoir n’affiche pas de volonté de répondre aux revendications du peuple, il ne se soucie que de faire passer sa feuille de route, qui est l’organisation de la présidentielle. Mais organiser la présidentielle en l’état actuel ne vise qu’à maintenir le +système+ (au pouvoir) en vie », a poursuivi le président du RAJ.

Dans un communiqué, la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH) a dénoncé « ces pratiques autoritaires contraires aux dispositions de la Constitution et aux conventions internationales relatives aux droits de l’Homme (…) garantissant les droits de s’organiser, de se réunir et de s’exprimer pacifiquement ».

« Ces restrictions (…)sont antinomiques avec les revendications du Hirak (mouvement de contestation) qui s’exprime clairement pour un Etat de droit respectueux des libertés », a ajouté la LADDH.

Au lendemain de la démission de M. Bouteflika, le gouvernement avait promis des mesures d’ouverture en direction de la presse et des associations.

Mais depuis juin, des sites d’informations en ligne, dont le ton est jugé critique envers les autorités, ne sont plus accessibles pour les internautes algériens.

Particulièrement suivi depuis le début du mouvement de contestation contre le régime, le site d’informations en ligne TSA (Tout sur l’Algérie), ne peut plus être consulté en Algérie depuis le 12 juin.

Le site, Inter-lignes.com, est également inaccessible depuis le 25 juillet.

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