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Procès Chossat: Richard Casanova, une « victime ordinaire »

« Nous sommes uniquement des victimes »: les proches de Richard Casanova ont tenté mercredi, au procès de son meurtrier présumé, d’effacer le portrait sulfureux de cette figure du grand banditisme corse au sein de la Brise de Mer.

« Richard c’était un très bon père, un très bon mari, un très bon frère », lance d’emblée Sandra Germani, sa veuve, ravalant ses sanglots à l’évocation de Dimitri et Sacha, ses deux enfants, 13 et 3 ans à la mort de leur père.

Considéré par les enquêteurs comme l’un des fondateurs du gang de la Brise de Mer dans les années 70, aux côtés de Francis Mariani, Richard Casanova, alias « Charles » ou « le menteur », a été abattu le 23 avril 2008 par un tireur embusqué sur le parking d’une concession automobile de Porto-Vecchio (Corse du Sud).

« Repenti » autoproclamé et ex-homme de main de Francis Mariani, Claude Chossat, dont l’ADN a été retrouvé sur les lieux, est accusé d’être l’auteur de ce meurtre. Mais il a toujours nié et désigné Mariani. Mort en 2009 dans l’explosion du hangar où il se trouvait, alors qu’il était en cavale, celui-ci soupçonnait Casanova d’avoir tenté de le faire assassiner: amis, les deux hommes seraient devenus rivaux.

« Richard était très protecteur. Il ne faisait pas part de la vie qu’il menait, pour nous protéger », témoigne Sandra Germani, devant les Assises des Bouches-du Rhône, à Aix-en-Provence, où est jugé Chossat depuis lundi. « Oui », le décès de son compagnon a été « un coup de tonnerre dans un ciel bleu ».

« Pas du tout au courant » d’un contentieux entre son compagnon et Mariani, Sandra Germani assure que les deux hommes étaient « amis jusqu’au bout ». Mais elle concède que Chossat lui a mis le doute sur la culpabilité de Mariani. Celle qui aurait inspiré la « Mafiosa » corse de la série télévisée regagne ensuite le banc des parties civiles et retrouve vite le sourire.

– « Une vie atypique » –

Appelée à la barre pour évoquer son frère, Nicole Casanova concède une « vie atypique » auprès de cet homme en cavale pendant 15 ans suite à sa mise en cause dans le casse d’une banque suisse en 1990. Mais pas plus: « On nous a traînés dans la boue. Mon frère est une victime comme une autre. Quand on va le voir c’est devant une pierre tombale », insiste-t-elle.

« On n’a pas des fortunes, nous sommes des gens aisés, mais nous avons travaillé pour ça », assure encore la sœur de Richard Casanova, présenté par l’accusation comme le dirigeant occulte, avec Francis Mariani, des cercles de jeux parisiens Wagram et Eldo. Une activité qui selon Claude Chossat leur assurait à chacun des revenus de l’ordre de 30.000 à 40.000 euros par mois.

Et la sœur de la victime de s’insurger contre la remise en liberté depuis 8 ans de l’ancien homme de main de Mariani, ce « repenti » autoproclamé qui fait passer son frère pour un assassin et n’a pas un mot de « regret ».

« Je ne suis pas un monstre, j’ai de la douleur pour eux », lui répond l’accusé un peu plus tard.

Certes, Chossat n’a pas officiellement le statut de repenti. Mais en brisant la loi du silence il a permis aux enquêteurs de « faire des pas de géants » dans l’affaire des cercles de jeux parisiens et de la Brise de Mer », a affirmé de son côté Claude Choquet, l’ex-juge chargé de coordonner l’enquête.

« Quand il décide de parler, c’est extraordinaire, historique », insiste le magistrat à la retraite, cité par la défense.

« Ce qui se passait en dessous, nous était largement inconnu », ajoute-t-il, saluant « le courage » de cet homme qui aurait pu choisir de « s’évanouir dans la nature »: il a « signé ses procès verbaux », contrairement à « tant d’autres mis en cause » dans les enquêtes en Corse, en butte à l’omerta.

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