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Les discussions sur le climat patinent au sommet européen

Les discussions sur l’engagement de l’UE en faveur de la neutralité climatique à l’horizon 2050 patinaient jeudi soir à Bruxelles, sur des questions de financement et de délai réclamés par trois pays de l’Est, Pologne en tête. »Il y a encore des fossés importants à combler », a confié une source européenne, avant que les dirigeants ne fassent une pause dans les discussions en début de soirée, pour y revenir plus tard après avoir réglé d’autres points à l’agenda.Selon plusieurs sources européennes, la Pologne demande un délai supplémentaire, au-delà de 2050, ce qui lui était refusé « à ce stade ». La date de 2070 a été évoquée.Varsovie s’inquiète des financements qui permettront de soutenir la transition énergétique et souhaite des conclusions plus détaillées pour accompagner tout engagement envers la neutralité climatique.Au lendemain du lancement du « Pacte vert », projet phare de la Commission d’Ursula von der Leyen, un échec serait du plus mauvais effet, au moment où la COP25 touche à sa fin. »Il manque le dernier kilomètre, nous ne sommes pas sûrs d’y arriver », constatait une source européenne aux environs de minuit.Pour son premier sommet, le nouveau président du Conseil européen, Charles Michel, doit convaincre la Pologne, la République tchèque et la Hongrie, pays encore très dépendants des énergies fossiles, et notamment du charbon, qui craignent des conséquences sociales désastreuses. »Nous ne pouvons pas donner notre accord à un modèle de transformation économique dont pâtirait la société polonaise », a averti le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki dès son arrivée au sommet. Selon lui le coût de la transformation énergétique dans son pays « est de loin plus élevé » que dans d’autres pays. « Le délai pour atteindre la neutralité carbone doit varier en fonction du niveau de développement économique des pays », a-t-il plaidé.Une source européenne, qui n’appartient pas au bloc de l’Est, estimait qu’avec un « objectif commun pour 2050 » et des « discussions sectorielles et par pays » à venir, ainsi qu’un « accompagnement financier par pays », il n’était « pas nécessaire que chaque pays ait le même calendrier ». Pour aider les régions et secteurs les plus « vulnérables » dans la transition vers une neutralité carbone, la Commission a prévu un « mécanisme de transition juste » qui pourra mobiliser 100 milliards d’euros d’investissements. – Question nucléaire -Prague voudrait par ailleurs que le nucléaire, énergie faible en émisssions de CO2, soit explicitement mentionné dans les conclusions du sommet, de même que Budapest. Une telle reconnaissance aurait des conséquences financières, en ouvrant droit à des aides et subventions. »Sans le nucléaire, ce n’est pas possible pour la République tchèque », a averti le Premier ministre tchèque Babis qui s’en est pris à l’Autriche, pays farouchement opposé au nucléaire tout comme le Luxembourg et l’Allemagne.Pour le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui a réclamé « des garanties financières claires », « sans énergie nucléaire, il n’y a pas d’économie européenne neutre en carbone ».Mais la perspective de reconnaître le nucléaire a fait s’étrangler le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel. »Chaque pays est libre de choisir son mix énergétique, mais que ce soit financé avec de l’argent du contribuable européen, non, je ne suis pas pour », a-t-il averti.Selon une source européenne, cette difficulté a toutefois été surmontée. « On n’a pas voulu à ce stade entrer dans ce débat de liste d’énergies ».Un projet de conclusions du sommet, vu par l’AFP, reste ouvert sur les moyens pour arriver à la neutralité climatique. Il appelle au « respect du droit des Etats membres à décider de leur bouquet énergétique et à choisir les technologies les plus appropriées ».De son côté le président français Emmanuel Macron a assuré que le nucléaire « peut faire partie » du bouquet énergétique des pays européens sur la route de la neutralité carbone.L’avant sommet a été marqué par un action spectaculaire de Greenpeace, dont une trentaine de militants, trompant la sécurité du siège du Conseil, ont escaladé le bâtiment, déployant une banderole sur « l’urgence climatique » et allumé des fumigènes. La police a procédé à plusieurs dizaines d’interpellations.L’ambition climatique de la nouvelle Commission est largement liée au futur budget pluriannuel de l’UE pour la période 2021-2027. Un sujet épineux mais sur lequel les dirigeants ne se sont pas éternisés jeudi soir.Ils ont chargé le président du Conseil Charles Michel « de faire avancer les négociations ».En pleine réunion, les premières estimations des élections britanniques sont tombées, un résultat décisif pour l’accord de Brexit négocié entre Londres et l’UE.La France s’est félicitée d’une « clarification » par la voix de la secrétaire d’Etat Amélie de Montchalin, au vu des sondages sortie des urnes qui donnent une large majorité à Boris Johnson.L’après-divorce sera évoqué vendredi au second jour du sommet.

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