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Bolsonaro contaminé, l’OMS alerte sur l’accélération de la pandémie

Le président brésilien Jair Bolsonaro, le plus outrageusement « corona-sceptique » des dirigeants mondiaux, a annoncé mardi qu’il avait été testé positif au Covid-19, au moment même où l’OMS mettait en garde contre une accélération de l’épidémie et sur la probable capacité du virus à se transmettre par voie aérienne, soit de manière beaucoup plus contagieuse qu’initialement envisagé.

« Le résultat positif (du test) vient d’arriver », a déclaré M. Bolsonaro lors d’un entretien à plusieurs chaînes de télévision, confiant avoir eu de la température la veille.

« Les médecins m’ont donné de l’hydroxychloroquine et de l’azithromycine (un antibiotique) et après je me suis senti mieux. Je vais parfaitement bien », a ajouté Jair Bolsonaro, 65 ans, évoquant ce premier médicament sujet de tant de débats, un temps adopté par Donald Trump mais dont l’OMS a fini par conclure qu’il n’avait aucun effet bénéfique.

Lundi soir, celui qui n’a cessé de minimiser la gravité de la pandémie qui a pourtant déjà fait quelque 65.000 morts dans son pays, avait annoncé avoir passé une radiographie des poumons à l’hôpital des forces armées.

Fin mars il avait affirmé que « vu (son) passé de sportif », s’il était contaminé « au pire ce serait comme une petite grippe ».

Presque au même moment, à Genève, l’Organisation mondiale de la Santé lançait un nouveau signal d’alarme : l’épidémie de Covid-19 « s’accélère » et a fait 400.000 nouveaux cas au cours du week-end dernier. Le pic n’est pas atteint.

« En réalité certains pays ont fait des progrès significatifs dans la réduction du nombre de décès, alors que dans d’autres pays, les décès sont toujours en augmentation », a expliqué le directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus.

La pandémie a tué à ce jour au moins 538.418 personnes dans le monde.

– Voie aérienne –

Pire, l’organisation a admis que de plus de plus d’éléments tendaient à prouver que le virus se transmettait non seulement par projection de goutelettes ou contact mais aussi par voie aérienne, en suspension dans l’air, après qu’un groupe de 239 scientifiques internationaux a sonné l’alarme sur ce mode de contagion.

« Nous reconnaissons que des preuves émergent dans ce domaine et par conséquent nous devons être ouverts à cette possibilité et à ses implications, ainsi qu’aux précautions qui doivent être prises », a déclaré Benedetta Allegranzi, une responsable de l’OMS.

Car si la situation semble sous contrôle en Europe, continent le plus durement touché par le virus qui y a fait plus de 200.000 morts – dont plus des deux tiers au Royaume-Uni, en Italie, en France et en Espagne – l’inquiétude se renforce en Australie, où plus de cinq millions de personnes ont reçu mardi l’ordre de rester confinées à Melbourne, mais aussi aux Etats-Unis, qui continuent de battre des records de contaminations.

En Australie, le reconfinement à Melbourne (sud-est), ville qui a fait état de 191 nouveaux cas en 24 heures, durera au moins six semaines, a annoncé le Premier ministre de l’Etat de Victoria, Daniel Andrews. Selon lui, sans cette mesure, il y aurait « potentiellement (…) des milliers et des milliers de cas » supplémentaires.

« Je viens d’être embauchée la semaine dernière et les nouvelles restrictions signifient que je vais perdre mon emploi et me retrouver de nouveau sans salaire », a confié à la chaîne locale 7News.Phoebe Askham, barmaid à l’Hotel Lincoln de Melbourne.

En outre, tout l’Etat de Victoria est isolé du reste du pays: policiers et militaires surveillent ses frontières avec drones et avions.

– « Jusqu’aux genoux » –

Les Etats-Unis, le pays le plus touché par la pandémie, ont de leur côté enregistré lundi près de 55.000 nouveaux cas et franchi le cap des 130.000 morts, conduisant le directeur de l’Institut américain des maladies infectieuses, Anthony Fauci, à juger que son pays était encore « enfoncé jusqu’aux genoux » dans la pandémie.

Selon lui, il faut agir immédiatement pour enrayer la résurgence actuelle, notamment dans l’ouest et le sud du pays, alors que le président Donald Trump continue d’affirmer que la crise est « sur le point » de s’achever.

La maire d’Atlanta, Keisha Lance Bottoms, pressentie comme possible colistière du candidat démocrate à la présidentielle Joe Biden, a annoncé mardi avoir été testée positive.

Le gouvernement de Donald Trump a annoncé mardi avoir accordé 1,6 milliard de dollars à la biotech américaine Novavax pour son projet de vaccin, garantissant le cas échéant aux Etats-Unis la priorité des 100 millions de premières doses.

Dans l’immédiat, refuser de porter un masque, c’est aussi « antisocial » que de conduire après avoir bu de l’alcool, a souligné mardi le prix Nobel de chimie Venki Ramakrishnan.

– Explosion en Inde –

Le nombre de contaminations explose aussi en Inde, troisième pays au monde en nombre de cas déclarés (derrière les États-Unis et le Brésil) et qui a franchi mardi la barre des 20.000 morts.

L’épidémie est particulièrement virulente dans les grandes villes de Bombay, Delhi et Chennai.

Tragique au Brésil, la tendance demeure également inquiétante dans plusieurs autres pays d’Amérique latine. L’Argentine a ainsi enregistré lundi un record de 75 décès.

Sur le continent africain, les autorités algériennes ont ordonné mardi le reconfinement pour 15 jours de 18 communes de la wilaya de Sétif, la deuxième préfecture la plus peuplée du pays. Au Kenya, les écoles primaires et secondaires ne rouvriront qu’en janvier 2021, a annoncé mardi le ministre de l’Éducation.

Pays le plus durement touché au Proche et Moyen-Orient, l’Iran a enregistré mardi un nouveau record de morts, avec 200 décès.

Au milieu de ce sombre tableau, une nouvelle positive est arrivée de Chine: l’annonce mardi qu’auncun nouveau malade n’avait été enregistré dans les 24 dernières heures à Pékin, une première depuis un rebond épidémique le mois dernier.

– PIB en chute –

L’Europe s’inquiète toujours d’une résurgence des cas, conduisant à la mise en place de nouvelles restrictions locales. En Espagne, les autorités sanitaires se disent « très préoccupées » par la reprise de l’épidémie dans une région de 200.000 habitants en Catalogne (nord-est), soumise à des mesures d’isolement samedi, à l’instar d’une autre région côtière en Galice (nord-ouest).

Les autorités catalanes ont indiqué mardi vouloir rendre le port du masque obligatoire même quand la distance entre personnes est respectée.

Sur le front économique, l’impact de la crise sanitaire sur le PIB de la zone euro sera pire que prévu: -8,7%, a averti mardi la Commission européenne.

Au Royaume-Uni, pays le plus endeuillé d’Europe avec plus de 44.000 décès, le Premier ministre Boris Johnson a été accusé mardi de déformer la réalité en attribuant à la négligence de maisons de retraite la propagation du virus.

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