in

Justin Trudeau au coeur d’une nouvelle tempête politique

Pour la troisième fois depuis 2017, le Premier ministre canadien Justin Trudeau s’est retrouvé vendredi au coeur d’une tempête mêlant éthique et politique, cette fois pour avoir attribué un important contrat gouvernemental à une association qui a rémunéré des membres de sa famille.

L’opposition conservatrice a réclamé une enquête policière pour savoir s’il y a eu fraude dans l’octroi par M. Trudeau d’un contrat public pour la gestion de près d’un milliard de dollars à une association caritative, We Charity (UNIS en français), contrat qui lui a été retiré depuis.

Or cette ONG a reconnu jeudi avoir payé près de 300.000 dollars (191.000 euros) à la mère, au frère et à l’épouse du chef du gouvernement, contrairement à ce qu’elle avait jusqu’alors affirmé. Et M. Trudeau a reconnu qu’il avait participé aux discussions pour l’attribution de ce contrat, malgré ses liens familiaux avec We Charity.

« Il y a suffisamment de motifs pour que la police enquête dans cette affaire », a déclaré Michael Barrett, porte-parole du Parti conservateur chargé des questions d’éthique.

« Nous avons un contrat de près d’un milliard de dollars qui a été accordé sans appel d’offres par le Premier ministre », a affirmé M. Barrett. « Et nous savons qu’il y a des bénéfices financiers importants qui ont été touchés par la famille du Premier ministre ».

Margaret Trudeau, la mère du Premier ministre, a touché 250.000 dollars pour des discours prononcés lors de 28 événements organisés par l’association WE Charity entre 2016 et 2020, comme l’a révélé la chaîne CBC jeudi. Le frère de M. Trudeau, Alexandre, a lui reçu environ 32.000 dollars pour sa participation à huit événements.

– Appel au retrait –

La chaîne CTV a également révélé que l’épouse du Premier ministre, Sophie, avait reçu 1.500 dollars pour un événement en 2012, avant que M. Trudeau devienne chef du Parti libéral.

« Les proches du Premier ministre sont impliqués auprès d’organisations diverses et soutiennent plusieurs causes personnelles de leur propre chef », a indiqué jeudi dans un communiqué le bureau de M. Trudeau.

Le bureau du Premier ministre avait indiqué mercredi au quotidien Globe and Mail que le couple Trudeau n’avait jamais reçu de sommes d’argent pour leur présence à des événements de l’ONG.

Le Commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique, un officier indépendant du Parlement, a ouvert la semaine dernière une enquête sur le Premier ministre en lien avec le contrat de gestion d’un programme de bourses pour étudiants de 900 millions de dollars canadiens (587 millions d’euros).

Le Parti conservateur juge toutefois cette enquête insuffisante, compte tenu des nouvelles révélations sur les sommes payées à la famille Trudeau avant l’octroi du contrat.

« C’est beaucoup plus sérieux » qu’un « conflit d’intérêts », a déclaré Pierre Poilievre, porte-parole conservateur chargé des finances, en demandant à la police fédérale de détermine s’il y avait eu une « fraude contre le gouvernement ».

Le Bloc québécois (indépendantistes) a lui demandé au Premier ministre libéral de se retirer et d’être remplacé pendant l’enquête par la vice-Première ministre.

« La nature des allégations, l’importance des sommes, l’apparence grossière de conflit d’intérêts, la possibilité qu’il y ait éventuellement des enquêtes à caractère criminel dans ce dossier font qu’il est impossible que le Premier ministre continue à exercer sa fonction », a soutenu son chef Yves-François Blanchet.

« Le contexte ne permet pas une demande de démission: nous sommes en pleine pandémie », a-t-il précisé, dans un communiqué.

WE Charity avait annoncé vendredi dernier son retrait du programme de bourses, invoquant la « controverse » entourant le contrat.

Vendredi après-midi, plusieurs médias ont également affirmé que WE avait également rémunéré une fille du ministre des Finances Bill Morneau.

Le Commissaire à l’éthique a déjà conclu deux fois que le Premier ministre avait enfreint la loi sur les conflits d’intérêts: en 2017, pour avoir accepté des vacances sur l’île privée de l’Aga Khan, et l’an dernier pour avoir tenté d’influencer une procédure judiciaire dans l’affaire SNC-Lavalin.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GIPHY App Key not set. Please check settings

    Les astronomes ont un plan pour détecter un éventuel trou noir dans notre système solaire

    escalade à Bamako, au moins un mort lors de la manifestation contre le président Keïta