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Tariq Ramadan et son accusatrice suisse face à face chez les juges à Paris

Déjà quatre fois mis en examen pour viols, Tariq Ramadan est revenu mercredi au tribunal de Paris pour une affaire dépassant les frontières françaises: l’islamologue était confronté à une femme qui l’accuse de l’avoir violée en 2008 à Genève.

La justice suisse demandait depuis deux ans d’organiser cette audition, mais la détention provisoire du prédicateur entre février et novembre 2018, puis son interdiction de quitter la France par crainte d’une fuite et enfin la crise sanitaire ont, chaque fois, repoussé l’échéance.

« C’est une épreuve pour ma cliente d’être confrontée à lui dix ans après les faits, d’autant qu’elle fait régulièrement l’objet de menaces », notamment sur les réseaux sociaux, a déclaré l’un de ses avocats, Me François Zimeray, interrogé avant l’audition.

Débutée à la mi-journée, celle-ci se poursuivait en début de soirée.

Cette confrontation, menée à huis clos par les juges français en présence du procureur de Genève, est une étape clé dans l’enquête suisse ouverte après la plainte déposée le 13 avril 2018 par cette femme, surnommée « Brigitte ».

A l’époque, cette mère de famille suisse disait avoir surmonté sa crainte de saisir la justice grâce au courage des femmes ayant dénoncé les viols et la double vie de Tariq Ramadan, alors incarcéré en France depuis deux mois.

Dans sa plainte consultée par l’AFP, « Brigitte », aujourd’hui âgée de 54 ans, racontait s’être rendue dans un hôtel de Genève au soir du 28 octobre 2008 pour prendre le thé avec le célèbre prédicateur.

Convertie à l’islam, elle avait fait sa connaissance quelques mois plus tôt à l’occasion d’une séance de dédicace d’un de ses livres à succès. Une deuxième rencontre avait eu lieu en septembre lors d’une conférence, suivie d’une correspondance de plus en plus intime sur MSN et Facebook.

– « Mode opératoire » –

Le soir du rendez-vous, l’islamologue aurait prétexté de devoir repasser son costume pour l’entraîner dans sa chambre. Une fois la porte fermée, il l’aurait soumise à une série d’actes sexuels brutaux, accompagnés de coups et d’insultes, ne la laissant repartir qu’à l’aube.

A l’appui de sa plainte, la Suissesse raconte s’être confiée quelques jours après sur cet « évènement traumatique » à son psychiatre. Ce dernier a décrit aux enquêteurs une « emprise perverse violente qui l’a pétrifiée et privée de ses moyens de défense ».

Interrogé pour la première fois le 16 juillet sur ces faits, Tariq Ramadan a admis l’existence de ce rendez-vous, mais nié toute relation sexuelle avec cette femme, selon un membre de son entourage.

Le récit de « Brigitte » est très similaire à celui de « Christelle », l’une des deux premières femmes à avoir porté plainte en France contre l’intellectuel suisse, l’accusant d’un viol dans un hôtel à Lyon en octobre 2009.

Pour les magistrats français, ces similitudes témoignent d’un « mode opératoire » récurrent employé par Tariq Ramadan pour exercer son emprise sur ses victimes, thèse appuyée récemment par une expertise psychiatrique au cœur du dossier.

Pour la défense de M. Ramadan, qui conteste la validité de cette expertise rendue en mai, c’est au contraire le signe d’une collusion entre plusieurs des plaignantes, des « maîtresses déçues » entrées en contact pour se venger bien avant de déposer plainte.

Depuis février 2018, Tariq Ramadan est mis en examen en France pour « viol » et « viol sur personne vulnérable », pour des faits dénoncés par deux plaignantes, Henda Ayari et « Christelle », respectivement en 2012 à Paris et en 2009 à Lyon.

Deux nouvelles mises en examen, pour des soupçons de viols sur deux autres femmes, en 2015 et 2016, ont été prononcées en février dernier.

Le prédicateur musulman, qui a fini par admettre au cours de l’enquête française avoir pratiqué une sexualité dominatrice avec de nombreuses maîtresses, affirme avoir toujours respecté leur consentement et conteste toutes les accusations de viols portées contre lui.

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