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un policier inculpé, mais pas pour homicide

La justice s’est montrée clémente mercredi en ne prononçant qu’une inculpation indirecte contre un policier impliqué dans la mort d’une Afro-Américaine, Breonna Taylor, en mars lors d’une perquisition controversée, suscitant des manifestations dans les rues de Louisville, dans l’Etat américain du Kentucky.

Brett Hankison, l’un des trois agents ayant fait feu dans l’appartement, est poursuivi pour mise en danger de la vie d’autrui, en l’espèce trois voisins de la victime.

L’agent Hankison a tiré dix balles dont plusieurs ont terminé leur course dans l’appartement voisin de celui de Breonna Taylor, « mettant trois personnes en danger grave de blessures physiques ou de mort », a expliqué le procureur de l’Etat Daniel Cameron.

Selon les médias locaux, il s’est présenté dans une prison de la région puis a été remis en liberté après avoir payé une caution fixée à 15.000 dollars, une somme très basse comparée à d’autres cas similaires. Licencié par la police de Louisville en juin, il risque jusqu’à 15 ans de prison.

Aucune charge n’a été retenue contre ses deux collègues, Jonathan Mattingly et Myles Cosgrove, qui avaient été mis à pied, car ils ont tiré en état de légitime défense, selon le procureur du Kentucky.

L’infirmière de 26 ans avait été tuée en pleine nuit à son domicile le 13 mars quand les trois policiers s’y étaient présentés munis d’un mandat d’arrêt dit « no knock », qui leur permet d’entrer chez un suspect sans s’annoncer.

A leur arrivée, son compagnon avait ouvert le feu avec une arme détenue légalement. Les agents avaient riposté et Breonna Taylor avait été atteinte de plusieurs balles. Son compagnon a ensuite expliqué avoir cru à un cambriolage, les agents ne s’étant pas annoncés. Eux assurent s’être présentés avant d’entrer, une version corroborée par un témoin, selon Daniel Cameron.

Quant aux deux policiers, non inculpés, qui ont tiré sur Breonna Taylor et son compagnon, l’enquête a conclu à la légitime défense, sans parvenir à déterminer quel agent avait tué la jeune femme.

« Selon la loi du Kentucky, l’usage de la force (par les agents) Mattingly et Cosgrove était justifié pour se protéger. Cette justification nous empêche de les poursuivre pour la mort de Breonna Taylor », a dit le procureur.

– Couvre-feu –

« Ma soeur, le système pour lequel tu travaillais si dur t’a laissée tomber », a réagi sur Instagram Juniyah Palmer, la soeur de Breonna Taylor.

L’avocat de la famille de la jeune femme, Ben Crump, a dénoncé dans un communiqué une décision « scandaleuse et insultante » qui est selon lui « un nouvel exemple d’absence de responsabilité pour le génocide des gens de couleur perpétré par des policiers ».

« C’est ironique et typique que les seules charges de cette affaire concernent des coups de feu tirés dans l’appartement d’un voisin blanc », alors qu’une personne de couleur a été tuée, a-t-il ajouté.

Sa mort n’avait pas attiré beaucoup d’attention dans un premier temps, mais elle est revenue sur le devant de la scène dans le cadre des grandes manifestations contre le racisme qui traversent les Etats-Unis depuis la mort de George Floyd, un quadragénaire noir étouffé par un policer blanc à Minneapolis fin mai.

Immédiatement après l’inculpation de Brett Hankison, des manifestants ont dénoncé à Louisville les brutalités policières à l’encontre de la minorité noire. Un important dispositif policier était en place et plusieurs personnes ont été arrêtées dans l’après-midi.

La municipalité, qui a appelé la population au calme, a décrété l’état d’urgence et instauré un couvre-feu à 21H00 locale (01H00 GMT jeudi).

« Je sais que ces charges annoncées aujourd’hui ne satisferont pas tout le monde », a admis le procureur Cameron, avouant avoir eu « une discussion difficile » avec la famille de Breonna Taylor.

« Je comprends tout à fait la souffrance qui résulte de la perte tragique de Mme Taylor. Je le comprends en tant que procureur et en tant qu’homme noir », a-t-il souligné.

Il a appelé ceux qui manifestent dans la rue « à se rappeler que des marches pacifiques » étaient leur « droit en tant que citoyens américains », mais que « provoquer la violence et les destructions » ne l’était pas.

« Chercher la justice par la violence n’est pas rendre la justice, c’est de la vengeance », a-t-il déclaré.

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