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Alice Coffin, la féministe qui « ose pointer les hommes » et divise

Devenue en quelques semaines un des nouveaux visages du féminisme, l’élue écolo parisienne et activiste lesbienne Alice Coffin, qui sort mercredi un livre, assume de cibler les hommes dans ses combats militants comme politiques, quitte à cliver.

A 42 ans, cette journaliste de formation a fait une entrée remarquée en politique en réclamant en juillet le départ du maire-adjoint à la Culture de Paris, Christophe Girard, critiqué pour ses liens avec l’écrivain Gabriel Matzneff, mis en cause pour viols sur mineurs.

Au lendemain d’une manifestation qui a conduit à la démission surprise de ce proche d’Anne Hidalgo, Alice Coffin explose en plein conseil de Paris, criant « la honte, la honte » pendant qu’un hommage lui est rendu.

« C’était fou de l’encenser comme ça. J’avais lu l’article du New York Times sur sa proximité avec Matzneff et je me disais que pour cette raison, symboliquement, il ne pouvait pas accéder au pouvoir », raconte à l’AFP cette femme aux yeux clairs, courts cheveux blonds en bataille, assurant qu’elle ignorait tout à l’époque des accusations de viol aujourd’hui portées contre l’ancien adjoint.

Après un été « compliqué », elle sort mercredi chez Grasset son premier ouvrage, « Le génie lesbien », un « livre de combat » contre « l’invisibilité des lesbiennes » mais aussi « l’androbsession ».

– Blacklistée –

Érigée en « nouvelle harpie du féminisme » par l’hebdomadaire Valeurs actuelles, accusée d’être excessive, soutenue par son groupe écologiste mais blacklistée par la majorité parisienne… Alice Coffin divise et subit insultes et menaces sur les réseaux sociaux, ce qui lui a valu d’être sous protection policière en août.

« Ce qu’on me reproche – et c’est ce que je veux montrer dans le livre – c’est que j’ose pointer les hommes, leurs privilèges et refuser tout ce discours de la complémentarité entre les hommes et les femmes », justifie l’élue, qui n’a « pas peur de prendre la parole ».

Récemment, elle a vu ressortir des images de 2018, où elle déclare sur la chaîne RT lors d’une mobilisation contre la PMA: « Ne pas avoir un mari m’expose plutôt à ne pas être violée, ne pas être tuée, ne pas être tabassée ».

Soutenue via le hashtag #JeSoutiensAliceCoffin, elle se voit cependant reprocher par Anne Hidalgo de se battre « pas pour l’égalité des droits » mais « pour le droit à la différence », et est taxée de « pensée binaire » par la philosophe Elisabeth Badinter.

« Je sais qu’en choisissant la généralisation je déplais, car c’est impossible à entendre qu’il y a un problème masculin », poursuit celle qui enseignait depuis 2012 le journalisme à l’Institut catholique de Paris et n’a pas été reconduite à la rentrée. « Mais c’est un discours politique, bien sûr que je ne pense pas que chaque homme est comme ça ».

Née en 1978 à Toulouse, où ses deux parents étudiaient l’aéronautique, cette aînée d’une fratrie de six a ensuite grandi à Paris.

Elle entre dans l’activisme en 2010 en rejoignant sa mère, Colette, dans le collectif La Barbe, où les militantes s’introduisent grimées de fausses barbes dans des réunions essentiellement composées d’hommes (assemblées générales d’entreprises, conférences) pour y dénoncer la domination masculine des lieux de pouvoirs.

– « Les Z’amours » –

« Elle y a forgé un activisme très concret mais aussi pris des coups, au sens littéral du terme », se rappelle la militante Veronica Noseda, son amie depuis 10 ans, qui a joué dans la même équipe de foot féminin « Les dégommeuses ».

Pour elle, « il y a un décalage entre l’image construite par ses adversaires et ce qu’elle est: une femme chaleureuse, à l’écoute, d’une grande énergie et inventivité ».

En 2018, elles claquent ensemble la porte d’une réunion sur la PMA avec Emmanuel Macron, à laquelle elles s’étaient invitées, critiquant « l’effacement total des lesbiennes sur ce sujet ».

Cofondatrice en 2013 de l’Association des journalistes LGBT (AJL) et porte-voix de la Conférence européenne des lesbiennes, elle raconte dans son livre comment elle a convaincu sa compagne depuis six ans de participer à l’émission télévisée « les Z’amours », où des couples viennent partager leur quotidien. Regrettant qu’elles n’aient finalement jamais été rappelées.

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