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signature samedi d’un accord de paix, reste son application

Le pouvoir et les rebelles au Soudan s’apprêtent à signer samedi à Juba un accord de paix historique, qui met fin à 17 ans d’une guerre meurtrière et ouvre une nouvelle page pour ce pays ruiné, mais des incertitudes demeurent sur son application.

Les adversaires d’hier ont paraphé le texte le 31 août, mais la signature se fera en grande pompe car cette journée sera symbolique à plus d’un titre.

La cérémonie se déroulera à Juba, capitale du Soudan du sud, dont les dirigeants ont combattu durant 40 ans ceux de Khartoum avant d’obtenir leur indépendance en 2011 au terme d’une guerre qui a fait deux millions de morts et quatre millions de déplacés. Aujourd’hui, leurs rapports sont apaisés et même amicaux.

Les signataires abandonnent la musique guerrière pour une mélodie plus pacifique. Les autorités de Khartoum, un pouvoir hybride de militaires et de civils en place après une révolte populaire ayant mis fin en avril 2019 à 30 ans de dictature d’Omar el-Béchir, ont fait de la paix avec les rebelles leur priorité.

« C’est une journée historique. Nous espérons que la signature mettra fin à tout jamais aux combats et ouvrira la voie au développement », a affirmé à l’AFP Souleiman al-Dabailo, membre de la commission gouvernementale pour la paix.

Sous le régime Béchir, les rebelles issus de minorités ethniques s’estimaient marginalisés dans un pays confronté à une grave crise économique, ayant été amputé des trois quarts de ses réserves de pétrole depuis l’indépendance du Soudan du Sud et en raison des sanctions américaines.

– « Réaliste » –

« L’accord est signé par la majorité des mouvements rebelles à l’exception de deux et nous espérons que cette signature encouragera ces derniers à rejoindre le processus car le document aborde les problèmes de manière réaliste et, s’il est appliqué à la lettre, il conduira à la paix », a ajouté M. Dabailo.

Le texte sera signé côté insurgé par le Front Révolutionnaire du Soudan (FRS), une alliance de cinq groupes rebelles et quatre mouvements politiques, issus des régions du Darfour (ouest), du Kordofan-Sud (sud) et du Nil Bleu (sud) et voulant développer leurs régions sinistrées.

Deux autres factions armées, le Mouvement de Libération du Soudan (MLS), branche d’Abdelwahid Nour, au Darfour, et le SPLA-Nord d’Abdelaziz al-Hilu au Kordofan-sud et au Nil bleu ont jusque-là refusé de le signer.

La guerre au Darfour, après son début en 2003, a fait au cours des premières années au moins 300.000 morts et 2,5 millions de déplacés selon l’ONU. Dans les deux autres régions, la guerre a affecté un million de personnes.

L’accord est composé de huit protocoles: propriété foncière, justice transitionnelle, réparations et compensations, développement du secteur nomade et pastoral, partage des richesses, partage du pouvoir et retour des réfugiés et déplacés.

Il stipule également le démantèlement à terme des groupes armés et l’intégration de leurs combattants dans l’armée, qui devra être représentative de toutes les composantes du peuple soudanais.

– Embûches –

« Cette journée marque la réussite de notre révolution et de notre combat contre l’ancien régime. L’accord s’attaque aux racines de la crise, ouvre la voie à la démocratie », a déclaré à l’AFP Oussama Saïd, le porte-parole du FRS.

Pour lui, l’accord s’inscrit dans les mots d’ordre de la révolution « Liberté, paix et justice ». « Il fait juger ceux qui ont commis des crimes contre les Soudanais. »

Mais le chemin est semé d’embûches, relève Osman Mirghani, rédacteur en chef du quotidien soudanais Al Tayyar. L’accord prévoit un partage du pouvoir entre les autorités et les rebelles signataires mais « que se passe-t-il pour les non-signataires? ».

« L’accord va coûter très cher », estime le chercheur Jean-Baptiste Galoppin, spécialiste du Soudan. « Sans aide extérieure, le gouvernement ne sera pas en mesure de le financer car l’économie s’effondre. La priorité financière risque d’être mise sur l’intégration de milliers de combattants aux dépens de leur démobilisation ou des compensations pour les victimes des conflits ».

« Une grande partie des provisions risque de rester lettre morte. Mais là n’est pas l’enjeu. Ce qui se joue, c’est une réorganisation du rapport de force national entre les régions », ajoute-t-il.

A Khartoum, le ministère des Finances a dit mettre au point un plan pour appliquer l’accord. « Les gens qui ont souffert de la guerre ont le droit de bénéficier de la paix par le développement. »

Il a mis l’accent sur les jeunes « qui ont besoin de travailler » et sur les millions de déplacés qu’il faut « aider à retourner chez eux ».

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