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En Bolivie, Arce investi nouveau président, à l’ombre de Morales

Luis Arce est officiellement investi dimanche nouveau président de la Bolivie, au moment où son mentor, l’ancien chef de l’Etat Evo Morales, s’apprête à rentrer dans le pays andin.

L’économiste de 57 ans, élu largement dès le premier tour le 18 octobre avec 55% des voix, aura la rude tâche de réconcilier un pays polarisé par la crise post-électorale qui a secoué le pays pendant un an, et de remettre sur les rails une économie fortement fragilisée par la pandémie de coronavirus.

« Les défis du prochain gouvernement sont de réconcilier un pays divisé et de trouver des solutions à de multiples crises », explique à l’AFP le politologue Carlos Cordero.

La Bolivie traverse une grave crise politique depuis la présidentielle d’octobre 2019 et la confusion qui a entouré les résultats donnant vainqueur le président en exercice, Evo Morales, qui briguait un quatrième mandat.

L’opposition avait crié à la fraude, les rues avaient été prises d’assaut et l’armée avait finalement lâché Evo Morales, qui s’était réfugié au Mexique puis en Argentine. Un gouvernement intérimaire avait été mis en place jusqu’à l’organisation d’un nouveau scrutin.

Outre la polarisation politique, les tensions entre régions andines et riches plaines agricoles, entre villes et campagnes, ainsi que le manque d’indépendance de la justice minent le pays de 11 millions d’habitants.

Luis Arce va devoir régler ces crises « tout en changeant de style de gouvernement », estime M. Cordero, dans une allusion au mode de gouvernement intransigeant, voire « autoritaire » de celui qui fut le premier président indigène du pays.

Gouverner pour tous a notamment été une des promesses de campagne de Luis Arce, candidat du Mouvement vers le socialisme (MAS), fondé par Evo Morales.

« Débarrassons-nous des idéologies qui nous divisent, nous confrontent et nous accablent de fausses polémiques, de racisme, de nationalisme, de régionalisme et de luttes de pouvoir. Construisons une société unie qui respecte notre diversité », a exhorté de son côté l’Eglise catholique bolivienne.

– L’encombrant Evo Morales –

Mais le nouveau président va devoir aussi faire avec la figure encombrante de son mentor, à la tête du pays pendant 13 ans (2006-2019) et qui a confirmé qu’il rentrerait en Bolivie dès lundi pour se rendre par la route depuis la frontière argentine jusqu’à son fief de Chapare (centre).

Le plus grand défi du nouveau gouvernement « est de consolider sa propre légitimité face à une figure aussi forte et agressive médiatiquement qu’Evo Morales », estime auprès de l’AFP la politologue Ximena Costa.

Selon elle, dès le départ, Luis Arce, qui fut ministre de l’Economie d’Evo Morales pendant la quasi-totalité de ses trois mandats, va devoir faire comprendre qu’il sera bien le dirigeant de la Bolivie et non l’homme de paille de l’ancien président.

Le retour d’Evo Morales risque bien d’être « un casse-tête pour le nouveau gouvernement » estime Mme Costa, qui n’exclut pas que son retour « affaiblisse les nouveaux dirigeants et les fassent apparaître comme des marionnettes ».

L’autre grand défi pour le nouveau gouvernement sera de répondre à la crise économique.

Luis Arce est considéré comme l’architecte du « miracle économique bolivien » sous la présidence Morales qui a vu le PIB atteindre des chiffres record de croissance, jusqu’à 6%, et la pauvreté chuter de 60% à 37%. Une croissance favorisée par la flambée des matières premières.

Mais la situation n’est plus la même, notamment en raison des conséquences de la pandémie : en juin, l’économie bolivienne a plongé de 11%, le déficit budgétaire est de 9%, sans compter un creusement de la dette publique et une diminution des recettes fiscales.

Dans ce contexte particulièrement défavorable, Luis Arce devra à nouveau démontrer sa capacité à faire des « miracles », mais il devra aussi trouver un soutien politique au-delà de son gouvernement, estiment les analystes.

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