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au procès de la mort de Yanis, les enquêteurs à la barre

« Il avait l’intention de faire mal »: au procès de la mort de Yanis, cinq ans, décédé en 2017 lors d’une punition par son beau-père, deux enquêteurs ont détaillé mardi le calvaire infligé à l’enfant, s’interrogeant sur le caractère « volontaire » de l’homicide.

« Yanis ne s’est pas infligé ses blessures seul, elles ne sont pas accidentelles », lance devant la cour d’assises du Pas-de-Calais l’adjudant chargé de la direction de l’enquête, face à un accusé, Julien Masson, qui martèle la thèse d’un « accident ».

L’enfant « est décédé des suites d’une succession d’actes violents et volontaires de Julien Masson », alors qu’il courait au bord d’un canal en pleine nuit d’hiver, « puni après avoir fait pipi au lit », assène le gendarme.

Pour lui, « le résultat de l’enquête peut laisser penser (que l’accusé) avait l’intention de faire mal, si ce n’est de condamner le petit ».

Cheveux bruns coupés ras, Julien Masson, 34 ans, s’agace dans le box. Jugé pour « homicide volontaire » sur le fils de sa compagne dans la nuit du 5 au 6 février 2017, il est aussi poursuivi pour des violences régulières sur l’enfant depuis août 2015. La mère, Emilie Inglard, est elle jugée pour n’avoir pas empêché le crime.

Cette nuit-là, lorsque les gendarmes arrivent à Aire-sur-la-Lys prévenus par le beau-père, Yanis gît allongé sur une veste, trempé et presque nu dans la nuit glacée, face à la propriété de Julien Masson. Son corps porte des « griffures, marques de coups » et une « plaie sanguinolente au cuir chevelu ».

– « Un casse-cou » –

Dès le départ, le couple explique que Yanis s’est réveillé « après avoir fait pipi au lit » et qu’ils ont décidé de le punir, « comme ils en ont l’habitude, en le faisant courir sur le chemin de halage, pour lui +remettre les idées en place+ », rapporte l’enquêteur.

D’après l’enquête, l’enfant a couru ou marché « pendant au moins deux heures », a été immergé dans le canal, et présentait des ecchymoses et lésions « récentes et anciennes ». Julien Masson a donné plusieurs versions au cours de l’instruction, évoquant un « malaise » du petit garçon et des chutes successives.

Il a admis quelques « coups légers » sur le crâne et « une tape » avec une lampe torche, retrouvée cassée.

Le chemin était recouvert de « grosses pierres » et difficilement praticable, fait remarquer l’un des avocats de la défense Gabriel Duménil. L’enfant a « chuté à plusieurs reprises », expliquant une partie des blessures, ajoute-t-il, soulevant aussi certaines négligences des gendarmes au moment du relevé des scellés.

Yanis « était un casse-cou, qui tombait souvent », affirme pour sa part Emilie Inglard, interrogée sur des photos de l’enfant montrant des traces de blessures. Selon plusieurs expertises, les lésions relevées, pour certaines anciennes, sont pourtant « incompatibles » avec des chutes accidentelles.

– Environnement « honteux » –

Le regard fixe et lointain, l’accusée ne laisse percer aucune émotion tandis que défilent des clichés de Yanis, certains où il apparaît jovial. L’une des tantes fond elle en larmes.

Le cabanon où la famille passait des week-ends, dont celui du drame, était « totalement insalubre », décrit pour sa part un technicien en identification criminelle.

« C’était totalement inadapté à un enfant, (…) honteux », juge-t-il, commentant des photographies du « coin cuisine » jonché « d’aliments moisis », du salon au désordre indescriptible, et de l’unique matelas visiblement sale, posé au sol près d’un « seau et d’une chaise qui faisaient office de WC ».

A l’ouverture du procès, lundi, Julien Masson, s’est défendu d’être un « marginal », se présentant comme inséré « dans le système ».

« Dirigiste », « égoïste », « colérique », il a aussi été décrit comme sans repères affectifs, en rupture depuis ses 16 ans avec une mère qui l’a portraituré en « monstre ».

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