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la famille de l’unique condamné veut prouver son innocence

La famille de l’unique condamné pour l’attentat meurtrier de Lockerbie en 1988, le Libyen Abdelbaset Ali Mohamed al-Megrahi, aujourd’hui décédé, espère prouver son innocence avec l’appel contre sa condamnation à vie, dont la justice écossaise a débuté mardi l’examen.

« Aucun jury raisonnable, correctement orienté, n’aurait pu rendre le verdict qu’il a rendu, à savoir la condamnation de M. Megrahi », a déclaré Claire Mitchell, l’une des avocates de la famille en s’adressant aux cinq juges de la Haute Cour de justice à Edimbourg.

La plus haute juridiction pénale d’Ecosse examine l’appel jusqu’à vendredi par vidéoconférence, pandémie oblige, et rendra une décision ultérieurement.

Agent des services de renseignement libyens, Megrahi avait toujours clamé son innocence. Il avait été condamné à la prison à vie, en 2001, par une cour spéciale écossaise établie en terrain neutre aux Pays-Bas, avec un minimum de 27 ans, pour l’attentat à la bombe contre le Boeing 747 de la Pan Am.

L’appareil, qui reliait Londres à New York, avait explosé le 21 décembre 1988 au-dessus du village écossais de Lockerbie, tuant 270 personnes. Il s’agit de l’attentat le plus meurtrier jamais commis sur le territoire du Royaume-Uni.

– « 271e victime » –

Megrahi avait été libéré en 2009 pour raisons médicales et est mort en 2012 à l’âge de 60 ans dans son pays, où il avait été accueilli en héros.

Son fils, qui avait 8 ans lors du procès, « dit que jusqu’à son dernier souffle, il a maintenu son innocence », a indiqué son avocat Aamer Anwar juste avant le début de l’audience. « Les Megrahi considèrent leur père comme la 271e victime de Lockerbie ».

En mars, saisie par la famille du Libyen, la Commission écossaise de révision des condamnations pénales (SCCRC) avait décidé de saisir la Haute Cour de justice, n’excluant pas une « erreur judiciaire ».

Cette commission avait estimé que le verdict était « déraisonnable » en raison de la faiblesse des preuves produites pour retenir la culpabilité de Megrahi.

Ainsi, a souligné Claire Mitchell mardi, des doutes subsistent sur l’identité de la personne ayant acheté, à Malte, la valise contenant la bombe, ainsi que sur la manière dont cette valise y a été chargée dans un avion avant de se retrouver sur le vol de la Pan Am.

En août, la Haute Cour avait accepté d’examiner sur le fond l’appel de la famille.

« Il y a finalement un espoir que nous arrivions au bout d’un très long chemin, en près de 32 ans de lutte (des familles) pour la vérité et la justice », a commenté Aamer Anwar.

– Documents secrets –

Les représentants de la famille Megrahi regrettent toutefois la confirmation par la Haute Cour vendredi d’une décision du chef de la diplomatie britannique, Dominic Raab, d’empêcher durant l’examen de l’appel la divulgation de documents classifiés liés à l’affaire, au motif que « cela causerait un réel dommage à la sécurité nationale du Royaume-Uni », notamment en matière d’anti-terrorisme.

Ces documents évoqueraient l’implication, dans la fabrication de la bombe, d’un agent de renseignement jordanien au sein du Front populaire de libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG), selon The Guardian.

Lors du procès en 2001, les juges avaient rejeté une théorie mettant en cause l’Iran, la Syrie et ce groupe palestinien pro-syrien, qui auraient agi en représailles à la destruction accidentelle d’un avion iranien par un missile américain en juillet 1988, ayant fait 290 morts.

Ces documents sont essentiels pour l’appel, selon l’avocat Aamer Anwar, en prévenant que son équipe avait « l’intention de divulguer d’importants éléments sur le rôle d’individus, de nations et leurs responsables politiques ».

« Pour la famille de Megrahi et de nombreuses familles de victimes britanniques soutenant aussi l’appel, une révision du verdict soutiendrait leur opinion que les gouvernements américain et britannique (…) vivent dans un mensonge monumental depuis 31 ans, emprisonnant un homme qu’ils savaient innocent », a-t-il insisté.

Un premier appel d’Abdelbaset al-Megrahi avait été rejeté en 2002. Une première fois saisie, la SCCRC avait estimé en 2007 qu’il devait pouvoir bénéficier d’un nouveau recours mais le condamné y avait renoncé en 2009.

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