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municipales dimanche, un œil sur la présidentielle

Les Brésiliens votent dimanche pour des municipales assombries par la crise du coronavirus et qui donneront des indications sur l’état des forces en présence avant la présidentielle de 2022 où Jair Bolsonaro remettra son mandat en jeu.

Le président d’extrême droite avait été confortablement élu en 2018 mais il a enregistré un revers au 1er tour des municipales du 15 novembre, lorsque la majorité de ses candidats ont été recalés et les partis traditionnels de la droite et du centre ragaillardis.

Son idole Donald « Trump aurait dit: il a soutenu +une bande de losers+ », a déclaré à l’AFP le politologue David Fleischer, de l’Université de Brasilia. Jair Bolsonaro « n’est pas en grande forme pour 2022 », ajoute M. Fleischer, rappelant par ailleurs qu’il va être affaibli et isolé après le départ de M. Trump de la Maison Blanche.

Dimanche, les Brésiliens éliront les maires et conseillers municipaux de 57 villes dans le cadre de ce scrutin – le premier à mi-mandat de Jair Bolsonaro — qui donnera une idée des défis auxquels il sera confronté à deux ans de la présidentielle.

– Une nouvelle gauche –

A Sao Paulo, capitale économique du Brésil, le maire sortant Bruno Covas du PSDB (centre droit) affronte Guilherme Boulos, du Parti socialisme et liberté (Psol), chef du Mouvement des travailleurs sans toit (MTST).

La réélection de Bruno Covas, 40 ans seulement, devrait être aisée à en croire un sondage Datafolha qui lui accorde une avance de huit points.

Mais Guilherme Boulos, à 38 ans, a été la surprise du premier tour après avoir facilement battu un candidat du camp Bolsonaro et un autre du Parti des Travailleurs (PT) de l’ex-président Luiz Inacio da Silva.

Ce trentenaire charismatique pourrait être le nouveau visage d’une gauche brésilienne qui avait été terrassée par la destitution de la présidente Dilma Rousseff en 2016 puis l’emprisonnement de son chef historique Lula en 2018, pour corruption.

Mais M. Covas, qui se bat contre un cancer de l’appareil digestif, se prévaut de l’appui du gouverneur de l’Etat de Sao Paulo, Joao Doria, son prédécesseur et mentor, candidat probable à la présidentielle de 2022.

Dans l’autre métropole sur laquelle se fixera l’attention au soir du 2e tour, Rio de Janeiro, deuxième ville du pays, l’ex-maire Eduardo Paes (2009-2016) du parti DEM (droite) est donné largement favori devant l’édile sortant Marcelo Crivella. Ce dernier, ex-pasteur néo-pentecôtiste (Republicanos, droite), s’était qualifié sans gloire pour le 2e tour.

La ville de Recife (nord-est) va offrir une joute intéressante, aux goûts de lutte familiale entre cousins et tenants de la jeune garde progressiste: Joao Campos, 26 ans, du Parti socialiste brésilien (PST, centre gauche), contre Marilia Arraes, 36 ans, du PT.

Porto Alegre (sud) sera aussi scruté avec attention: Manuela d’Avila, jeune elle aussi (39 ans), s’est qualifiée pour le 2e tour sous l’étiquette du Parti communiste du Brésil, alliée au PT.

Elle est opposée au candidat centriste Sebastiao Melo dans cette ville secouée entre les deux tours par de violentes manifestations après la mort d’un homme noir sous les coups de vigiles blancs, dans un supermarché Carrefour.

– Partis traditionnels renforcés –

La pandémie de coronavirus a motivé un report de six semaines de ces élections, organisées avec de strictes mesures sanitaires.

Le Covid-19 a plongé le Brésil dans la récession, ce qui pour les analystes expliquerait les mauvais résultats des candidats de Jair Bolsonaro.

Sur les 13 qu’il a soutenus, deux ont remporté une mairie et deux autres sont passés au 2e tour, avec M. Crivella et le capitaine de police de réserve Wagner Sousa Gomes, à Fortaleza (nord-est).

Après une errance qui l’a vu successivement affilié à neuf formations politiques, Jair Bolsonaro est aujourd’hui sans parti.

Et ce sont les vieux partis de l’échiquier politique brésilien qui ont été renforcés par le 1er tour.

« Les partis traditionnels du centre et du centre droit ont reconquis l’espace perdu sous Bolsonaro et l’extrême droite », dit Marjorie Marona, politologue de l’Université fédérale du Minas Gerais.

Le message du 1er tour semble avoir été que « Bolsonaro n’est pas le phénomène que les gens ont imaginé », dit Michael Mohallem, analyste à la Fondation Getulio Vargas. « Si cette impression se confirme, il aura du mal à être réélu » en 2022.

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