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la seconde vie du camp de réfugiés d’Oum Raquba

Avec le bruit des marteaux sur les planches, le crissement des pelles contre le sol et les cris joyeux des élèves dans les classes, le camp de réfugiés d’Oum Raquba au Soudan retrouve une seconde vie près de deux semaines après sa réouverture pour accueillir des milliers d’Ethiopiens.

« Il y a un mois, c’était un bout de désert. Aujourd’hui c’est redevenu une ville », affirme à l’AFP Abdel Basset Abdel Ghani, directeur du camp construit dans les années 1980 pour aider les Ethiopiens pendant la pire famine dans leur pays. Il a été fermé en 2000.

Vingt ans plus tard, il a été remis d’urgence en service. Depuis le lancement le 4 novembre de l’offensive de l’armée éthiopienne contre la région rebelle du Tigré, près de 9.700 personnes s’y sont réfugiées, selon le Haut commissariat pour les réfugiés (HCR).

Au total, à ce jour, près de 45.000 Ethiopiens ont franchi la frontière.

Tasfai Burhani et sa femme, arrivés jeudi du centre de transit de Hamdayit, dans la province voisine de Kassala, montent leur hutte sur le terrain de 200 m2 qui leur a été attribué. Et on leur a fourni des planches, du chaume, des outils et une pelle. Maintenant, c’est à eux de travailler.

« Nous montons notre habitation avec les matériaux qui nous ont été donnés. Pour l’instant, on va vivre ici et après nous verrons bien », affirme cet agriculteur d’une vingtaine d’années.

Depuis la réouverture du camp, 2.100 huttes ont été montées.

« Mais pour combler le fossé entre la demande et les structures existantes, mon plan est de construire 3.000 huttes supplémentaires, assure M. Abdel Ghani.

D’autres réfugiés, peu bricoleurs ou persuadés que leur exil sera bref, ont opté pour les tentes blanches distribuées par le HCR.

– Occupation exponentielle –

« Le camp peut accueillir 20.000 personnes mais le nombre d’arrivées chez nous augmente sans cesse », ajoute le directeur du camp situé à 80 kilomètres de la frontière, en plein désert.

L’occupation du sol est exponentielle, a constaté l’AFP.

Au début, toutes le cahutes se trouvaient au milieu d’Oum Raquba mais aujourd’hui elles s’étirent jusqu’à un kilomètre du centre.

C’est le seul camp d’accueil érigé par les autorités. Les autres sites près de la frontière sont des centres de transit, pour inscrire et immatriculer les nouveaux arrivants qui sont ensuite dirigés vers Oum Raquba.

Assis sur le sol, sans cahiers, ni stylos, ni tableau noir, une cinquantaine d’enfants répètent à haute voix après l’instituteur les chiffres de un à dix. Ravis manifestement d’avoir retrouvé l’école après le traumatisme de la fuite et de la guerre.

« Nous avons ouvert deux écoles, de cinq classes chacune pouvant accueillir 50 élèves environ. Avec les rotations, chaque école reçoit quotidiennement 600 élèves de 7 à 17 ans », explique à l’AFP Will Carter, directeur pour le Soudan de Norwegian Refugee Council (NRC).

« Notre chance est que parmi les réfugiés se trouvent des enseignants qui dispensent des cours élémentaires de mathématiques, en langue tigréenne et en anglais », ajoute-t-il.

Selon le HCR, 45% des réfugiés sont des enfants.

Des blocs de quatre sanitaires ont été disséminés dans le camp. « Par chance, la région possède beaucoup d’eau (en sous-sol) même si les installations sont de mauvaise qualité », selon M. Abdel Ghani.

L’UNICEF a installé des citernes d’eau potable.

Au centre du camp, plusieurs organisations internationales ont ouvert des bureaux côte à côte où des réfugiés se présentent en espérant obtenir une aide.

De petits étals de légumes ont même surgi. Certaines personnes préfèrent se procurer les ingrédients auprès de l’ONU et préparer les repas chez eux en famille.

Mais la plupart des réfugiés attendent trois fois par jour devant les tentes du Programme Alimentaires mondial pour se sustenter.

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