Le groupe du Front Polisario du Sahara Occidental a bombardé la zone tampon de Guerguerat sous contrôle marocain dans l’extrême sud du territoire désertique lors d’une attaque nocturne à Rabat décrite comme faisant partie d’une « guerre de propagande ».
« L’armée sahraouie a lancé quatre roquettes en direction de … Guerguerat », à la frontière entre le Maroc et la Mauritanie, a indiqué dimanche l’agence de presse sahraouie SPS dans un communiqué, citant un chef militaire des forces séparatistes sahraouies.
Le Maroc a lancé le 13 novembre une opération militaire dans la zone tampon de Guerguerat, à l’extrême sud de l’ancienne colonie espagnole, pour chasser un groupe de militants sahraouis qui bloquaient une route de transit vers la Mauritanie voisine.
Le communiqué du SPS faisait également état d’attaques le long du mur de sécurité qui sépare les combattants sahraouis des forces marocaines dans la vaste étendue désertique.
« Il y a eu un incendie de harcèlement près de la zone de Guerguerat, mais cela n’a pas eu d’effet la route nationale, la circulation n’a pas été perturbée », a déclaré un haut responsable marocain contacté par l’Agence France-Presse (AFP). « Cela fait partie d’un cycle de harcèlement depuis plus de trois mois », a-t-il déclaré. « Il y a une volonté de créer une guerre de propagande, une guerre médiatique, sur l’existence d’une guerre au Sahara », mais « la situation est normale », at-il ajouté.
Le Sahara occidental est une ancienne colonie espagnole disputée et divisée, principalement sous le contrôle du Maroc, où les tensions avec le mouvement soutenu par l’Algérie mijotent depuis les années 1970. En novembre, le Maroc a envoyé des troupes dans une zone tampon patrouillée par les Nations Unies pour rouvrir une route clé menant à la Mauritanie.
Le Front Polisario a répondu en déclarant nul et non avenu un cessez-le-feu de 1991, arguant que la route n’existait pas lorsque la trêve a été signée. Les deux parties auraient depuis échangé des tirs réguliers le long de la ligne de démarcation.
L’accord de cessez-le-feu soutenu par l’ONU était censé conduire à un référendum d’autodétermination. Le Maroc a offert l’autonomie du territoire mais maintient que le territoire est une partie souveraine du royaume.
Les négociations menées par l’ONU entre le Maroc et le Front Polisario, avec l’Algérie et la Mauritanie comme observateurs, sont suspendues depuis mars 2019.
Le Front Polisario, qui a mené une guerre pour l’indépendance du Maroc de 1975 à 1991, a déclaré qu’il était toujours disposé à se joindre aux négociations de l’ONU sur l’avenir du territoire – mais qu’il ne déposerait pas les armes.
« Par le passé, nous avons mis toute notre confiance dans la communauté internationale et avons définitivement mis fin à notre lutte armée », a déclaré mardi un haut responsable de la sécurité du Polisario, Sidi Ould Oukal. « Nous avons attendu 30 ans. Trente ans de promesses non tenues, de prévarication et d’attente intenable. »
Ould Oukal a insisté sur le fait que le groupe était «ouvert à toute médiation». « Mais en même temps, nous poursuivrons la lutte armée, sur la base des expériences passées », a-t-il déclaré.
De son côté, la position du Maroc a été renforcée l’an dernier par la reconnaissance américaine de sa souveraineté sur l’ensemble du territoire contesté, brisant des décennies de précédent. Cette décision a été prise sous l’égide du président Donald Trump en échange de la normalisation des relations de Rabat avec Israël.
Trump a annoncé le 10 décembre que les États-Unis reconnaîtraient la revendication du Maroc sur le Sahara occidental dans le cadre d’un accord pour que le pays d’Afrique du Nord normalise ses relations avec Israël. L’administration Trump avait mis la priorité sur la conclusion de tels accords entre les États arabes et Israël en conclu quatre avec les Émirats arabes unis (EAU), Bahreïn, le Soudan et le Maroc.
La décision américaine de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental a suscité des critiques de l’ONU ainsi que des alliés américains en Afrique et au-delà. Des observateurs africains ont déclaré que cela pourrait déstabiliser la région dans son ensemble, luttant déjà contre les insurrections et le trafic de migrants, comme l’a rapporté l’Associated Press (AP).
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