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sans son drapeau, la Russie retrouve des couleurs

La Russie, dont la sélection masculine vit un sérieux déclin depuis une décennie, redresse la tête au Mondial de handball en Egypte; sans nom ni drapeau après son exclusion des grandes compétitions pour dopage et tricheries.

Géant du sport mondial puni pour une cascade de tricheries, la Russie a été exclue des grandes compétitions internationales jusqu’au 16 décembre 2022, mais ses athlètes peuvent concourir sous bannière neutre s’ils n’ont jamais été convaincus de dopage, a tranché le Tribunal arbitral du sport (TAS) mi-décembre.

Le Mondial de hand est la première compétition d’envergure internationale depuis cette décision. La Russie y est bien présente, mais sous l’appellation « Fédération russe de handball » (RHF) dont le logo remplace partout le drapeau blanc-bleu-rouge. Les Russes sont aussi privés d’hymne, remplacé par celui de la Fédération internationale (IHF).

Ses représentants ont appris à faire avec, ou plutôt sans. « Dans l’hôtel et partout, on est +comme+ les Russes mais quand on sort sur le terrain, c’est un peu bizarre », explique à l’AFP, dans un survêtement bleu et noir sans signe distinctif, le demi-centre Sergey Kudinov.

Le capitaine Daniil Shishkarev, 32 ans, appréhendait le premier match contre le Bélarus (32-32): « Nous ne savions pas quelles seraient nos émotions. Quand tu écoutes l’hymne national, les émotions affleurent ».

– « Dans nos coeurs » –

Mais pour le demi-centre Dmitry Zhitnikov, les Russes ont fait de cette perte d’identité une force: « C’est dur d’expliquer à quel point il est difficile de jouer sans notre hymne et notre drapeau, mais je pense que c’est comme une motivation pour nous. Nous savons que c’est de la politique et nous essayons de montrer à tout le monde qu’on peut nous prendre n’importe quoi mais que nous jouerons de la même manière. Le drapeau et l’hymne sont dans nos coeurs. »

« Parce que ça nous touche, on est plus agressifs et peut-être que ça nous a aidés », abonde en français Kudinov, joueur de Chartres depuis 2014. « Ce n’est pas ce qu’on veut mais, dans cette situation exceptionnelle, c’est une motivation. »

Ce supplément d’âme est-il suffisant pour expliquer le bon tournoi des handballeurs russes? En 2018, leurs homologues du hockey sur glace avaient remporté le tournoi olympique sous l’appellation « Athlètes olympiques de Russie » et la bannière du CIO, pour les mêmes raisons.

En Egypte, les Russes ne voient pas aussi loin. Longtemps place forte du handball masculin (quatre titres olympiques, trois mondiaux et un européen en incluant l’époque soviétique), la Russie a depuis baissé de niveau, comme en témoignent ses non qualifications pour les JO de 2012 et 2016, sa récente 14e place au dernier Mondial, en 2019. Après sa 22e place à l’Euro-2020, l’équipe de Shishkarev ne doit sa présence au Caire qu’à une invitation de l’IHF.

– Un étranger pour reconstruire –

Pour guider le chantier de reconstruction, la RHF a opté pour une petite révolution en nommant le Germano-Bosnien Velimir Petkovic sélectionneur: pour la première fois, l’équipe russe est dirigée par un étranger.

Petkovic « a d’abord changé l’ambiance, il a fait en sorte que nous nous rapprochions les uns des autres, de nous sentir comme dans une famille », explique Zhitnikov. « Ensuite, il a complètement changé notre système en nous demandant de courir plus, de miser sur les contre-attaques, d’accélérer le jeu, un jeu un peu à l’allemande », ajoute le demi-centre.

« Sa tactique, c’est de bien défendre et de marquer les buts les plus faciles possibles », estime Kudinov qui souligne la qualité du travail mental réalisée par le technicien.

Résultat, les Russes sont encore en lice pour les quarts de finale avant leur dernier match dimanche contre la Suède. Ils ont notamment réalisé un petit exploit face à la Slovénie (31-25), demi-finaliste à l’Euro.

« J’étais fier de ces gars après le match contre la Slovénie, ils ont donné le meilleur d’eux-mêmes », dit Shishkarev, « mais j’espère que notre meilleur match sera demain contre la Suède ».

« Personne ne sait jusqu’où on peut aller, maintenant », ose même Zhitnikov. Un quart de finale serait une drôle de revanche pour ces Russes privés d’identité.

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