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au chevet des malades d’Ebola, les soignants visent le risque zéro

Une combinaison blanche intégrale, des bottes, des lunettes protectrices, un masque sur la bouche, deux paires de gants… aucun centimètre de peau ne doit être oublié lorsqu’on soigne des malades d’Ebola.

Même si la médecine a fait des progrès pour faire face à cette fièvre hémorragique identifiée dans les années 1970 dans l’actuelle République démocratique du Congo (RDC), le personnel du petit Centre de traitement des épidémies (Cetépi) de Nzérékoré, dans le sud de la Guinée, ne veut prendre aucun risque et applique les consignes à la lettre, a constaté un journaliste de l’AFP.

Dans leurs tenues de protection, les soignants qui s’occupent des huit cas positifs et des quatre cas suspects sont méconnaissables.

Celui qui a marqué sur sa cagoule « Dr Kourouma » est visiblement pressé. « Dès que je suis dans la combinaison, la sueur commence à couler, faut que je file pour installer le malade qui est là », dit-il.

Ebola a fait au début du mois sa réapparition dans cette région forestière voisine du Liberia, de la Sierra Leone et de la Côte d’Ivoire, cinq ans après la fin de l’épidémie qui avait fait plus de 11.300 morts de 2013 à 2016 en Afrique de l’Ouest.

Le bilan reste jusqu’à présent modéré: une dizaine de contaminations et entre 5 et 8 décès, selon les sources, et pas d’expansion au-delà des frontières guinéennes.

– Chances de survie –

Pour éviter un scénario catastrophe, les autorités guinéennes, des ONG comme MSF et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont rapidement réactivé leurs dispositifs. En moins de 10 jours, une campagne de vaccination visant les « cas contacts » des premiers infectés et le personnel médical a été lancée.

A Nzérékoré, le centre de traitement se niche au bout d’une piste étroite et cabossée. Il est composée de quelques maisonnettes oranges et de deux bâtiments administratifs, protégés d’un simple grillage vert à travers lequel on peut observer les allées et venues.

« Il n’y a rien à cacher, contrairement à ce que croient ceux qui pensent que nous manipulons des cadavres », explique le Dr Dally Muamba, envoyé ici par l’ONG spécialisée dans l’aide médicale d’urgence Alima.

« Aujourd’hui, nous avons des traitements spécifiques qui ont fait leurs preuves en RDC, les anticorps mono-clonaux extraits des personnes guéries et qui se donnent par voie injectable pour renforcer l’immunité des patients », explique-t-il.

« Il faut que les gens comprennent qu’un centre de traitement Ebola n’est pas un mouroir. Les chances de survie des patients sont très élevées aujourd’hui », ajoute le médecin.

– « Affronter le démon » –

Un homme d’âge moyen sort d’une maisonnette, les deux bras perfusés, et s’assied sur une chaise en plastique, l’air abattu. Il vient d’apprendre qu’il a Ebola.

C’est un survivant de la première épidémie, surnommé « Dr Papus », qui lui annonce la mauvaise nouvelle et tente de le rassurer.

« Je leur dit que j’ai affronté cette maladie, qu’il ne faut pas baisser les bras », raconte ce volontaire chargé de sensibiliser les populations, dont le père et l’oncle ont été emportés par Ebola en 2014. Il explique qu’à l’époque, lui non plus ne « croyait pas » à l’épidémie avant de tomber gravement malade, puis de guérir.

« Puisque je suis déjà immunisé, il faut que j’aide les autres, que je reparte affronter ce même démon », dit-il.

Tous ne s’en sortent pas aussi bien. Jeudi soir est arrivé un pick-up de la Croix-Rouge, la peinture délavée par les nombreuses désinfections au chlore. Un malade est décédé et il faut emporter son corps pour procéder à un enterrement qui doit, lui aussi, être sécurisé.

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