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Sans supporters, les clubs sud-américains souffrent à domicile

Sans supporters, fini l’avantage du terrain ? Privées de leurs bouillants « hinchas » en raison des huis clos sanitaires, les équipes sud-américaines découvrent qu’évoluer devant des tribunes désertes estompe l’avantage de jouer à domicile.

Au Brésil, théâtre d’une ferveur footballistique unique, les clubs hôtes l’ont remporté à 202 reprises (110N, 68D) en 2018 et à 184 reprises (98N, 98D) en 2019. Au cours de la saison 2020, le nombre de victoires à domicile a chuté à 171 (108N, 101D). Tout sauf un hasard.

Le Maracana de Rio de Janeiro, antre de Flamengo, a ainsi perdu de sa superbe, même si le club vient de remporter son second titre de champion consécutif. Lors d’une saison âprement disputée et au dénouement tardif, « Fla » n’a empoché que 32 points à domicile sur les 57 possibles en 19 rencontres, soit un ratio de 56% en 2020 alors qu’il a été de 77% en 2018 et de 92,9% en 2019.

Pour Edwin Herazo, directeur de l’Institut colombien de recherche sur le comportement humain, tout individu se nourrit de motivation pour avancer, les sportifs en se fixant des objectifs personnels ou en espérant la reconnaissance de leurs pairs. « Il est probable que réduire la charge émotionnelle qu’apporte le fait de se produire devant un public affecte la motivation » du footballeur, estime-t-il.

En Argentine, dont la fougue et la passion des supporters est reconnue à travers toute l’Amérique latine et au-delà, les clubs de Buenos Aires aux stades mythiques que sont la Bombonera de Boca Juniors ou le Monumental de River Plate n’ont pas perdu de leur pouvoir galvanisant. Mais le bilan global du championnat est identique à celui du Brésil voisin: moins de victoires à domicile.

En 2020, sur les 24 équipes de Superliga, les clubs hôtes se sont imposés 117 fois pour 76 nuls et 83 défaites, soit un ratio de points pris à domicile de 51,6%. En 2019, c’était 53,8% (141V, 102N, 82D sur 26 équipes), et en 2018, 53,7% (168V, 105N, 105D sur 28 équipes).

En Uruguay, où la passion transpire moins que chez ses deux grands voisins plus démonstratifs, les clubs affichent en 2020 un ratio de points pris à domicile de 48,1% (84V, 81N, 67D), contre 53,7% (104V, 62N, 66D) en 2019… mais 47,8% en 2018 (81V, 50N, 72D avec une équipe en moins).

– « Pression » –

Adolfo Valencia, ancien attaquant de la Colombie (38 sélections) qui a évolué au Bayern Munich ou à l’Atlético Madrid, dit avoir été galvanisé chaque fois qu’il pénétrait dans un stade en ébullition.

« Je faisais partie de ces joueurs pour lesquels plus il y avait de public et plus j’avais envie de me donner, car ces ambiances me transcendaient », raconte-t-il, reconnaissant que d’autres peuvent être plus sensibles « à la pression, au bruit de la foule qui les déstabilise ».

L’influence des supporters « ce n’est pas que des mots », assure Andrada Bandeira, auteur du livre sur les +torcedores+ (supporters brésiliens, ndlr) « Etre supporteur aujourd’hui », pour lequel jouer à la maison n’est pas la même chose que se sentir maître chez soi.

« Les joueurs sont immédiatement motivés » par l’accueil qui leur est réservé « et les adversaires sentent qu’ils sont la cible » de la ferveur qui descend des tribunes.

Les tentatives visant à combler le vide dans les stades condamnés au huis clos ont sonné creux: tifos géants, figurines en carton ou chants de supporters enregistrés ne peuvent remplacer les vibrations d’un stade qui se ressentent dans les corps.

Pour Richarlison, l’attaquant brésilien d’Everton, si le huis clos n’a aucun impact « en termes tactiques ou techniques » il peut entraîner que « les visiteurs se sentent plus à l’aise car ils ne souffrent pas de la pression des fans ».

Dans le championnat anglais où il évolue, la tendance est la même qu’en Amérique du sud.

En 2018, il y avait eu 89 victoires à l’extérieur, et 83 en 2019. Après 26 journées de cette saison 2020-2021, on dénombre déjà 101 succès d’équipes loin de leurs bases.

En fin connaisseur, le bouillant entraîneur argentin de Leeds, Marcelo Bielsa, souligne qu' »‘il serait injuste de ne pas apprécier à sa juste valeur l’apport des supporters sur la performance d’une équipe ».

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