in

Les Péruviens dans l’attente du résultat du 1er tour de la présidentielle

Les Péruviens attendaient dimanche soir le résultat du premier tour de l’élection présidentielle qui s’annonce serré après un scrutin qui s’est déroulé sans incident, mais en pleine envolée de l’épidémie de Covid-19.

Selon les premiers résultats partiels délivrés peu avant minuit (05H00 GMT lundi) par l’Office national électoral portant sur 11,44% des suffrages, Pedro Castillo (gauche radicale) arrive en tête avec 15,8% des voix, devant l’économiste libéral Hernando de Soto (14,7%).

Arrivent ensuite l’homme d’affaires Rafael Lopez Aliaga (13,1%, extrême droite) puis Keiko Fujimori (12,1% droite populiste), la fille de l’ex-président Alberto Fujimori (1990-2000), candidate pour la troisième fois.

Ces résultats particulièrement serrés pourraient facilement évoluer au fil du décompte officiel des voix.

« Jamais dans l’histoire, les pourcentages (obtenus par les deux candidats en tête) n’ont été aussi bas », a souligné l’analyste Fernando Tuesta sur la chaîne Canal N.

Un sondage Ipsos réalisé à la sortie des urnes avait déjà donné Pedro Castillo en tête avec quelque 16,1% des voix, suivi à égalité (11,9%) par Keiko Fujimori et Hernando de Soto.

« Aujourd’hui, le peuple péruvien vient d’ouvrir les yeux », s’est félicité Pedro Castillo, un instituteur et syndicaliste de 51 ans, depuis sa ville natale de Cajamarca (nord).

« Il est clair que la marge est étroite », a reconnu M. De Soto, 79 ans, un économiste de stature internationale.

Au total, dix-huit candidats étaient en lice pour cette présidentielle où aucun favori n’avait émergé pendant la campagne. Le deuxième tour, auquel participeront les deux candidats ayant obtenu le plus de voix dimanche, aura lieu le 6 juin.

« Je ne voulais pas voter parce qu’il n’y a pas de candidat idéal, mais j’ai encore plus peur que des radicaux entrent au gouvernement », a déclaré à l’AFP Johnny Samaniego, 51 ans, après avoir voté dans la matinée au Stade national de Lima.

– A contrecoeur –

Ce scrutin particulièrement incertain a eu lieu alors que le pays a connu sa semaine la plus meurtrière en 13 mois de pandémie, avec un record de 384 morts du coronavirus samedi, le double de la moyenne quotidienne des dix dernières semaines.

Le vote est obligatoire au Pérou sous peine d’amende. De nombreux Péruviens se sont rendus aux urnes à contrecœur, plus préoccupés par les chiffres alarmants de la pandémie qui a déjà fait plus de 54.000 morts pour 33 millions d’habitants, que par l’élection.

« Nous avons peur d’être contaminés, car cette pandémie est terrible, mais je dois quand même voter », a expliqué à l’AFP Nancy Retamozo, 58 ans, dans le quartier pauvre de Pampelune, à Lima.

Les bureaux de vote sont toutefois restés ouverts quatre heures de plus qu’habituellement pour éviter les attroupements.

Outre leur président, les 25 millions d’électeurs étaient appelés à élire les 130 députés du Parlement, à l’origine de nombreuses crises institutionnelles ces dernières années.

La dernière, en novembre 2020, a conduit le Pérou à avoir trois présidents en une semaine.

Destitué par le Parlement pour « incapacité morale » sur fond d’accusation de pots-de-vins présumés, le populaire chef de l’Etat Martin Vizcarra a été remplacé par l’opposant Manuel Merino, le président du Parlement.

Forcé cinq jours plus tard à la démission sous la pression de la rue, ce dernier est alors remplacé par le député modéré Francisco Sagasti.

Dimanche, outre les files d’électeurs, celles de Péruviens tentant d’obtenir des bouteilles d’oxygène pour des malades du Covid-19 étaient visibles à Lima.

« Trouver de l’oxygène, c’est le principal pour moi », a expliqué à l’AFP Mario Tinoco, 52 ans, qui a dit préférer payer l’amende de 88 soles (24 dollars) prévue par la loi.

L’ex-président Vizcarra avait proposé en janvier de reporter les élections au 23 mai, mais sa proposition n’a reçu aucun soutien. Pendant la campagne, six candidats à la présidence ont contracté le Covid-19.

La pandémie a frappé de plein fouet le Pérou dont le système de santé souffre depuis des années d’un sous-investissement chronique. La pénurie récurrente d’oxygène force les gens à patienter des heures, voire des jours, pour tenter de sauver leurs proches atteints par le Covid-19.

Après avoir connu pendant des années une croissance supérieure à la moyenne latino-américaine, l’économie péruvienne s’est contractée de 11,12% en 2020, le pire chiffre depuis trois décennies.

Quatre millions de Péruviens ont perdu leur emploi à cause de la pandémie et cinq millions sont devenus pauvres. Aujourd’hui, un tiers des habitants vivent dans la pauvreté.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GIPHY App Key not set. Please check settings

    les Anglais en terrasses, la France étend la vaccination

    Démantèlement d’un réseau de trafic de cigarettes dans l’ouest de la France