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nouvelle journée de mobilisation contre le gouvernement

La Colombie vivait mercredi une nouvelle journée de mobilisation contre le gouvernement de droite du président Ivan Duque, après une semaine de manifestations entachées de violences et dont la répression policière a été condamnée par la communauté internationale.

Syndicats, étudiants, indigènes et d’autres secteurs ont commencé à se mobiliser dans les principales villes du pays contre les politiques de santé, d’éducation, de sécurité et pour dénoncer les abus des forces de l’ordre.

Le dernier bilan officiel, datant de lundi matin, faisait état d’au moins 19 morts, 87 disparus et 846 blessés lors des manifestations de ces derniers jours, pour la plupart néanmoins pacifiques.

Des ONG locales ont dénoncé des chiffres plus élevés, notamment Temblores avec 31 morts. Reporters sans frontières (RSF) a déploré pour sa part 76 agressions contre des journalistes, dont 10 blessés par les forces de l’ordre.

Mercredi à Bogota, des manifestants ralliaient différents points de rassemblements, arborant des slogans tels que « Duque démissionne ».

Le Comité national de grève, à l’origine de la mobilisation, a appelé à rejoindre la place Bolivar, coeur de la capitale où se trouvent le siège de la présidence et le parlement.

– Postes de police incendiés –

Des traces des violences, notamment de la veille, restaient visibles dans le sud de la ville: postes de police incendiés, stations de bus et succursales bancaires vandalisées, résidus de pneus encore en flammes sur la chaussée, etc.

« Cela fait mal de voir ça, mais nous blesse encore plus la négligence de ce gouvernement sourd, qui préfère recourir à la force publique, soutenir les banques, les grandes entreprises, plutôt que d’aider » les gens, a déclaré à l’AFP Ofelia Robayo, femme au foyer de 54 ans.

De graves affrontements dans la nuit de mardi à mercredi à Bogota ont fait 46 blessés, dont 16 agents, lors d’attaques contre des postes de police.

En milieu de matinée, les manifestants étaient environ 8.000 rassemblés à Medellin (nord-ouest), deuxième ville de Colombie, sur fond de musique et de slogans contre l’ex-président de droite dure Alvaro Uribe (2000-2010), mentor politique d’Ivan Duque.

Les accès à Cali (sud-ouest), épicentre des violences en particulier lundi soir, restaient bloqués, alors que cette ville, l’une des plus dangereuses d’Amérique latine, commençait à pâtir de pénuries, notamment de carburants.

« L’uribisme nous a déclarés objectif militaire », y dénonçaient notamment quelque 3.000 indigènes en allusion à l’ancien chef de l’Etat, célèbre pour sa politique de main de fer envers les guérillas de gauche.

La mobilisation a débuté le 28 avril contre un projet de réforme fiscale, qui selon ses critiques affectait la classe moyenne et était inopportun en pleine pandémie de Covid-19 aggravant la crise économique.

Le président l’a retiré, promettant un nouveau texte, excluant les points les plus contestés comme la hausse de la TVA et l’élargissement de la base de l’impôt sur le revenu. Son ministre des Finances a démissionné.

Mais la mobilisation s’organise sous de nouveaux mots d’ordre contre la politique de M. Duque, dont le mandat de cinq ans s’achèvera en août 2022.

L’ONU, l’Union européenne, les Etats-Unis et des organisations de défense des droits humains ont dénoncé mardi un usage disproportionné de la force par la police.

– Duque promet le dialogue –

La veille au soir à Cali, où plusieurs centaines de militaires et de policiers ont été envoyés en renfort, des affrontements avaient fait cinq morts et une trentaine de blessés, selon le secrétariat local à la sécurité.

Le gouvernement a argué que des dissidents des Farc, qui ont rejeté l’accord de paix signé en 2016 par l’ex-guérilla, ainsi que l’Armée de libération nationale (ELN), dernière rébellion du pays, et des gangs de narco-trafiquants orchestraient les troubles.

Tout en apportant son soutien aux forces de l’ordre, Ivan Duque a affirmé mardi qu’il ouvrirait des « espaces de dialogue » avec les différents secteurs, mais sans en préciser la modalité.

Ce président conservateur, dont la popularité est en berne à 33%, a été confronté à de multiples manifestations depuis 2019, dans un pays en récession et affecté par une recrudescence du conflit armé qui le mine depuis près de soixante ans.

La 4e économie d’Amérique latine est confrontée à sa pire crise en un demi-siècle, avec une chute du produit intérieur brut (PIB) de 6,8% en 2020 et un chômage déclaré de 16,8% en mars. Alors que près de la moitié de la population active vit de l’économie informelle, la pauvreté s’est aggravée à 42,5%.

La situation a empiré avec la pandémie, alors que la Colombie fait face à une 3e vague de contagions, ayant déjà passé le cap des 2,9 millions de cas de Covid-19, dont plus de 75.000 décès, sur 50 millions d’habitants.

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