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Cinquième samedi de mobilisation contre le pass sanitaire et la « coronafolie »

De Paris à Marseille et de Lille à Bordeaux, des dizaines de milliers d’opposants de tous bords au pass sanitaire ont manifesté pour le cinquième samedi d’affilée « pour la liberté de choisir », après la généralisation du dispositif dans la plupart des lieux publics.

Dans la capitale, les deux principaux cortèges ont battu le pavé derrière un large éventail de mots d’ordre tels que « libérons la France », « stop coronafolie » ou « reprends ton pass Macron et dégage ».

« Il y a une division entre ceux qui ont le pass, et donc des privilèges, et les autres », a dénoncé Béatrice Cazal, 47 ans, qui défilait dans la capitale à l’appel de l’ex-figure du Rassemblement national Florian Philippot et son mouvement des Patriotes.

Dans le défilé parisien concurrent organisé par des « gilets jaunes », Yann Fontaine, un clerc de notaire de 30 ans venu de l’Indre, a vu dans le pass sanitaire « une mesure liberticide, ségrégationniste ».

Deux cortèges distincts se sont aussi formés à Lyon, où l’un a défilé aux cris d' »A bas la big pharma » entre le quartier de Confluence et la place Bellecour, interdite aux manifestants par arrêté préfectoral, et l’autre, autorisé, a marché sur la rive gauche du Rhône.

« Je ne comprends pas ces demi-mesures sur le pass: obligatoire pour les restaurants, mais pas les relais-routiers, les infirmières mais pas les policiers », a rouspété Josiane Chaine, une retraitée de 69 ans vaccinée qui « ne supporte plus le mépris du gouvernement ».

Entamée au cœur de l’été, cette mobilisation antigouvernementale hétéroclite continue de mobiliser.

– « On veut la liberté » –

Au moins 47.700 manifestants, selon la police, ont défilé samedi dans le Sud-Est, sans incident. Ils étaient 22.000 à Toulon (19.000 la semaine dernière) et 6.000 à Nice (10.000 le 7 août).

Quelque 7.500 personnes ont défilé à Montpellier, 6.000 à Marseille, 3.000 à Lyon et 2.650 à Lille, une affluence comparable à celle du week-end précédent, et encore 4.200 à Bordeaux, contre 3.300 la semaine passée, selon les préfectures.

Sur l’ensemble du territoire, ils étaient un peu plus de 237.000 la semaine dernière, selon le ministère de l’Intérieur, plus du double de l’ampleur des débuts du mouvement mi-juillet.

Les manifestants accusent le gouvernement de sous-estimer la protestation anti-pass sanitaire. Le collectif militant Le Nombre Jaune a recensé samedi dernier plus de 415.000 participants « minimum ».

Sans incident majeur jusque-là, la contestation attire aussi bien familles et primo-manifestants apolitiques que soignants ou pompiers en tenue et dépasse la seule mouvance anti-vaccin ou complotiste.

« On veut savoir ce qu’on nous injecte dans le corps. Cela ne fait pas de nous des écervelés (…) Tout ce qu’on veut, c’est la liberté », a martelé Françoise, conseillère financière de 55 ans, venue manifester à Bordeaux en famille depuis le Périgord.

Depuis lundi, le pass sanitaire s’est imposé dans la plupart des lieux publics. Bars, restaurants, cinémas, transports longue distance, musées ou hôpitaux exigent ce QR code qui témoigne d’une vaccination complète contre le Covid-19, d’un test négatif ou d’un rétablissement face à la maladie.

La quatrième vague continue de progresser: les services de soins critiques totalisaient vendredi 1.831 malades, contre 1.807 jeudi et 1.420 une semaine auparavant. Au total, 9.546 malades du Covid-19 étaient hospitalisées (9.465 jeudi). La maladie a emporté 74 personnes en une journée, portant le bilan total à 112.607 décès depuis le début de l’épidémie.

– « De la propagande » –

Une frange de ce mouvement très divers, sans véritable tête, assume son antisémitisme. Une autre n’hésite pas à qualifier de « collabos » centres de vaccination ou pharmacies, parfois victimes d’actes de malveillance. Dans les cortèges, le nom du chef de l’Etat est parfois violemment brocardé.

Ces accusations agacent le gouvernement, confronté à une explosion meurtrière de l’épidémie en Guadeloupe et en Martinique.

Depuis la Martinique reconfinée, le ministre de la Santé Olivier Véran a fustigé jeudi un mouvement « dont on parle beaucoup trop », et qui arbore « des pancartes extrêmement bariolées et des motifs parfois extrêmement douteux, voire complètement crades. »

L’exécutif espère toujours convaincre les indécis pour atteindre l’objectif de 50 millions de Français ayant reçu une première injection à la fin du mois d’août, en brandissant la situation catastrophique aux Antilles comme un repoussoir.

« C’est faux, c’est de la propagande », a rétorqué samedi une manifestante bordelaise, Françoise, 55 ans.

La délivrance de QR codes valant pass sanitaire à la suite d’un test antigénique de dépistage du Covid-19 a par ailleurs encore connu des dysfonctionnements samedi dans les pharmacies, après une panne géante la veille.

Le dialogue de sourds entre manifestants et gouvernement pourrait se poursuivre au-delà des vacances.

De nombreux protestataires se sont inquiétés samedi d’une hypothétique obligation vaccinale des enfants pour aller à l’école. A Paris, Carole, 44 ans, s’y est résolument opposée, estimant que son fils de 17 ans « risque moins s’il attrape le Covid qu’en étant vacciné ».

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