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scènes de liesse devant les prisons après l’amnistie de la junte

Des centaines de détenus politiques birmans, amnistiés par la junte sous pression internationale, ont retrouvé mardi leurs familles en liesse devant les prisons, certains promettant déjà de reprendre le combat contre le régime militaire.

Than Toe Aung, détenu près de six mois, tombe dans les bras de sa soeur qui l’attend depuis des heures devant la tristement célèbre prison d’Insein à Rangoun.

« Je suis tellement heureux, mais je dois maintenant me battre pour ceux qui restent en détention », raconte-t-il à l’AFP, saluant la foule des trois doigts en signe de résistance à la junte.

« Nous devons œuvrer jusqu’à la victoire », crie un autre activiste depuis la voiture qui l’emmène loin de l’établissement pénitentiaire.

D’autres prisonniers, pris en charge dans des bus, lèvent à travers les vitres leur pouce en signe de victoire, acclamés par la foule.

Non loin de là, des familles inquiètes brandissent des pancartes avec le nom d’un proche dont elles sont souvent sans nouvelles depuis des mois.

Nwet Nwet San est venu attendre son fils, un soldat qui a fait défection. « Il est détenu depuis huit mois. J’espère qu’il fait partie de la liste » des amnistiés, confie-t-il, sans trop d’espoir après des heures d’attente.

Lundi, l’armée, au pouvoir depuis le coup d’Etat du 1er février contre Aung San Suu Kyi, a annoncé la libération de 5.636 personnes arrêtées lors des manifestations massives qui ont secoué le pays après le putsch. Cette amnistie intervient à l’occasion de la fête bouddhiste de Thadingyut qui célèbre la fin du carême bouddhique et débute, pour trois jours, ce mardi.

Aucun détail n’a été donné sur les personnes libérées et les autorités pénitentiaires n’ont pas répondu aux demandes de l’AFP.

– Claque diplomatique –

Cette annonce est avant tout un geste symbolique à destination de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean).

L’organisation, largement critiquée pour son manque d’efficacité, a décidé d’exclure le chef de la junte, Min Aung Hlaing, de son prochain sommet, fin octobre.

Le bloc a pris cette mesure exceptionnelle faute d’avancées sur la mise en oeuvre d’un plan régional en vue de rétablir le dialogue et de faciliter l’arrivée de l’aide humanitaire en Birmanie, en plein chaos depuis le putsch.

Le passage en force des généraux a mis fin à une parenthèse démocratique d’une décennie dans le pays.

Depuis, l’armée mène une répression sanglante avec plus de 1.100 civils tués et quelque 8.000 arrêtés, selon une ONG locale, l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP), qui rapporte des cas de tortures, de viols et d’exécutions extra-judiciaires.

Plus de 7.300 personnes étaient en détention avant l’amnistie annoncée lundi.

Cette libération massive de détenus est « une manoeuvre cynique (…) qui ne parviendra pas à améliorer la réputation du régime », estime Richard Horsey du centre d’analyse International crisis group (ICG).

« C’est une technique de distraction » destinée aux gouvernements étrangers, renchérit l’AAPP. L’armée n’a absolument « pas l’intention de relâcher la répression ».

Pour preuve, Aung San Suu Kyi, 76 ans, lauréate du prix Nobel de la paix 1991, reste visée par une multitude de procédures judiciaires – accusée de sédition, corruption, incitation aux troubles publics…

Elle encourt de longues années d’emprisonnement si elle est reconnue coupable, de nombreux observateurs dénonçant un procès politique dans le but de neutraliser l’ex-icône de la démocratie, grande gagnante des élections de 2015 et de 2020.

Assignée à résidence depuis neuf mois, maintenue dans un isolement total et jugée à huis-clos, elle ne communiquait avec le monde extérieur que par l’intermédiaire de son équipe de défense, qu’elle ne rencontre qu’au tribunal.

Mais ses avocats ont annoncé la semaine dernière être contraints au silence. La junte leur a interdit de parler à des journalistes, des diplomates et des organisations internationales.

Suu Kyi est appelée à témoigner à son procès pour la première fois fin octobre.

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