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A Indianapolis, des bolides qui se conduisent tout seuls, à 250 km/h

Il y aura des voitures en piste, samedi, sur le célèbre circuit automobile d’Indianapolis, mais pas de pilote dedans; cela n’empêchera pas les bolides, en conduite autonome, de côtoyer les 250 km/h, une nouvelle étape dans le développement des véhicules sans chauffeur.

Neuf monoplaces seront au départ de l’Indy Autonomous Challenge, une compétition dotée d’un million de dollars, dont l’objectif est clair, « prouver que la technologie autonome peut fonctionner en conditions extrêmes », explique Paul Mitchell, du cabinet ESN, co-organisateur de l’événement.

L’IAC aurait dû faire rouler ensemble les neuf voitures, comme lors d’une course classique, mais les organisateurs ont finalement renoncé, car toutes les équipes n’étaient pas au point.

Au lieu de quoi, les véhicules partiront les uns après les autres, et le plus rapide sur deux tours lancés l’emportera.

Toutes les équipes, composées d’étudiants du monde entier, ont reçu la même voiture, une Dallara IL-15, sorte de petite F1, les mêmes équipements technologiques avec, en vedette, capteurs, caméras, GPS et radars, pour permettre aux autos de se situer.

Ce qui fera la différence, ce ne sont pas les pilotes, absents, mais une quarantaine de milliers de lignes de codes composées par chaque « team ». Ce sont elles qui mettront en musique moteur, récepteurs et le puissant ordinateur calé dans le baquet habituellement réservé au conducteur.

L’équipe MIT-PITT-RW, la seule composée uniquement d’étudiants sans encadrement, a récupéré sa voiture il y a seulement six semaines, explique Nayana Suvarna. Cette élève ingénieure de 22 ans a été bombardée, à son corps défendant, patronne d’écurie, elle qui n’a pas encore le permis de conduire.

« Je ne connaissais rien à la course automobile », dit-elle en souriant, « mais je deviens fan ». La voiture de la MIT-PITT-RW a atteint 130 km/h en essais, mais Nayana la croit capable de dépasser 160 samedi.

– « Une génération de talents » –

D’autres ont déjà été beaucoup plus loin. La Dallara aux couleurs de PoliMOVE, partenariat entre les universités d’Alabama et Politecnico de Milan, a remonté jeudi la ligne droite des stands à 250 km/h environ, tout comme celle de la faculté munichoise TUM.

Mais dès le virage suivant, la voiture est partie en tête à queue, finissant heureusement sans dommage sur le gazon. « Ca a été un miracle qu’il n’y ait pas de casse », explique Sergio Matteo Savaresi, professeur à la Politecnico.

En cause, pas de « bug », mais la conjonction de pneus froids et d’une tendance de la Dallara au survirage (les pneus arrière glissent).

« On a atteint les limites de la voiture », résume, satisfait, l’universitaire, qui supervise l’équipe PoliMOVE. « Un pilote professionnel aurait fait exactement la même chose. »

La Robocar, modèle du constructeur Roborace, détient, depuis 2019, le record officiel de vitesse pour une voiture autonome, avec 282 km/h, mais il a été établi en ligne droite sur une piste d’atterrissage, pas sur un circuit.

L’idée de la voiture qui se conduit toute seule fait fantasmer depuis les années 1950, mais a connu, ces cinq dernières années, un puissant coup d’accélérateur.

La plupart des grands constructeurs automobiles développent leurs propres projets, le plus souvent en collaboration avec des géants de la tech, comme Amazon, Microsoft ou Cisco.

C’est dans ce cadre que s’inscrit l’IAC, dont les participants ne considèrent pas la vitesse comme une fin en soi.

« Si les gens s’habituent à voir des voitures (autonomes) aller à 300 km/h sans accident, que ça marche, ils se diront: peut-être qu’à 50 à l’heure, c’est sûr », fait valoir M. Savaresi.

Selon un sondage publié en septembre par Morning Consult, 47% des Américains considéraient les véhicules autonomes comme moins sûrs que ceux conduits par des humains.

Deuxième objectif, permettre un transfert de technologie. « Plusieurs équipes prévoient déjà de publier, en libre accès, leur programme, après la compétition », annonce Paul Mitchell.

« Certains des algorithmes d’intelligence artificielle les plus avancés vont donc être disponibles pour que l’industrie, des start-ups ou d’autres universités s’en nourrissent », dit-il.

Enfin, le projet vise à « développer une génération de talents », avance M. Savaresi. « Les gens qui ont participé à ce défi vont créer leurs propres entreprises ou travailler pour d’autres », espère Paul Mitchell, « et les innovations tirées de cette compétition vont vivre durant de nombreuses années ».

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