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la défense de Didier Lombard accable l’Etat et plaide la relaxe

« L’Etat a une responsabilité majeure, il pouvait intervenir », a plaidé vendredi la défense de l’ex-PDG de France Télécom Didier Lombard, en conclusion du procès en appel de plusieurs ex-dirigeants du groupe pour harcèlement moral.

L’avocat général a requis une peine d’un an de prison dont six mois avec sursis et une amende de 15.000 euros contre M. Lombard et son ancien numéro 2 Louis-Pierre Wenès.

En première instance, ils avaient été condamnés en 2019 à un an d’emprisonnement dont huit mois avec sursis et 15.000 euros d’amende.

La défense de M. Lombard, qui a dirigé le groupe de 2005 à 2010, a insisté sur les fautes de l’Etat dans la gestion de France Télécom vers sa privatisation.

« Moi qui suis un défenseur de l’Etat, pour la première fois je vais critiquer l’Etat. Vous avez eu tort M. l’avocat général de dire que l’Etat n’avait pas de responsabilité, il a une responsabilité majeure. Il pouvait intervenir », estime Me Jean Veil, pesant chaque mot de sa diction lente.

Courant 2006, la direction de France Télécom, privatisée deux ans plus tôt, avait mis en œuvre une politique visant 22.000 départs et 10.000 mobilités via deux plans de 2007 à 2010, la période sur laquelle porte le procès.

« L’Etat, plus il vendait ses actions, plus il demandait de dividendes pour conserver le même montant de revenus, assis sur un portefeuille rabougri », poursuit l’avocat.

« Ne créez pas une jurisprudence qui serait catastrophique car plus personne ne voudra être dirigeant d’une grande entreprise », insiste Me Veil en concluant sa plaidoirie.

Selon l’accusation, MM. Lombard et Wenès ont « conçu et mis en place » une politique de « harcèlement moral industriel, collectif et méthodique », au moyen de « méthodes interdites », qui a entraîné une « dégradation des conditions de travail » de « milliers de salariés », dont certains se sont suicidés.

– « Totalement irréaliste » –

Me François Esclatine, autre conseil de Didier Lombard, regrette que son client soit dépeint comme un « capitaine d’industrie », donnant des ordres que les autres exécutent.

« Il y a donc son œil cyclopéen qui voit tout et qui sait tout. C’est totalement irréaliste », détaille Me Esclatine.

« Didier Lombard n’est que deux-trois jours par semaine en France. C’est pour ça qu’il y a des délégations de pouvoir, qui expliquent pourquoi tout ne remonte pas au président », ajoute-t-il, tout en reconnaissant qu’on pouvait reprocher à son client de ne « pas s’être assez intéressé aux RH ».

A l’issue des plaidoiries de la défense, MM. Lombard et Wenès ont tenu à faire une dernière déclaration à la cour. L’ancien PDG du groupe a tenu à redire toute l’émotion qui l’a « étreint » en écoutant le témoignage de certaines parties civiles.

« J’en resterai marqué à vie », dit-il en sanglotant. « Au cours des suspensions, j’ai pu échanger avec certaines parties civiles. Ils reviennent à la vie normale, je souhaite que le plus grand nombre puisse s’engager dans cette voie ».

Louis-Pierre Wenès, très ému lui aussi, est plus amer.

« Au bout de dix ans, je me fais encore traiter d’homme froid, cynique, calculateur, qui jette ses équipes par-dessus bord. C’est juste intolérable. Je ne vois aucune preuve à l’appui de tels propos », déplore-t-il.

La décision a été mise en délibéré au 30 septembre à 9h.

Avant de lever l’audience, la présidente de la cour d’appel, Pascaline Chamboncel-Saligue, tient à prévenir les parties: « la décision qui va être rendue sera assise sur le droit et vos positions sont très opposées. Il y aura forcément des mécontentements à la lecture de l’arrêt à venir ».

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