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le possible « déni » de la conductrice au coeur des débats

Aucun antécédent psychiatrique mais un possible « déni » après l’accident: le tribunal de Marseille s’est penché mardi, en son absence, sur la personnalité de la conductrice d’un car scolaire jugée pour la collision mortelle avec un train en 2017 à Millas (Pyrénées-Orientales).

Nadine Oliveira, 53 ans, qui s’est effondrée en larmes à la barre jeudi et a dû être hospitalisée en cardiologie, selon ses avocats, a donné pouvoir à ces derniers pour la représenter dans la suite du procès, dont elle est la seule prévenue.

Elle est jugée depuis le 19 septembre pour homicides et blessures involontaires après que six collégiens à bord du car qu’elle conduisait le 14 décembre 2017 ont trouvé la mort, et 17 ont été blessés, dont huit très grièvement, lors de la collision avec un TER à un passage à niveau.

« En trois secondes, tout a basculé, je n’arrive pas à comprendre ce qui nous est arrivé », a décrit la conductrice à l’un des psychiatres l’ayant interrogée début 2019. « J’ai parfois le sentiment que c’est irréel », avait-elle ajouté.

Elle donne l’impression qu’elle « est dans les airs, qu’elle survole la scène », selon ce psychiatre, Christian Capdeville, qui a témoigné mardi.

C’est « comme si elle était dissociée de la scène » qu’elle observe « sans affect », avait expliqué auparavant à la barre une de ses consœurs, Françoise Grau-Espel, parlant d’un « déni important des éléments de la réalité » au moment où elle a examiné Mme Oliveira en janvier 2018, soit 34 jours seulement après l’accident.

Ce déni correspond à « un mécanisme de défense inconscient » et se traduit par un « état psychique dans lequel le moi va enlever les éléments de la réalité, sinon il s’effondre », a-t-elle détaillé.

Mme Oliveira « est tellement traumatisée qu’elle sort un paravent en se disant +c’est moi la victime+ », une façon de « ne pas se désolidariser du statut des enfants », d’effacer toute hiérarchie entre eux, a encore explicité l’experte.

« Elle et les enfants à un moment donné ne faisaient qu’un, si elle parlait d’elle, il me semblait qu’elle parlait des enfants », a-t-elle complété.

La conductrice reste « sur l’idée que la barrière était ouverte sans aucune remise en cause, doute ou faille dans le raisonnement déductif », mais « on ne peut pas du tout parler de mensonge ni de manipulation », a-t-elle insisté.

Plus que de déni, M. Capdeville préfère parler lui de « conviction » de la conductrice: « Pour elle, les barrières étaient levées ».

– Femme « sans chichi » –

« Cela nous aide à comprendre parce qu’on pouvait être tenté d’avoir un jugement sur son attitude et finalement sur cette absence de doute », a réagi le procureur, Michel Sastre.

En dépit d’un parcours de vie marqué par une certaine instabilité -Nadine Oliveira a souvent déménagé et changé plusieurs fois d’activité professionnelle avant de suivre une formation de conductrice de bus en 2016- les experts entendus mardi n’ont décelé aucun trouble psychologique particulier chez la conductrice.

« Sa vie se faisait principalement autour de sa fille avec laquelle elle vivait et autour de son travail », a résumé la présidente du tribunal à l’issue de la lecture d’une expertise psychologique réalisée 2019.

« L’examen psychologique ne révèle pas de déficit intellectuel ni de pathologie mentale ni de trouble de la personnalité », pas plus que des « carences affectives ou éducatives », relève encore ce rapport.

L’expertise conclut également que Mme Oliveira « a grandi dans un milieu familial suffisamment étayant », malgré la séparation de ses parents quand elle avait 17 ans.

De même, l’enquêtrice de personnalité, si elle relève « une tendance à la somatisation » de Mme Oliveira, décrit une femme « sans chichi » à la grande adaptabilité. « Il y avait un combat où elle n’a pas baissé les bras, elle était mère célibataire, il fallait faire le taf, elle l’a fait ».

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