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Gaël Perdriau, fragilisé, annonce un « retrait total » de la Métropole de Saint-Etienne

Englué depuis trois mois dans une affaire de chantage à la sex-tape, Gaël Perdriau a annoncé jeudi qu’il se mettait en « retrait total » de ses fonctions de président de la métropole de Saint-Etienne, en réponse à de nouveaux appels à la démission.

« J’entends le besoin de certains de me voir prendre du recul… C’est la raison pour laquelle je prends la décision de me mettre en retrait total de la Métropole », a dit l’ex-LR, avant de quitter la séance du conseil métropolitain.

Une demi-douzaine d’élus avaient présenté à l’ouverture des débats un « vœu pour imposer que la morale et l’éthique des conseillers métropolitains soient respectées ».

« Le contexte judiciaire pèse lourdement sur notre métropole », surtout depuis que « nous avons assisté avec stupeur à une tentative inédite de censure de presse », dit le texte lu en séance, appelant à un vote sur sa démission.

« M. Perdriau a perdu toute forme de légitimité d’exercer un mandat, le maintenir dans ses fonctions serait une insulte (…) S’il lui reste un soupçon de dignité, il doit quitter ses mandats dans les meilleurs délais, c’est le dernier service qu’il doit rendre aux habitants avant de répondre à la justice », poursuit le vœu.

Le maire de Saint-Etienne et président de la métropole, élu en 2014 et réélu en 2020, se trouve depuis trois mois au cœur d’une enquête judiciaire sur le tournage et l’usage d’une vidéo à caractère sexuel dans laquelle on peut voir son ex-premier adjoint centriste Gilles Artigues se faire masser par un homme dans une chambre d’hôtel, fin 2014.

Nommément accusé par M. Artigues, placé en garde à vue mi-septembre, cité dans des enregistrements audio accablants, l’élu de 50 ans a toujours clamé son innocence.

– « Pilonnage médiatique » –

Jeudi, il a de nouveau dénoncé un « pilonnage médiatique » basé sur des « enregistrements illégaux », tout en soulignant la « politique hostile » que Laurent Wauquiez, le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, mène selon lui vis-à-vis de la mairie et de la métropole réunissant 53 communes et 400.000 habitants..

L’affaire révélée par Mediapart l’a déjà poussé à limoger son directeur de cabinet puis à renoncer fin septembre à ses fonctions représentatives à la ville et à la Métropole, tandis qu’un de ses adjoints municipaux accusé d’avoir tourné les images compromettantes démissionnait. Son exclusion de LR a été prononcée sans même attendre d’éventuelles suites judiciaires.

Selon lui cependant, « aujourd’hui rien n’empêche le bon fonctionnement des institutions. Le travail se déroule normalement (…). Aucun dossier n’est bloqué ».

Son annonce « inattendue » et sa « sortie théâtrale » de l’assemblée ont été évoquées en son absence par le conseil métropolitain, dans une série de prises de parole majoritairement favorables à sa démission.

« Traumatisme », « confiance rompue », « travail impossible », ces mots sont plusieurs fois revenus dans les débats. « Qui peut croire à un complot ? La réalité c’est qu’il a réussi à fédérer contre lui l’ensemble de l’arc républicain, c’est une performance de parvenir à une telle unanimité contre soi », a ironisé un des élus.

Le maire de Saint-Etienne considère en effet que les articles publiés par Mediapart « sont une brique d’une logique politique » destinée à le détruire, comme il l’a répété mercredi dans un entretien avec l’AFP et le Progrès.

« Je subis un acharnement avec des intérêts politiques partagés, mon avocat a transmis au juge un témoignage très clair (…) qui démontre que la publication des articles de Mediapart s’inscrit dans une logique politique beaucoup plus ancienne impliquant Gilles Artigues et des personnes extrêmement proches de Laurent Wauquiez sur le plan politique », a-t-il dit au cours de cet entretien.

Le maire date le début de ses ennuis à 2016 lorsqu’il a pris position en faveur de Bruno Le Maire aux primaires LR, ce que Laurent Wauquiez a pris « comme une déclaration de guerre ». « Avec Laurent Wauquiez, c’est pas compliqué, si vous ne faites pas allégeance vous devenez une cible et je ne suis pas le seul à le dire », affirme-t-il.

Ses critiques vis-à-vis de la ligne adoptée par LR à la présidentielle de 2022 lui avaient coûté la vice-présidence du parti au printemps.

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