Le Premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, s’est dit mercredi « préoccupé » par la dégradation des finances publiques en France, estimant « élevée » la prévision de croissance de 1% du gouvernement pour 2023 en dépit d’une conjoncture morose.
« Les perspectives pour 2023 sont encore plus dégradées » qu’en 2022, année marquée par la guerre en Ukraine et le choc énergétique, a-t-il déclaré en présentant ses voeux pour la nouvelle année.
« Nos niveaux de dette et de déficit sont très élevés » et « le contexte de financement de la dette s’est dégradé » avec l’envolée des taux d’intérêt, a-t-il constaté.
« L’année 2022 n’a pas été l’année de sortie du +quoi qu’il en coûte+ », a-t-il poursuivi, en référence aux dépenses massives initiées durant la crise sanitaire, prolongées par des milliards d’aides aux ménages et aux entreprises pour affronter l’inflation et la crise énergétique.
« Cette situation dégradée me préoccupe », une inquiétude se situant à un niveau « assez élevé », a affirmé l’ancien ministre de l’Economie.
Dans ce contexte, la prévision de croissance du gouvernement – 1% pour 2023 après une prévision à 2,7% l’année précédente -, « reste élevée », supérieure au consensus des économistes, même si, selon M. Moscovici, « les indicateurs avancés ne sont pas aussi négatifs qu’anticipé ».
Pour faire baisser durablement la dette publique (supérieure à 110% du PIB) et le déficit public (attendu à 5% du PIB fin 2022), le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a annoncé en janvier l’organisation dès cette année d’examens annuels de la dépense publique.
Le gouvernement espère faire repasser le déficit public sous la limite européenne des 3% du PIB en 2027, avec une dette relativement stable à cet horizon.
Cet exercice de revues annuelles est « indispensable », a souligné M. Moscovici devant les journalistes, alors que la France est l’un des pays de la zone euro dont « la situation de finances publiques est parmi les plus dégradées » et l’une des championnes en matière de dépenses publiques (environ 57% du PIB).
Pour le patron de la Cour des comptes, « la trajectoire (…) apparaît encore trop peu ambitieuse », avec une dette qui sera « quasi au niveau de 2022 ».
« Ce n’est pas conforme à l’évolution des partenaires européens » qui seront autour de 3% de PIB de déficit public dès 2025, a-t-il ajouté, déplorant ces « divergences ».
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