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La semaine où le PS a failli « crever »

Accusations de triches, alliance qui s’effondre, SMS au bout de la nuit: comment Olivier Faure est-il passé de la position d’ultra-favori à des négociations interminables? Récit des jours de crise qui ont failli tuer le PS.

L’irruption quatre mois avant l’échéance d’un troisième candidat, le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, a alourdi l’enjeu dans le duel annoncé entre Olivier Faure et sa concurrente historique Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin.

Après un premier vote âprement disputé, à l’issue duquel Hélène Geoffroy s’est ralliée à « NMR » sur une ligne Nupes-sceptique, le scrutin pour le premier secrétaire, le 19 janvier, vire au fiasco.

L’élu normand et le député de Seine-et-Marne annoncent quasi simultanément leur victoire, vers 1H30 du matin. Les journalistes jonglent d’une visioconférence à l’autre, avec l’impression de se faire manipuler.

« On se croirait dans un mauvais polar », résume l’un d’eux. Chaque camp déballe les incidents « scandaleux » du scrutin, de la boîte de chaussures utilisée comme urne à un scrutateur virulent expulsé par la police municipale.

Le maire de Rouen va jusqu’à prononcer le mot « prison ». « On a été très loin dans le n’importe quoi », soupire un député.

Direction Marseille où, d’un congrès par Zoom et Twitter interposés, les protagonistes passent vendredi à « la réalité physique » d’un rassemblement de militants, au Palais du Pharo.

« En réel, on n’invective pas de la même manière, les gens se ressaisissent », explique le négociateur Sébastien Vincini, soutien de Faure.

Nicolas Mayer-Rossignol voit sa position s’effriter: Hélène Geoffroy refuse que son camp serve de supplétif et assume de ne pas figurer dans la direction.

« C’est plus difficile de négocier quand on est à 30% qu’à 50% », le total de voix des deux motions opposées à Olivier Faure, analyse un ténor de l’Assemblée nationale.

Hélène Geoffroy obtiendra la présidence du parlement du parti. La séquence « a foutu le bordel chez Nicolas Mayer-Rossignol », ricane un cadre.

– Révélation –

Mais le courant Refondations a de la ressource, et contraint le camp Faure à jouer les prolongations durant la nuit. Des salles voûtées du sous-sol aux étages plus officiels du Palais donnant sur le Vieux-Port, les négociateurs nouent alors l’essentiel du « pacte »: Olivier Faure sera premier secrétaire et Nicolas Mayer-Rossignol premier secrétaire délégué, de même que Johanna Rolland, la maire de Nantes, une proche de la direction sortante.

A peine se sont-ils quittés, vers 04H00 du matin, que le maire de Rouen envoie un SMS pour réclamer une direction plus équilibrée. Les négociations devront reprendre.

Le lendemain, « NMR » racontera qu’il a eu une révélation: « En partant des négociations de nuit au Pharo, je me suis dit qu’il y était difficile de conserver une hauteur de vue et de résister à l’appel du large » mais j’ai « pensé aux 3.000 migrants morts en Méditerranée et je me suis dit combien vaines sont nos querelles ».

Appel du large, car la menace de scission du parti a plané sur tout le Congrès.

Pour l’empêcher, en coulisses, deux personnages majeurs s’activent.

Le maire de Marseille Benoît Payan a conditionné sa prise de parole publique à un accord. Lorsque les négociations ont recommencé à patiner, samedi matin, il est venu secouer les puces aux protagonistes.

– Fumée blanche –

Martine Aubry a pour sa part multiplié les appels depuis Lille pour enjoindre « ceux qu’elle a biberonnés quand elle était ministre » de s’accorder, raconte l’un d’entre eux: Anne Hidalgo et Jean-Marc Germain, soutiens de « NMR », et Olivier Faure ont tous les trois travaillé au cabinet de l’édile lorsqu’elle était ministre du Travail à la fin des années 90.

Martine Aubry s’y connaît en congrès serrés puisqu’elle a pris la tête du PS en 2008 à l’issue d’un scrutin extrêmement contesté face à Ségolène Royal. Mais Olivier Faure est contraint de procéder différemment d’une « Aubry qui ne fait pas la synthèse, écrase Royal et reprend dans les années qui suivent les lieutenants de sa rivale sans son accord », analyse le député Philippe Brun.

Après une matinée compliquée, samedi, un accord est annoncé, et Olivier Faure tweete la photo d’une fumée blanche – mais pas celle de sa cigarette électronique, qu’il ne lâche jamais. Les militants se disent « soulagés ».

Un proche de Nicolas Mayer-Rossignol ironise: « On vous offre un congrès avec plusieurs saisons, plein de suspense et des rebondissements ». « Il y a des épisodes qu’on aurait franchement pu s’épargner », souffle Johanna Rolland.

Le PS est sauf, pour un temps. Jean-François Debat, maire de Bourg-en-Bresse, sourit: « On n’arrive pas à crever ».

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