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la censure du gouvernement débattue à l’Assemblée, la colère ne retombe pas

L’Assemblée nationale a débuté lundi l’examen de deux motions de censure contre le gouvernement d’Élisabeth Borne qui ont peu de chances d’être votées, ouvrant la voie à l’adoption définitive de la réforme des retraites malgré une colère qui ne faiblit pas dans le pays.

Premier orateur à la tribune, le député Charles de Courson, du groupe indépendant Liot, a ouvert le bal en fustigeant « l’injustice » du projet phare du second quinquennat d’Emmanuel Macron, dénonçant le « déni de démocratie » du 49.3, l’arme constitutionnelle dégainée par la Première ministre pour faire passer le texte sans vote.

« L’Assemblée nationale, seule représentante du peuple français, n’aura jamais voté sur ce projet de loi », a lancé l’élu, défenseur d’une motion « transpartisane » soutenue par la gauche, qui l’a vivement applaudi quand son micro a été coupé au bout du temps qui lui était imparti.

Défenseurs d’une autre motion, les députés RN ont dénoncé le « marasme » et « l’enlisement » de l’exécutif. « Alors chiche, Monsieur Macron ! Allons à la dissolution », a lancé Laure Lavalette.

« Face aux extrêmes et aux alliances de circonstance », le camp présidentiel propose le « dépassement et le rassemblement », a répliqué la cheffe de file du parti présidentiel Renaissance, Aurore Bergé.

Les deux motions de censure, sur lesquelles les votes sont attendus en début de soirée, sont la riposte au déclenchement du 49.3 par la Première ministre.

Cette procédure, qui vise à faire passer la réforme sans vote sur le texte lui-même, n’a fait qu’attiser la contestation, souvent au-delà du seul sujet du recul de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans.

Depuis jeudi, des rassemblements organisés ou spontanés se déroulent sur tout le territoire, dans le calme ou avec des débordements.

Des actions ont émaillé lundi après-midi le lancement des épreuves de spécialité du bac, même si le ministre de l’Education nationale, Pap Ndiaye, a estimé qu’il n’y avait « pas de points d’inquiétude particuliers ».

Dans la matinée, plusieurs manifestations ont provoqué d’importantes perturbations du trafic à Rennes.

En attendant une nouvelle journée d’actions le 23 mars à l’appel de l’ensemble des syndicats, la grève s’est durcie dans les raffineries et les éboueurs poursuivent leur mouvement à Paris, Rennes ou Nantes.

Éboueur parisien et responsable syndical CGT, Karim Kerkoudi se dit « déterminé »: « chaque jour, je me lève à 4h45 pour aller porter, à deux, entre 6 et 16 tonnes d’ordures. J’ai des tendinites aux deux coudes. La douleur aux lombaires, on n’en parle même plus. On est marqué au corps par le travail ».

Face à cette colère, Emmanuel Macron a demandé dimanche que la réforme « puisse aller au bout de son cheminement démocratique dans le respect de tous ».

– Majorité absolue difficile à atteindre –

Cosignée par des députés de la Nupes, la motion de censure initiée par le groupe Liot (Libertés, Indépendants Outre-mer et Territoires) a davantage de chances d’être votée par des élus de droite défavorables à la réforme des retraites que celle du RN. Mais la barre de la majorité absolue de 287 voix sera difficile à atteindre.

Il faudrait qu’une trentaine de LR, soit la moitié du groupe, la votent. Or le parti de droite a soutenu la réforme et ses responsables disent ne pas vouloir « rajouter du chaos au chaos » en faisant tomber le gouvernement.

Une poignée de députés LR pourraient néanmoins rejoindre la censure. Farouchement opposé à la réforme, Aurélien Pradié a annoncé lundi qu’il voterait le texte Liot pour provoquer « un électrochoc » au gouvernement. Selon lui, « une quinzaine » de députés de son groupe le suivront.

Réclamant « un peu de courage » aux députés de droite, Marine Le Pen leur a de son côté promis qu’ils n’auraient pas de candidat du RN face à eux en cas de législatives à la suite d’une dissolution.

– « Ils ne peuvent plus gouverner » –

La suite des événements reste incertaine tant la crise est profonde.

La majorité tente de resserrer les rangs face aux critiques. Alors que les députés n’auront finalement jamais voté l’ensemble du texte, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, s’est inquiété que la chute du gouvernement crée « de l’instabilité ».

La cheffe du gouvernement prévoit de réunir ses ministres lors d’un déjeuner à Matignon mardi pour montrer qu’ils la « soutiennent », selon des sources concordantes.

Le rejet probable des motions vaudra adoption définitive de la réforme, avant sa promulgation par le chef de l’État, qui pourrait s’exprimer dans les prochains jours.

La gauche n’a pas dit son dernier mot: un référendum d’initiative partagée est dans les tuyaux, et des recours au Conseil constitutionnel se préparent.

« Nous sommes passés du sentiment d’être méprisés à un sentiment de colère », a estimé Laurent Berger (CFDT).

« Que vous reste-t-il dans une démocratie quand les outils de la démocratie ne permettent pas d’être entendus ? », a interrogé la présidente du groupe LFI Mathilde Panot lors d’un rassemblement à l’appel des syndicats de retraités.

Deux tiers des Français (68%) disent ressentir de la colère après l’utilisation du 49.3 par le gouvernement, selon un sondage Elabe pour BFMTV publié lundi. Autant espèrent que le gouvernement tombe lundi.

bur-parl-cds/sde/cbn

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