in

Les Républicains jouent la montre pour sauver leur unité

Les Républicains, profondément secoués par la dissidence d’un tiers de leurs députés sur la réforme des retraites, préféraient mardi n’exclure personne et s’épargner ainsi une scission potentiellement fatale.

« Ce que nous avons subi est une épreuve, quelque part aussi un échec », a reconnu le président du parti Eric Ciotti à l’issue d’une longue séquence sur les retraites où les divisions internes à LR ont culminé, lundi, lors du vote spectaculaire d’une motion de censure.

19 députés LR sur les 61 du groupe ont alors approuvé un texte qui aurait entraîné un renversement du gouvernement.

Un séisme à droite, alors que l’état-major des Républicains avait dit et répété son soutien à la réforme des retraites au coeur du vote de censure.

Les dissidents avaient largement expliqué leur vote en amont, arguant d’une injustice sur les carrières longues ou de l’hostilité que suscite la réforme dans leurs circonscriptions rurales.

Reste que « la séquence est catastrophique », soupire un cadre de LR.

Certains, pro-réforme, ont déjà appelé à une réaction claire: quiconque signe la motion « n’a plus vocation à siéger parmi nous », estimait lundi le député Alexandre Vincendet.

Jouant l’apaisement, Eric Ciotti a écarté toute sanction mardi en conseil stratégique, selon plusieurs participants à la réunion.

Il faut « préserver l’unité de notre famille politique », a-t-il déclaré à des journalistes, en promettant des états-généraux de la droite, le 4 juin, pour combler les divergences via un travail sur les idées.

– « Précaire » –

Les regards se tournaient aussi vers le député Aurélien Pradié, en pointe de la fronde sur la réforme des retraites, et accusé d’avoir très médiatiquement privilégié un agenda personnel.

« Il faut s’engager à plus de loyauté vis-à-vis du collectif », a averti sans le nommer le patron des députés LR Olivier Marleix. « Chacun mesure qu’il va falloir qu’on se reparle », s’est contenté de déclarer le député du Lot après le conseil stratégique.

Cette prise de conscience portera-t-elle ses fruits?

« On reste ensemble, mais c’est précaire », souligne un cadre du parti.

Car le travail sur les idées risque de se heurter à des positions difficilement conciliables: « ce qui se joue c’est la survie de la droite, mais aussi d’une opposition non-populiste à Emmanuel Macron », estime le député Pierre-Henri Dumont, qui a voté la motion de censure transpartisane.

D’autres remettent en cause cette idée même d’être dans l’opposition, Jean-François Copé ou Rachida Dati plaidant pour un accord politique avec Emmanuel Macron.

Dans leurs efforts de clarification, Les Républicains ont peu de marge de manoeuvre, tant leur espace politique s’est réduit: difficile d’exclure les dissidents quand on ne pèse que 4,8% des voix à la présidentielle.

Mais certains appellent à ne pas se laisser tétaniser par l’enjeu: « Rien n’est pire que de mourir à petit feu », tonne un proche du sénateur Bruno Retailleau.

Pour LR, la séquence des retraites aura été compliquée à tous points de vue.

La motion de censure de lundi a été votée par plusieurs proches de Laurent Wauquiez, ce qui a fait naître des interrogations chez certains, alors même que le président de la région Auvergne Rhone-Alpes passe pour l’un des rares présidentiables à droite.

La majorité a vivement critiqué LR, qu’elle avait pourtant courtisé pendant toute la négociation sur les retraites. « Au sein de votre groupe, des trajectoires personnelles et des calculs individuels se sont fait jour, qui ne sont en rien motivés par l’intérêt général », a lancé lundi la présidente des députés Renaissance Aurore Bergé.

Les Républicains ont aussi perdu des plumes dans l’opinion: selon un sondage Elabe, 76% des Français estiment qu’ils sortent « affaiblis » de la séquence.

Enfin, plusieurs élus ont fait les frais de cette désaffection: les permanences des députés Eric Ciotti et Eric Pauget ont été dégradées, et l’eurodéputée Agnès Evren a porté plainte après avoir reçu des menaces de mort.

[the_ad id= »275219″]

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GIPHY App Key not set. Please check settings

    Didier Deschamps justifie sa décision de nommer Mbappé capitaine

    à domicile, le Japon vise les sommets