in

Dérembourser ou non l’homéopathie: décision « dans les prochains jours », selon Buzyn

La décision de dérembourser ou non l’homéopathie interviendra « dans les prochains jours », a indiqué mardi la ministre de la Santé Agnès Buzyn, quatre jours après un avis de la Haute autorité de santé (HAS) prônant le déremboursement.

« Je m’engage à prendre une décision au vu de cet éclairage prochainement. Cet avis est en cours d’examen par mes services et ma décision sera rendue publique dans les prochains jours », a dit la ministre lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale.

« Nous avons un principe fort en France – comme d’ailleurs dans beaucoup de pays d’Europe – pour le remboursement des médicaments, c’est prendre en charge les traitements qui ont un effet scientifiquement prouvé », a poursuivi Mme Buzyn.

Ce n’est pas le cas de l’homéopathie, selon l’avis très attendu rendu vendredi par la HAS: elle a estimé que les produits homéopathiques « n’ont pas démontré scientifiquement une efficacité suffisante pour justifier d’un remboursement ». Toutefois, le gouvernement n’est pas tenu de suivre cet avis.

Dans la matinée, la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, avait estimé que la décision finale dépendait d’une « balance » entre les considérations scientifiques et les conséquences sur l’emploi.

« Il y a une balance qui doit être réalisée entre l’apport scientifique, ce qu’on sait scientifiquement de l’apport de l’homéopathie, des questions évidemment économiques, puisque derrière il y a des emplois, forcément, mais aussi (le) bien-être de la population française », a assuré Mme Ndiaye sur BFMTV et RMC.

La décision finale « n’a pas encore été prise par le gouvernement », a-t-elle poursuivi, en indiquant qu’il était « en train d’instruire » l’avis de la HAS, « y compris en interministérielle ».

Les laboratoires homéopathiques assurent qu’un déremboursement menacerait 1.300 emplois (1.000 chez le français Boiron, leader mondial, et 300 chez les deux autres, le français Lehning et le suisse Weleda).

Ils sont soutenus par des élus de poids : le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez et le maire de Lyon Gérard Collomb (le siège de Boiron est en région lyonnaise), ainsi que Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France (où Boiron a un site).

– Statut dérogatoire –

Vendredi, les trois labos ont demandé au gouvernement de « ne pas suivre » l’avis de la HAS, par la voix de la directrice générale de Boiron, Valérie Lorentz-Poinsot.

Elle a demandé un « débat parlementaire, suivi d’un débat public », en jugeant les conclusions de la HAS « totalement incohérentes avec les enjeux majeurs de santé publique ».

A l’inverse, le collectif de médecins anti-homéopathie Fakemed a appelé l’exécutif à « suivre l’avis » de la HAS et « dérembourser l’homéopathie ».

Une décision inverse « serait un revers majeur pour la crédibilité des institutions scientifiques de notre pays », a écrit le collectif dans une lettre ouverte à la ministre de la Santé Agnès Buzyn et au président Emmanuel Macron, publiée lundi par le journal L’Opinion.

Cela « serait la preuve que le lobbying et la connivence peuvent avoir raison contre les intérêts de la population, contre la santé et contre les finances de la solidarité nationale », selon le collectif.

Certains médicaments homéopathiques sont remboursés à 30% par la Sécurité sociale. Ce sont les seuls à l’être sans avoir prouvé leur efficacité scientifique, en vertu d’un statut dérogatoire.

Une possible porte de sortie politique serait de couper la poire en deux en baissant ce taux à 15%, mais cette éventualité ne satisfait ni les anti-homéopathie ni les pro.

L’an dernier, le remboursement de l’homéopathie a représenté 126,8 millions d’euros sur un total d’environ 20 milliards pour l’ensemble des médicaments remboursés, selon l’Assurance maladie.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GIPHY App Key not set. Please check settings

    Après avoir frappé Auvergne-Rhône-Alpes lundi, les orages menacent encore 11 départements

    Wimbledon: Thiem éliminé d’entrée par Querrey