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La perpétuité requise au procès du dernier assassinat revendiqué par le FLNC

L’assassinat en 2011 en Haute-Corse d’un chef d’entreprise membre de la « Brise de mer » est le dernier revendiqué par le FLNC: la réclusion à perpétuité a été requise jeudi contre un nationaliste corse, jugé à Paris pour ce « crime terroriste » dont il s’est à nouveau dit innocent.

L’avocat général a demandé la peine maximale, assortie de 22 ans de sûreté, à l’encontre de Cédric Courbey, 45 ans, dont le procès se tient tout juste cinq ans après l’annonce par le Front de libération nationale de la Corse qu’il déposait les armes, au terme de quatre décennies marquées par plus de 4.500 attentats revendiqués.

« Entendre perpétuité pour un crime qu’on n’a pas fait, ça fait froid dans le dos », a déclaré d’une voix basse l’accusé, un militant du parti indépendantiste Corsica Libera au visage émacié et aux cheveux rares. « Je vous dirai simplement que je n’ai pas participé à cet assassinat », a-t-il ajouté avant que la cour d’assises spéciale ne se retire pour délibérer.

Christian Leoni avait été abattu par un commando le 28 octobre 2011, alors qu’il sortait d’un restaurant de la station balnéaire de Moriani-Plage, au sud de Bastia. Le corps criblé de balles de la victime de 49 ans, membre du « deuxième cercle » du gang bastiais de la « Brise de mer », gisait près de sa voiture blindée. Une arme était glissée à sa ceinture.

Le FLNC s’était arrogé un mois plus tard cette « élimination physique » dans un communiqué, qualifiée d' »acte de justice » en réponse à l’assassinat le 28 juin 2011 d’un de ses militants historiques, Charles-Philippe Paoli. L’organisation avait promis auparavant qu’elle saurait « faire face à cette agression ».

– Une trace ADN et des « doutes » –

Quatre mois jour pour jour après la mort de Charles-Philippe Paoli, un commando d’au moins deux hommes s’était posté dans un sous-bois à la sortie du restaurant, attendant Christian Leoni. Cédric Courbey faisait-il partie de cette équipe « sacrément bien entraînée » selon l’accusation ?

Pour l’avocat général Guillaume Portenseigne, la présence de l’accusé est « corroborée » par la découverte de son ADN sur un branchage, situé sur le plausible chemin de fuite des tueurs. Une « pièce maîtresse » contestée par la défense, « sonnée » par des réquisitions « démesurées ».

« Cet ADN n’est pas datable », et l’empreinte génétique de Cédric Courbey aurait pû être laissée des semaines plus tôt, a plaidé l’un de ses quatre avocats, Eric Barbolosi, critiquant un dossier « fragile ». « Comment un commando qu’on décrit comme très professionnel, comment un seul homme de ce commando aurait enlevé ses gants et se serait agrippé (au branchage) », a souligné Me Marc-Antoine Luca.

Outre cet ADN trouvé près des lieux du crime, l’avocat général a mis à la charge de Cédric Courbey son appartenance au FLNC, non revendiquée mais qui ne fait « aucun doute » au vu de ses précédentes condamnations pour des faits de terrorisme, et sa grande proximité avec Charles-Philippe Paoli, dont l’un des fils était son filleul. La « rumeur publique » désignait Christian Leoni comme son assassin et Cédric Courbey avait un mobile « personnel » pour le tuer.

L’accusé avait par ailleurs « disparu des écrans radar » fin 2011, jusqu’à son interpellation en avril 2014 dans un gîte de Corse du Sud. Et il n’avait fourni que très tardivement un alibi « sorti du chapeau », a considéré le magistrat.

Des éléments balayés par la défense: d’autres proches de Charles-Philippe Paoli qui étaient également « en retrait de la vie sociale » et qui ont été mis en cause par des renseignements anonymes, n’ont pas été poursuivis par les juges, a argumenté Me Christian Saint-Palais.

Pour le pénaliste, la cour ne peut « qu’acquitter » Cédric Courbey du chef d’assassinat, l’ADN n’étant pas « la preuve sans l’ombre d’un doute qu’il est coupable ».

L’avocat général a également demandé que Cédric Courbey soit interdit de port d’arme pendant quinze ans et qu’il soit inscrit au fichier judiciaire national automatisé des auteurs d’infractions terroristes (Fijait).

Contre un second accusé, Jean-Christophe Albertini, en cavale depuis l’été 2011 et jugé en son absence pour avoir hébergé Cédric Courbey, le magistrat a requis dix ans d’emprisonnement.

Verdict dans la soirée.

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